Ce dimanche, froid de canard, direction les riches intérieurs de Singapour au Quai Branly avec une exposition au nom sans équivoque : Baba Bling ! Je ne m’étais pas renseigné sur l’expo avant d’y pénétrer et j’arrivais donc avec « qu’est-ce que ça peut bien être ce Baba Bling ? » en tête… Et je n’avais pas du tout pensé à Singapour, à Penang, à Malacca… en fait je n’avais pas lu le sous-titre de l’exposition. Aheum. Mea culpa.
Cette exposition, c’est en fait l’histoire du drôle de destin de Singapour et de la région avoisinante, entre Sumatra et la Malaisie, non loin des Indes britanniques et de la Chine… Une région d’immigrés, chinois, malais, indiens et ce dès le XIVème siècle… Une région de colonialisme aussi avec les anglais, les hollandais et les portugais, plus tard.
Et de ce melting-pot fabuleux émerge une nouvelle culture. Les « baba » ou plutôt les « hommes chinois » de Singapour qui sont implantés sur place depuis plusieurs centaines d’années ont vu évoluer la culture qui les entourait mais ont aussi fait évoluer la leur, se gorgeant et se nourrissant des autres.
Les Peranakan d’origine sino-malaise, les « enfants d » unions mixtes entre les peuples, ont construit leur culture autour de leur maison, premier signe extérieur de richesse mais dont l’intérieur regorge lui aussi de trésors.
L’exposition commence donc par une première partie sur l’ameublement, sur la fameuse double-porte qui invite à entrer dans les lieux… Mobilier somptueux, richement décoré, finement sculpté, les Peranakan à l’influence fastueuse ne se refusaient rien en terme de confort et de beauté.
Après cette première portion, on découvre tout au fond un ensemble de façades traditionnelles qui m’ont beaucoup rappelé certaines rues de Chinatown à Singapour et on bascule ensuite dans l’espace dédié à l’art de vivre peranakan. A ce propos, l’exposition est magnifique, peut-être l’une des plus belles qu’il m’ait été donné de voir au Quai Branly. Chapeau bas.
(au fait toutes les photos sont © Quai Branly)
Dans ce nouvel espace, c’est la table, la cuisine et enfin l’art de recevoir qui sont abordés. Des pièces absolument magnifiques, colorées, finement décorées… un rêve en parfait état et surtout que l’on imagine bien volontiers chez soi !
La suite, ce sont les bijoux et les tenues vestimentaires. Singapour et sa région environnante a toujours été réputée pour ses pierres et tissus, la finesse de ses orfèvres et la qualité de ses matériaux… Depuis la fin de seconde Guerre Mondiale, cette suprématie est moins évidente mais il est clair, à la vue des pièces présentées dans l’exposition, qu’avant la lente dissolution de l’influence des Peranakan, les pièces créées dans la région étaient d’une redoutable excellence.
Le mot qui convient pour cette exposition est « magnifique ». Que ce soient les pièces présentées ou l’agencement de l’espace, tout est parfait à mon sens. Une exposition à voir en prenant son temps tant elle est riche de détails, de couleurs et de sensations si d’aventure vous avez déjà fait un tour dans ce coin du monde, la plongée est immédiate !