Essai – Mazda MX-5 Cherry Top

Après mes essais des version Skyactiv-G 1.5L et 2.0L du Mazda MX-5 et celle de la version RF, je ne m’attendais pas vraiment à me retrouver de nouveau au volant du légendaire petit roadster qui me fait toujours autant envie et me demande toujours autant de l’acheter. Je n’ai toujours pas craqué pour l’achat mais Mazda a en revanche créé l’opportunité d’un nouvel essai, plutôt orienté style que performance avec telle ou telle évolution technique.

Cette opportunité, c’est le « Cherry Top », une série spéciale de la version 1.5L 131ch et limitée à une centaine d’exemplaires pour le marché français. Extérieurement, la marque a fait le choix d’une association de couleurs élégante, reprenant le Machine Gray métallisé vu sur le RF mais en l’associant désormais à une capote qui n’est plus noire ! Révolution ! Autant le roadster en Machine Gray et capote noire me semble assez inadéquat en terme d’association de couleurs, autant cette couleur cerise « Cherry Top » colle très bien avec cette robe métallisée et riche en reflets.

Pour le reste de l’extérieur, les lignes du MX-5 ND restent inchangées, divisant les uns et les autres qui lui préfèrent les rondeurs du NC ou de la sœur italienne 124. En ce qui me concerne, le coup de cœur est toujours là, pour le regard, pour le gabarit compact, ramassé et au plus juste nécessaire. Le coup de crayon du Kodo Design vieillit par ailleurs très bien si l’on regarde les divers modèles de la gamme nés avec la plateforme Skyactiv (CX-5 pour le premier modèle si mes souvenirs sont bons !).

La série Cherry Top se dote tout de même de roues spécifiques, collant bien avec la robe, à savoir des gommards en 16 pouces sur des roues à petit bâtons en finition « Bright Dark ». Vous allez me dire « c’est tout » ? Oui, c’est tout mais les possibilités de customisation à l’extérieur restent assez limitées et le simple fait que Mazda propose une capote d’une autre couleur que le sempiternel noir est une bonne chose. On imagine volontiers des versions crème, grisé, écru, cerise ou même, pour les plus joueurs, blanc ! Autrement dit, si cette Cherry Top fait des petits, ce ne sera vraiment pas un mal.

Passons maintenant à l’intérieur du petit roadster pour voir ce qu’il advient de l’habitacle dans cette série spéciale Cherry Top. La version est un brin suréquipée avec le système MZD Connect, la navigation, le système Bose si bien intégré aux sièges, les LED adaptatifs, les rétros chauffants, de la sécurité active et passive et enfin les sièges chauffants. Bref : Cherry Top est bien équipée, c’est en fait plutôt une version Sélection qu’autre chose.

Surtout, elle adopte une sellerie spécifique en cuir, couleur sable (dite Tan). C’est le plus grand élément de changement et cette couleur se marie là-aussi très bien avec l’ensemble Machine Gray + Cherry Top. Il en ressort un sentiment d’élégance supplémentaire et de raffinement, plutôt que de sportivité. C’est un peu comme si le Mazda MX-5 jetait un œil vers le segment supérieur, vers les C Cab’, 4 Cab’ ou encore A5 qui se dotent parfois de selleries crème ou blanches…

Le fait est que cela fonctionne donc plutôt bien avec le retour de couleur carrosserie dans les portières ainsi que du côté des semi-baquets au maintien impeccable pour des non Recaro ! Le reste de l’habitacle est connu et je vous renverrai donc à mes anciens articles d’essai pour retrouver tout le bien ou tout le mal que je pense de la plus grande praticité du MX-5 ND ! (spoiler : beaucoup de bien)

Je crois qu’il manque tout de même un zeste de personnalisation en plus dans cette série limitée Cherry Top. Mazda a fait un joli pas en avant pour ce qui est de la conception du produit mais ils se sont peut-être arrêtés trop tôt. Alors, bien sûr, il n’est pas possible de faire une customisation absolue sauf à vouloir exploser les coûts industriels mais quelques touches de « cherry » ici ou là et un peu plus de couleur « tan » auraient été les bienvenues pour trancher avec le noir des autres plastiques, d’ordinaires invisibles et ici mis en lumière par la clarté du cuir sable.

Des exemples ? Je ne suis pas vraiment sûr d’être pertinent mais des surpiqûres cerise ? Un volant revêtu de cuir clair et surpiqué cerise ? Une planche de bord passant au « tan » intégral, jusqu’au pied du pare-brise ? Le cuir entourant le pommeau de vitesse ? Ce genre de choses. Je ne sais pas ce qui est faisable, ce qui ne l’est pas, ce qui serait vraiment de mauvais goût ou apparence mais ce Cherry Top aurait pu et peut-être dû se retrouver un peu plus profondément dans l’habitacle, pour aller encore plus loin dans la série limitée.

Ceci dit, il manque dans mon essai un point un peu particulier associé à cette série Cherry Top : la bagagerie. Mazda s’est associé à Samsonite pour livrer des sacs et valises spécifiquement adaptés au coffre du MX-5 ND, une excellente idée ! Ces sacs, valant pas loin de 500€, sont offerts avec l’auto, qui est quant à elle facturée un tout petit peu moins de 30k€. On est pile à la frontière entre le 1.5L et le 2.0L… et du coup, fallait-il pousser plus loin la personnalisation pour quelques k€ de plus ? Pas facile à dire.

