Le bonheur d’être mal habillé

C'est le mien en ce moment … car oui je suis extrêmement mal sapé. Seule différence avec beaucoup de gens naturellement mal habillés, j'en suis conscient et je m'en fous assez royalement.
 
Ce matin, alors que je n'avais pas de billet pré-écrit … j'ai eu le bonheur de voir ma conviction du moment renforcée par le spectacle de mes concitoyens dans le bus. Décidément, j'adôôôre le bus.
 
Mais avant de vous décrire cela, petit flashback sur mes années étudiantes pas si lointaines … A l'époque, je n'hésitais pas à investir de l'argent dans les fringues, il faut dire que la présence des magasins d'usine jouait aussi beaucoup dans cet état de fait. De plus, mon premier stage d'ingénieur m'a "forcé" à pas mal investir dans des tenues pseudo-classes, mon rôle étant partagé entre le technique et la représenation auprès du client ! C'était il y a 3 ans.
Depuis, je n'ai quasiment pas acheté de fringues. Ou si peu.
 
J'entends déjà les putafranges se gausser de moi, ou encore les working-girls pédantes jacasser … Sans même parler de tous ces hommes hyper lookés que je croise à longueur de trottoir dans notre quartier !
Pourtant, je n'ai pas fais qu'économiser durant ces trois années, je me suis diablement fait plaisir : appartement entièrement équipé (plus besoin de liste de mariage …), bijoux électroniques, cadeaux pour Alice, restaurants … Mon argent d'étudiant a été intelligemment investi, à peu près.
Et pourquoi pas dans les fringues ?
 
Il y a de multiples raisons … déjà ça me fait chier de payer une fortune pour un bout de tissu qui vaut à peine 10% de son prix en valeur de fabrication (vous me direz sûrement qu'il en est de même pour le matos électronique)… et ensuite il y a des situations comme ce matin. Explications.
 
Moi, assis tranquillement au fond du bus, jambes croisées, iPod vissé aux oreilles et petit sourire en coin de celui qui redécouvre Paris et sa vie tous les matins à 8h … et ses contrastes.
Moi, mal habillé (jean Levi's bof, pull Costello bof et fatigué, t-shirt Oakley très bof voire laid, pompes Oakley en forme de pied d'éléphant) et mes compatriotes de bus.
  • on commence par le premier, un homme, dans la trentaine, stéréotype du cadre bien looké bien frais … La gueule en vrac et le visage crispé en un masque de non-expressivité. Bien habillé, mais putain ce qu'il fait mal à voir …
  • la seconde … une putafrange absolument mignonne, genre 25 ans max, hyper pointue dans son outillage vestimentaire … Le sourire absent, le regard cave … Où est la vie ?
  • la troisième … la working-girl au sac LV et aux Louboutin de petite fille … Cheveux abîmés par la pluie, cernes, l'air nostalgique et fatigué, triste … Affligeante.
  • et enfin un quatrième, assez semblable à votre serviteur quoiqu'un peu plus au goût du jour niveau mode, à l'autre bout du bus … Habillé sans ostentation mais "classe". Sourire et dynamisme …
Il semblait lui aussi s'amuser de cette situation irréelle où ceux qui semblent avoir l'argent et les fringues qui vont avec … sont en fait ceux qui paraissent totalement éteints dans notre grisaille parisienne …
 
Attention toutefois, je ne vous dis pas de tomber dans un extrême qui voudrait qu'on soit mal habillé en permanence … mais je reste persuadé en voyant régulièrement des situations comme celle de ce matin que l'extrême inverse n'est pas non plus un gage de bonne humeur !
 
Culte du paraître, amour des soit-disant fringues de luxe … j'en suis moi aussi l'un des acteurs, je ne jeterai donc pas la pierre à tous ces gens, je me contente de gentiment les pointer du doigt en préférant mon mode de pensée actuel.
 
Bon … il va quand même bien falloir que je file faire un tour dans les boutiques de frusques, histoire de me relooker un peu, mais sans ostentation … C'est peut être ça la recette miracle