Après avoir essayé il y a quelques temps la version sage de la Punto Evo à la sauce Abarth, je me suis glissé dans le baquet de la version méchante, toujours appelée esseesse chez le scorpion. Au menu du kit, des ressorts spécifiques, des roues et des freins différents, un turbo qui souffle plus fort et un échappement qui fait de même. La liste n’est pas exhaustive et à vrai dire on s’en fout car ce qui compte c’est bien que le comportement de la voiture se voit profondément modifié.
Extérieurement, pas de modifications véritablement visibles, la voiture l’étant déjà naturellement ! Impossible de passer inaperçu, de ne pas susciter des regards, sourires et pouces parfois levés. On aime ou n’aime pas, c’est on ne peut plus clivant mais en ce qui me concerne, j’aime le parti pris d’Abarth pour ses voitures : on ne fait pas dans la discrétion, les voitures ont du caractère et ne sont pas lisses comme une bonne partie de la production automobile.
En parlant de caractère, la Punto Evo n’en manque pas pour ce qui est de sa suspension ! C’est, n’ayons pas peur des mots, un véritable tape-cul. Les versions Abarth sont rarement tendres avec les lombaires, la 500 esseesse était assez raide mais cette Punto Evo est véritablement raide et les baquets n’aident pas. Je chipote un peu mais l’amortissement très dur peut s’avérer un peu pénible à l’usage quand on ne souhaite pas brûler de la gomme et de la plaquette. Je disais que les baquets n’aidaient pas, c’est à dire qu’ils sont en fait excellents : on est bien calés, moulés contre la voiture, c’est un vrai plus par rapport à certaines sportives fournissant des sièges au maintien passable.
La contrepartie de cette rigidité, c’est un comportement vif et joueur. Le châssis n’est pas débordé par les quelques chevaux supplémentaires et la puissance passe bien au sol, servie en cela par des gommes collant furieusement au sol. La Punto est un pousse au crime permanent : de très bons freins qui mordent fort, un train arrière qui se place bien, son homologue à l’avant qui reste directif en toutes circonstances. On a envie d’enchaîner les virages, de planter les freins, de faire hurler le moteur. Tout le temps. Le kit esseesse enlève à cette voiture son caractère civilisé et demande la sollicitation, sans compromission.
Du côté du moteur, rien à redire car j’ai retrouvé le caractère rageur et volontaire de la version normale… Malheureusement, j’ai aussi retrouvé une commande de boîte très perfectible avec une 1ère et une 4ème vraiment dures à enclencher tandis que les autres rapports passaient sans encombre. Les verrouillages sont francs quoiqu’il en soit mais il manque quelque chose à cette boîte pour être à la hauteur du reste de la voiture. Dommage. A l’intérieur, la finition n’est pas au mieux de sa forme. Le souci de la Punto de série, ce sont les matières… très différentes et disparates ! Il en est de même ici même si les éléments de personnalisation Abarth sont là pour sauver la donne. Heureusement. Disons simplement que si l’ensemble donne une bonne impression globale, il vaut mieux éviter de trop se pencher sur les matières et assemblages. Ah oui, autre précision : oubliez le mode « Normal », laissez le loquet sur la position « Sport ».
Le bilan quant à cette version esseesse de l’Abarth Punto Evo est donc fonction de ce que vous recherchez. Si vous vous contrefichez du confort et cherchez une voiture très efficace, il faut absolument opter pour le kit. A l’inverse, si vous voulez préserver un tant soit peu vos lombaires, je ne saurais que trop vous conseiller de lui préférer la version sage… De manière générale, la Punto Evo à la sauce scorpion est une bonne voiture, volontaire, efficace, joueuse et dotée d’un joli caractère. Sans atteindre le niveau des meilleures de la catégorie, elle est une alternative séduisante, moins chère et sûrement un peu moins lisse.