Essai – Hyundai i20 N

Alors qu’elles étaient légion il y a encore une décennie, les « petites » GTi se comptent désormais sur les doigts d’une main. Par « petites », j’entends cette gamme de petites citadines énervées, allant chercher un grand maximum de 200 chevaux et se cantonnant au segment B. La France, grande pourvoyeuse de ces petits jouets, a jeté l’éponge. L’Allemagne, à l’origine du blason avec sa Golf GTI, ne produit plus rien d’intéressant ou alors est passée au segment supérieur. Il ne restait plus qu’un irréductible : Ford, avec sa Fiesta ST. C’était sans compter sur le groupe Hyundai qui, fort de son engagement en WRC et après avoir enthousiasmé les foules avec une gourmande mais imparfaite i30 N, ramasse les gants de l’américain et nous apporte la très attendue Hyundai i20 N.

A l’extérieur, la petite pétillante coche toutes les cases de la sportivité, reprenant les codes déjà vus sur les véhicules de la gamme « N » du constructeur : gros freins, un peu de bodybuilding, grosses roues, couleur éclatante, petit aileron et ainsi de suite. Elle se dote aussi de quelques détails mignons, comme ce N en sérigraphie sur le bas de caisse, juste en amont des roues arrière. Il y a aussi le même blason sur les étriers, évidemment peints en rouge et au centre des roues. Ces dernières, d’ailleurs, adoptent un design torturé, très réussi ! J’aime aussi beaucoup la petite ligne de rouge soulignant la bouille de l’auto, ses côtés et son diffuseur à l’arrière.

Dans un gabarit compact, comme attendu, la Hyundai i20 N a donc tout pour plaire aux amateurs de petites sportives animées et animantes. Son regard, joliment acéré, couplé à une calandre très sombre où le H de la marque étincèle et où le N semble se terrer, ne gâche rien. Mention spéciale à la trappe à essence bien intégrée. C’est un détail ridicule qui n’a rien à voir avec la sportivité mais j’ai apprécié l’effort et je n’aurais pas été contre le même pour les poignées de portière, afin d’encore mieux mettre en évidence les lignes tendues tracées sur les portes, les hanches et le capot de l’auto. Le style Hyundai a quelque chose de bien particulier, déjà vu sur le Tucson. Je ne sais pas comment tout cela vieillira mais à date, ça « fonctionne » et c’est validé sur i20 N !

A l’intérieur, la petite puce a tout d’une grande puisque, c’est une habitude chez la marque, la Hyundai i20 N est très bien équipée et les finitions sont à un très bon niveau depuis quelques années déjà. La partie sportive est également soignée avec les basiques à respecter : des baquets qui tiennent bien et qui s’avèrent somme toute confortables, un petit levier de vitesse qui claque sous la main et aux débattements courts à souhait et un volant rond qui tient bien en mains, doté du nécessaire pour changer le visage de l’auto, à savoir les fameuses touches N vues sur i30 N. Si les premiers éléments se retrouvent aussi sur Fiesta ST, la Hyundai i20 N pousse le bouchon plus loin pour ce qui est modes de conduite et de la possibilité de les configurer.

C’est assez simple, l’auto propose une personnalisation des modes de conduite qui se rapproche de véhicules autrement plus chers et de segments supérieurs. Tout cela se passe au travers de l’excellent système d’info-divertissement, parfaitement compatible CarPlay en mode plein écran et à l’interface agréable par ailleurs. C’est suffisamment rare pour être signalé à l’heure où je me repose avant tout sur l’interface de mon smartphone, mais Hyundai livre un système bien fichu et très joliment réalisé. Si bien sûr, les compteurs changent de ton et de style au gré des modes de conduite, c’est bien sur l’écran principal que l’on retrouve de belles infographies permettant de se faire ses modes N Custom 1 et 2 mais aussi de paramétrer une touche « favori » à la fonction voulue (projection du téléphone pour ce qui me concerne).

Hyundai i20 N est donc un petit condensé de technologie moderne dans un format compact et offre donc un fort joli package en sus de son ramage extérieur et de ce qu’on suppose être ses capacités sportives ! Si je ne souhaite à dire vrai pas trop la comparer avec la Fiesta ST (à quoi bon… elles ne sont plus que deux sur le marché !), la marque coréenne tape assez fort, même si la Fiesta ST, récemment mise à jour, mériterait que je remonte à son bord car son essai remonte déjà à quasiment trois ans ! En tout cas, sachez qu’à bord de i20 N, vous avez donc tout ce qu’il faut pour voyager au long cours et assouvir vos besoins modernes. Le département N a paraît-il réalisé une sportive un peu à l’ancienne pour ce qui est du comportement, mais ils n’ont pas sacrifié la vie quotidienne pour autant. Moderne, de ce point de vue.