Une chose est certaine en tout cas : l’idée de la bagagerie est brillante et si d’aventure je m’achète un MX-5 un de ces jours, ce sera quelques chose que je voudrai absolument !

Passées les pures considérations esthétiques, la Mazda MX-5 Cherry Top est une MX-5 1.5L 131ch. C’est à dire qu’au court de mes quelques 1040 km d’essai, j’ai assez peu consommé malgré une certaine tendance à aller chercher les tours, à savoir 7.2 l/100. Surtout, j’ai retrouvé la légèreté merveilleuse de cette génération de Miata, plus compacte et vivante que la précédente NC !

La direction, toujours un peu trop floue et légère à mon goût en son point milieu, reste un régal pour ce qui est de l’inscription de l’auto dans les courbes, pointant le léger petit nez là où on le souhaite sans trop en faire dans la dureté, dans l’ultra ressenti ou dans le tranchant que l’on pourrait attendre d’une automobile plus sportive et extrême. Le compromis est comme toujours sur cette auto plutôt idéal, pouvant convenir à l’amateur souhaitant enrouler les courbes tout comme à l’esthète voulant apprécier l’air libre à un train de sénateur. (nota : cela peut être la même personne)

Du côté de la boîte, je ne vais pas là encore m’appesantir. Mazda sait faire des boîtes de vitesses et ils ont d’ailleurs bien l’intention de conserver cette belle boîte 6 dans les années à venir avec la future plateforme et motorisations Skyactiv-X ! Vivement 2019 mais en attendant, force est de constater que les verrouillages, les guidages et débattements (40 mm) de cette boîte, sans atteindre peut-être la raideur sportive de la boîte d’une Type R, sont un modèle.

Faut-il également parler des suspensions ? La version 1.5L n’adopte pas le pack Sport disponible sur le 2.0L et introduisant des versions Bilstein. Les mouvements de caisse sont donc un peu plus marqués mais surtout, le confort est réel, avec ce qu’il faut de maintien pour se sentir connecté à l’auto et à la route mais sans retranscrire tous les défauts du bitume. Le compromis confort / dynamisme est idéal pour un usage quotidien, même si les Bilstein auront tout de même ma faveur si je devais choisir !

Côté moteur, je crois bien qu’il était temps que je reprenne en mains ce petit quatre cylindres 1.5L. Au premier essai, il m’avait paru un rien creux et mou, demandant systématiquement qu’on le fouette haut dans les tours pour qu’il daigne cracher tout son couple et toute sa puissance. Le fait est que ce dernier point est toujours vrai : pour vraiment envoyer, il faut cravacher !

Sauf que durant ce roadtrip, parcouru plutôt à rythme honnête voire vif mais jamais agressif, je m’attendais à souffrir un peu du manque de couple et de puissance mais il n’en fut rien. Je reviens donc un brin sur ce que j’ai dit. Le 2.0L est assurément plus sympathique à vivre au quotidien du fait d’un couple plus important à bas régimes, mais ce 1.5L n’est pas non plus le ventre mou dont j’avais en quelque sorte le souvenir.

Nul besoin enfin de parler freins tant la masse contenue du MX-5 ND 1.5L est absorbée sans coup férir par le système de freinage. Même chose du côté des gommes, avec un train arrière toujours calé sur son grip et ne daignant glisser que pour enrouler les courbes. L’équilibre du MX-5 est de ce point de vue toujours une belle réussite avec ce poids contenu, cette puissance limitée et un équilibre parfait permettant de bien sentir l’arrière aider à la rotation sans craindre le tête à queue ou le powerslide incrontrôlé !

Le MX-5, qu’il soit Cherry Top ou non, est toujours une machine parfaite pour apprendre, s’amuser et prendre un plaisir fou à conduire sans avoir à atomiser les limitations de vitesse. Le fait est aussi qu’à 80 km/h, il n’y a guère qu’avec lui et avec un autre petit lot de puristes type Caterham ou Lotus que vous pourrez avoir une belle dose de sensations sans jamais vous endormir ou avoir envie de multiplier par deux la vitesse pour ressentir quelque chose.

Bilan ? Sur le MX-5, il n’y a pas grand chose à dire tant je peine à reconnaître ses quelques défauts et tant il a à offrir en tant qu’automobile. Comment peut-on ne pas l’aimer ? Ce n’est peut-être et sûrement pas la machine à track-days décrite par certains mais c’est assurément une vraie automobile à plaisir sans aucun équivalent.

Pour ce qui est du Cherry Top, il faut saluer l’initiative de Mazda qui livre ici une version différente, plus élégante, positionnée grand tourisme et voyage au long cours de part ses choix stylistiques. Si l’initiative est bonne et rencontrera sûrement un succès mérité, le curseur aurait mérité d’être poussé encore un peu plus loin de quelques k€ et détails associés afin de valider définitivement le caractère spécial et limité de la chose.

En ce qui me concerne, c’est donc un grand « oui » pour ce Cherry Top qui permet d’avoir un MX-5 sensiblement différent du reste de la production ! Reste maintenant à transformer ou non cette idée de capotes colorées sur le reste de la gamme. En 2019 avec le 2.0L porté à 185 ch et avec ce « nouveau » rouge si séduisant ? Qui sait.