Essai – Hyundai Tucson N Line PHEV

J’avais l’impression que cela faisait une éternité que je n’avais pas essayé une Hyundai et c’était vrai pour ce qui est du blog (i30 N date un peu !) mais un peu moins pour les voyages puisque j’avais pu faire plusieurs milliers de kilomètres avec l’ancien Santa Fe dans l’ouest américain il y a tout juste deux ans. Toutefois, la gamme du constructeur coréen n’a cessé de se renouveler et un modèle m’a tapé dans l’oeil à chaque fois que je l’ai croisé sur la route : le Hyundai Tucson.

Vous savez que je ne suis pas un énorme client des SUV mais certains modèles me font tout de même un peu envie, surtout quand ils s’agrémentent d’une version PHEV, parfois hautement satisfaisante comme le Kuga PHEV essayé cet été. La tentation était donc grande de profiter de l’automne et de l’hiver à venir pour compléter ma connaissance des toutes dernières créations « SUV + PHEV », à commencer par Hyundai, qui ne cesse de gagner en maturité et de monter en gamme.

Le Hyundai Tucson N Line PHEV qui me fut prêté a confirmé le caractère « qui tape à l’oeil » précédemment mentionné ! Que ce soit moi à la prise en main ou pendant les séances photos ou les diverses personnes croisées ou transportées, il ne laisse absolument pas indifférent, que sa singulière signature lumineuse paramétrique soit allumée ou non. La face avant, obscurcie et légèrement musclée dans cette finition N Line, en impose, avec ses feux passés au noir et ses prises d’air supplémentaires mais pas caricaturales.

Le profil n’est pas en reste avec un cerclage des vitrages en noir laqué et des passages de roue et bas de caisse couleur carrosserie. Mon modèle était d’ailleurs peint en gris « Shadow Grey », couleur qui rend superbement bien avec les contrastes noirs et qui met bien en évidence les traits torturés des flancs du Hyundai Tucson. Ces lignes saillantes et vives, sûrement un petit cauchemar de mise au point industrielle, sont aussi une signature distinctive du modèle que j’aime assez.

Il reste enfin à observer la partie arrière du Hyundai Tucson pour y découvrir, en sus du blason N Line présent sur les ailes avant, l’indication « plug-in » trahissant sa nature d’hybride rechargeable. Le H du constructeur coréen est joliment intégré à la vitre arrière (qui offre une visibilité très limitée) tandis que le diffuseur se pare de gris et s’agrémente d’une double sortie d’échappement. On n’oubliera pas non plus les jolies roues, au design également assez torturé.

En bref : le Hyundai Tucson N Line est en tous points conformes aux standards de volume / taille de ce segment SUV mais il adopte un style très différenciant et absolument pas consensuel qui semble plaire, au vu du nombre d’autos croisées sur les routes. C’est un pari pour le constructeur qui se permet de plus en plus de choses. Il est loin le temps où les créations du constructeur (et du groupe, d’ailleurs) étaient de plus en plus réussies mais toujours un peu timides du côté du style.

L’habitacle du Hyundai Tucson est un peu plus conventionnel que l’extérieur mais il se distingue malgré tout sur plusieurs aspects : la qualité perçue et le contenu technologique, agrémenté de quelques petites choses très bien pensées et sa boîte de vitesse à boutons plutôt qu’à levier. Sur le premier point, la progression de Hyundai ne cesse d’étonner avec des plastiques de qualité, des assemblages tout à fait irréprochables et un sentiment global très agréable. On monte à bord avec plaisir, surtout avec la finition N Line qui ajoute des sièges très confortables et offrant un excellent maintien. La sellerie aux surpiqures rouges est complémentée d’autres petits inserts et touches de rouge au volant, sur les accoudoirs ou sur la console centrale. Ambiance gentiment sportive, disons dynamique.

Du côté du contenu technique, le Hyundai Tucson fait carton plein dans cette version N Line Executive, facturée un peu plus de 50k€. Les attentes sont forcément assez élevées et on retrouve un bel écran compatible CarPlay mais encore de nombreuses touches physiques, ce qui n’est pas pour me déplaire après la déconvenue observée sur la dernière Golf. Volant chauffant, sièges ventilés et chauffants, jolis commodos diamantés, vision 360° avec les diverses caméras, régulateur adaptatif (pas très convaincant) : il y a globalement tout pour vous satisfaire et on pourra seulement se plaindre du noir laqué systématique qui s’avère à l’usage une légère plaie en terme d’entretien et de marques de doigts et poussières !

En bref, c’est de l’extrêmement sérieux et bien fait, avec en sus une touche sympathique (et très Executive), à savoir la possibilité de contrôler le siège passager du côté du conducteur ; ou encore la très bonne idée de montrer les angles morts à l’écran lors de l’activation des clignotants ou en manoeuvres. L’écran des compteurs est également d’excellente facture avec des indications très claires sur le mode de conduite et les aides engagées. Il manque juste un bouton pour pouvoir désactiver le système d’alerte de franchissement de ligne, qu’il faut toujours aller chercher dans les menus. Et un port USB-C, pour pinailler.

En sus de la trappe de recharge et du blason plug-in, la partie PHEV se retrouve également dans l’habitacle du Hyundai Tucson puisque des touches dédiées au pilotage de la batterie et du système hybride sont logées dans la console centrale. On y trouve ainsi une touche Drive/Terrain et un commutateur qui va permettre de basculer entre les différents modes de conduite ou de revêtement, tandis qu’une touche permet d’activer l’aide à la descente, testée avec succès sur les pistes sur les hauteurs de Villard-Reculas et de l’Alpe d’Huez – le Tucson « franchit » gentiment le tous chemins, étant une vraie quatre roues motrices avec son arbre de transmission mécanique. C’est en ce sens encore un vrai gros baroudeur et pas juste un SUV urbain, comme beaucoup de ses compétiteurs.