Il reste maintenant à faire la route jusqu’en Bourgogne, où je vais m’amuser avec la petiote ! Mode Eco engagé, je déroule, même si la suspension se montre un brin raidasse à mon goût. La consommation du petit quatre cylindres 1.6 L se montre raisonnable dans ces conditions mais également en général puisque je terminerai mon essai de 700 km avec une moyenne très satisfaisante de 6.8 L/100. Il se fait également assez discret, ne ronronnant que raisonnablement dans l’habitacle. S’il n’y avait pas cette suspension un brin cassante, on se croirait dans une i20 standard. Ah, s’il n’y avait pas la délicieuse commande de boîte de vitesses également, qui passe d’un rapport à l’autre d’un léger mouvement de poignet et avec un petit claquement satisfaisant à chaque verrouillage…

Avec le mode « détection de virages » activé, la Hyundai i20 N vous invite à rapidement quitter le mode Eco, voire Normal (qui ne sert pas à grand chose) pour passer en mode Sport ou N ! Bon, j’ai fini par désactiver la fonction, qui m’annonçait des épingles en pleine ville et me proposait d’y basculer en mode N… mais ça ne change rien au fait que ces modes Sport et N sont bien ceux qui révèlent, logiquement, l’excellent travail des ingénieurs de la marque. D’une pression sur le bouton N, l’auto change de comportement. Un clic supplémentaire sur le bouton REV au volant et le talon-pointe automatique vient agrémenter la conduite d’une pointe de piment pratique supplémentaire.

Le quatre cylindres se fait sensiblement plus sonore à l’intérieur comme à l’extérieur de l’auto dans ces modes, éructant gaiment à défaut de pétarader. Je crois que je préfère désormais la sonorité des petits trois cylindres énervés mais ce 1.6 L sonne plutôt juste à l’ère des moteurs étouffés par des filtres en tout genre bien nécessaires. Les montées en régime sont très franches, pour peu que l’on soit au dessus de 3000 tr/min. Le régime maxi arrive toutefois un peu vite, avec une puissance maximale atteinte à 6000 tr/min. Il faut donc jouer du levier de vitesses, heureusement très bien fait, pour s’amuser avec l’auto en la conservant dans des plages de régime de fonctionnement idéal.

C’est tout sauf une punition car la suspension, effectivement ferme, devient largement plus vivable à plus haute vitesse ; même si elle sautille quelque peu dans le bosselé. C’est assez surprenant d’ailleurs car l’auto ne pèse que 1190 kg, un autre compromis aurait peut-être été possible pour moins orienter l’utilisation de l’auto vers des billards fraîchement refaits. La direction, quant à elle, se montre directe et réactive, avec un ratio revu mais avec également un léger manque d’information en retour. Le train avant, qui semble extrêmement solide, communique mais il en manque un peu. Cela reste du détail car ce qui est bien notable, c’est à quel point ce train avant aime les cordes et aime vraiment les tenir, avec un différentiel à glissement mécanique pour l’y aider !

Le placement de l’auto est également facilité par un système de freinage qui tient le choc et les décélérations successives. N’espérez toutefois pas un déhanchement de danseur ou de danseuse de la part de l’i20 N, le train arrière semble tout ce qu’il y a de plus inamovible et dépasser la limite risque d’être une mauvaise idée. Avec cette santé de châssis et ce caractère bien verrouillé, la confiance que génère la Hyundai i20 N est grande. La seule véritable ombre au tableau reste donc cet amortissement trop ferme sur certaines sections quand bien même les détentes sont toujours bien gérées et les changements de cap d’une propreté clinique. Certains virages permettent également de lever une patte arrière, toujours une source de joie ! Les épingles et courbes engagées des routes de l’Yonne et de la Bourgogne sont un excellent terrain de jeu pour cela.

Quelle auto pétillante au global, tout de même. J’ai l’impression de beaucoup parler d’amortissement mais il ne faudrait pas que vous croyez que l’auto est insupportable, c’est tout sauf le cas et c’est même l’inverse. Elle est attachante et l’attachement grandit au fil des kilomètres parcourus, ce qui est toujours une bonne chose. Elle donne envie de rouler toujours plus avec elle, de faire gronder son quat’pattes au gré des verrouillages de boîte et des francs coups de patins nécessaires tant le moteur a de la santé à revendre, tout linéaire qu’il soit. Le package global qu’offre la Hyundai i20 N est d’une superbe cohérence et c’est une petite sportive réellement aboutie qui aime et sait dévorer les enchaînements de virages !

Difficile à dire vrai de se dire qu’il ne s’agit là que de la seconde sportive récente de la marque, après i30 N et en mettant un peu de côté Kona N et Veloster N. Le travail accompli avec passion par la division N nous offre une des dernières opportunités de conduire une petite GTi de grande qualité ! Si tout n’est pas parfait puisque rien ne l’est jamais, force est de saluer le niveau général de performance mais aussi et surtout d’amusement que cette petite Hyundai i20 N est capable de générer. En 2022, c’est tout simplement une prouesse et il convient de savourer chaque kilomètre passé à son bord en jouant de sa sportivité. Merci, Hyundai, d’avoir relevé le gant. Vous l’avez fait avec brio.