Essai – Volkswagen Golf GTI

Mon dernier essai d’une Golf bien vitaminée datait de 2018, avec la version R de la septième génération de la compacte allemande. Dit autrement, cela faisait un sacré bail puisque l’auto en a profité entretemps pour changer de génération et se doter d’une gamme sportive complète : Golf GTI et GTI Clubsport (bonus version 45) et une toute nouvelle Golf R. N’ayant pas essayé la Golf 8 standard, je me suis dit qu’il pouvait être intéressant de m’attaquer à la version « de base », donc la nouvelle Golf GTI, pour y aller progressivement.

Il faut aussi dire que mon essai de la Golf GTI précédente, la septième génération donc, date de 2014 ! Entretemps, je n’ai roulé qu’en R mais aussi avec la délicieuse Clubsport qui venait corriger les défauts de la GTI et la rapprocher des graals français et japonais. L’histoire allait-elle se répéter avec la huitième génération ou bien la version de base allait-elle renouer avec les origines du blason, à savoir une petite sportive à tout faire, légèrement cossue mais aussi connectée à son conducteur ?

Du côté de l’amour au premier regard, c’est un demi-succès. Les proportions de la Golf GTI ne changent pas spécialement et l’auto est reconnaissable entre mille. Cette génération est toutefois nettement plus identifiable puisqu’elle inaugure un nouveau regard qui ne peut être confondu avec les deux précédentes moutures. Les signes extérieurs de sportivité sont bien présents : blasons GTI, gros « GTI » placardé sur la malle de coffre, double sortie étincelante et gueule béante à l’avant, petit becquet bien intégré et jolies roues… on ne peut pas se tromper.

L’ensemble reste néanmoins suffisamment discret et si l’on excepte donc le regard / bandeau lumineux assez perturbant et auquel je ne souscris absolument pas (les goûts et les couleurs), je trouve que cette Golf GTI a une bonne bouille légèrement bourgeoise. On regrettera tout de même le caractère tout plastique plus ou moins ajouré de la calandre noire, c’est peu flatteur. A regarder de loin pour ne pas être trop déçu.

A l’intérieur de la Golf GTI, c’est le même sentiment qui domine, mêlant satisfaction et frustration. La satisfaction vient bien sûr de la superbe sellerie rappelant l’auto originelle, avec des baquets offrant un superbe maintien pour ne rien gâcher. Le joli volant participe également à la fête avec une belle livrée et une excellente tenue en mains avec son cuir perforé sur la zone des 9h15. La connectique et le contenu technologique de l’auto ne sont bien sûr pas en reste avec un double USB-C, la charge Qi avec compartiment « sécurisé » pour que le téléphone ne vole dans l’habitacle, AirPlay sans fil et des tonnes de réglages.

Malheureusement, il y a donc bien de la frustration en constatant comme sur la récente Audi S3 que les finitions et les qualités de matériaux environnants ne sont plus du tout au niveau d’antan. Les portières et leurs boutons font un peu peine à voir, tout comme certains plastiques ou tissus, que ce soit dans les portières ou au niveau du tunnel central. Le piano black qui aime tant les traces de doigts fait comme il le peut pour impressionner avant d’être sale.?

Enfin, les drôles de touches tactiles de la climatisation / du volume son ne sont particulièrement pas pratiques. On se demande comment elles ont pu être validées en terme d’ergonomie. Bref, vous m’aurez compris : on est plutôt bien installé dans la Golf GTI mais on se coltine également d’une forte dose de technologie inutile et assez mal fichue, qui a aussi tendance à souffrir de quelques bugs ici ou là. Bonus, une partie de l’interface copie l’esprit d’Apple CarPlay pour ce qui est de certains affichages !

Peut-on alors espérer que tout cela se rattrape du côté de la conduite et de l’engagement ? Voyons-voir. A l’allumage, le bien connu quatre cylindres 2.0 L TSI du groupe Volkswagen ébroue ses 245 chevaux et 370 Nm dans une relative discrétion. Le grondement est présent à l’extérieur comme dans l’habitacle sans être trop prenant. Très GTI, ça, même si ça semble un poil timide. Cela se confirme ensuite au roulage où le moteur brille par son… silence ! Même en mode dynamique, le retour sonore dans l’habitacle et à l’extérieur est très léger, un peu plus rauque seulement. La grande linéarité du moteur fait qu’il est difficile, pour ne pas dire impossible, de conduire l’auto à l’oreille.

Les mises en vitesse sont pourtant bien là, ce moteur étant loin d’être vide malgré sa voix étouffée. La boîte DSG 7 qui tire très long fait également bien le travail, comme on pouvait s’y attendre. Les petites palettes en plastique peu agréable calées derrière le volant n’arrangent en revanche pas le conducteur car elle n’offrent que peu de consistance. Entre le manque de sonorité et ces palettes sans âme particulière, on a donc du mal à se connecter à un quelconque caractère mécanique de l’auto. C’est… c’est tout sauf GTI, ça.

La direction et la monte pneumatique Hankook souffrent à dire vrai du même manque de retour d’informations et vous gardent toujours à l’écart de ce qu’il se passe réellement au niveau du train avant (l’arrière m’a semblé inamovible). Là encore, il ne s’agit pas de dire que c’est mauvais car l’auto est capable de vitesses de passage en courbe tout à fait impressionnantes, avec une excellente tenue du train avant et sans avoir l’impression de forcer outre mesure. Le problème, c’est qu’on ne sent pas grand chose alors qu’on est à (très) grande vitesse.

Les freins sont heureusement rassurants, offrant des décélérations convaincantes dans toutes les situations, ce qui permet de hausser le rythme sans trop d’inquiétude malgré le niveau de déconnexion imposé au conducteur. La suspension peut sembler exagérément raide sur certaines sections mais s’en sort globalement avec les félicitations du jury sur les routes assez exigeantes du coin de Bourgogne sillonné à l’occasion de cet essai. On peut rouler très fort sur le bosselé sans jamais sentir de déséquilibre et l’auto avale les compressions et rebonds avec grand sérieux.

La Golf GTI de 8ème génération est donc une voiture capable d’aller très vite à peu près partout, en toute quiétude mais surtout en laissant son conducteur et ses passagers à l’écart de l’excitation attachée à la conduite dynamique ou sportive. Elle sait aussi les transporter avec sérieux et confort sur de longues distances, affichant par ailleurs une belle sobriété (8.9 L/100 sur mes 800 km d’essai) grâce à une roue libre et une gestion de la DSG très bien faites.

Pour résumer et sans vouloir enfoncer trop de clous dans le cercueil des petites sportives qui ont le bon goût d’exister encore, la dernière Volkswagen Golf GTI est une excellente voiture mais ce n’est absolument pas une sportive excitante et engageante qui vous donnera envie de vous relever la nuit. Il ne me reste plus qu’à essayer la version Clubsport et la dernière R pour espérer retrouver des niveaux d’engagement dignes des légendaires trois lettres qui ont fait l’histoire de l’automobile sportive.