Mais bref : l’hybridation se gère avant tout avec la touche EV/HEV qui permet de choisir entre les modes Auto, EV ou HEV. En Auto, le Hyundai Tucson va piocher dans l’énergie de la batterie en fonction des situations de conduite (vitesse, appui pédale, etc.), en EV il puisera dedans jusqu’à épuisement, comme on peut l’imaginer. Enfin, le mode HEV se rapproche quant à lui d’un hybride léger comme la marque peut en proposer ou le groupe Toyota en faire depuis des années. L’auto privilégie ainsi le moteur thermique mais basculera autant que faire se peut sur l’électrique pour la roue libre (très bien faite), la recharge, les petites relances ou les démarrages. Plutôt intelligent et transparent.

Du côté de l’autonomie, Hyundai annonce 56 km WLTP tirés des 13.8 kWh de sa batterie et les atteint quasiment (j’ai fait 50 km au mieux). Les 304 Nm sont perceptibles à la relance et le freinage régénératif est correctement dosé et dosable à la pédale de frein avant une bascule assez imperceptible sur le système hydraulique – du très bon travail de ce côté. Il manque en revanche un mode pour forcer la régénération électrique, ce afin d’aller chercher des autonomies en tout électrique plus élevées ! On me dit chez Hyundai que ce n’est pas prévu mais mon essai du Kuga PHEV me fait vraiment penser le contraire, surtout que le Tucson a déjà une belle efficience.

C’est objectivement le seul reproche que je puisse faire à la partie hybride rechargeable du Hyundai Tucson. L’autonomie annoncée est globalement atteinte et la régénération permet déjà de « jouer » un peu avec l’autonomie grâce au mode Auto qui privilégie l’électrique dès que possible. C’est mieux que certains constructeurs qui se contentent de greffer des batteries mais ne bossent pas plus que ça sur l’efficience et n’atteignent jamais leurs promesses ; mais c’est moins bien qu’un Ford qui a poussé le bouchon un peu plus loin.

Du côté de la conduite, le Hyundai Tucson PHEV ne s’impose pas comme un foudre de guerre, malgré ses 265 chevaux combinés. Il faut dire que les deux moteurs ont fort à faire, l’auto pesant pas loin de deux tonnes. Les mises en vitesse restent toutefois raisonnables mais il ne faut pas trop en demander au véhicule, qui se veut typé avant tout pour le confort et la distance. Les relances et reprises restent très honorables grâce au couple du moteur électrique et les dépassements ne seront de façon générale pas un problème.

La direction suffisamment confortable mais précise permet de placer l’auto avec aisance, permettant presque d’oublier le gabarit conséquent de l’auto. Attention toutefois au rayon de braquage et à la longueur de l’auto, les menues ruelles de la Seine-Saint-Denis furent l’occasion de voir que ces autos ne sont pas faites pour les environnements urbains contraints ! Sur les petites routes des Alpes et sur autoroute, le Hyundai Tucson se trouve à son aise, glissant d’une courbe à l’autre en douceur.

Les transitions entre électrique et thermique sont très bien gérées et globalement imperceptibles. La transmission connaît quant à elle quelques hésitations qui font parfois légèrement hurler le moteur. Rien de dramatique mais j’ai été surpris à quelques reprises par quelques rétrogradages surprise ou montées de rapport un peu poussives. Dans l’ensemble toutefois, c’est une copie quasiment parfaite qui est livrée par le Hyundai Tucson qui au bout de mes 1500 km d’essai aura consommé 8.9 L/100.

C’est nettement plus que le Kuga PHEV mais avec moins de recharges pour contrebalancer la consommation sur autoroute, somme toute raisonnable pour le gabarit et le poids de l’auto. J’ai relevé des consommations intermédiaires de l’ordre de 4 L/100 en mode Auto avec batterie chargée et de l’ordre de 7.5 L/100 en mode HEV. Les petites routes de montagne et le gros trajet autoroutier avec batteries vides en transmission intégrale permanente auront pénalisé ma consommation globale malheureusement.

Dans l’ensemble, le Hyundai Tucson marque par son côté très confortable, avec quatre personnes à bord et le coffre chargé au maximum de ses capacités ! Si l’on excepte quelques trépidations liées à la masse, la filtration et la qualité de vie à bord sont en effet au rendez-vous ; tout comme l’isolation phonique à bonne vitesse sur autoroute. Ajoutez à cela un système son de qualité et vous passerez un agréable moment à bord sur de longs trajets. Les endormissements de passagers ne seront pas une surprise, en tout cas.

Pour conclure, le Hyundai Tucson reste un excellent élève de la catégorie SUV hybride rechargeable, pour peu que vous ayez accès à une capacité de recharge quotidienne. Il se distingue avec son style singulier, son offre technologique complète de série et par des modes hybrides très bien gérés, à défaut d’aller chercher le maximum d’autonomie en électrique du fait de l’absence de mode « B ».

La gestion de la roue libre et l’excellent confort général font qu’il reste efficient et agréable à mener sur de longues distances, en faisant un excellent voyageur qui de plus, n’aura pas peur, lui, d’aller sur des chemins bien cabossés ! En bref : c’est une évolution logique et réussie pour le constructeur coréen, qui continue de planter de belles banderilles dans les flancs de constructeurs comme Volkswagen ou Peugeot.