En résidant en Haute Maurienne, je me suis retrouvé à quelques pas de l’Italie pendant tout mon séjour en Maurienne. Le pays est d’autant plus près depuis Lanslevillard, il est possible de rejoindre nos voisins via le Col du Mont-Cenis. La route grimpe gentiment, serpentant jusqu’à un peu plus de 2000 mètres d’altitude. C’est là qu’il faut se garer, au refuge. Le lac du Mont-Cenis, un lac de retenue, est splendide et déjà visible.
Au départ du sentier de randonnée qui grimpe vers la cime la plus proche, un panneau rappelle le rôle historique du col dans l’histoire moderne. C’est ici que d’âpres combats eurent lieu pendant la Seconde Guerre Mondiale autour des différents forts qui défendent ce passage dans la barrière des Alpes. Les chasseurs alpins et transalpins y défendirent les forts de Ronce, de la Turra et tant d’autres aux alentours.
C’est d’ailleurs vers le second que je grimpe, sur une pente abrupte. Facile de comprendre pourquoi le fort ne fut jamais pris et qu’il ne tomba que parce que les soldats furent bien obligés d’abdiquer à un moment pour se rendre et se faire prisonniers de guerre. Les ruines du fort sont visibles par moments mais on n’en prend la mesure qu’en arrivant tout en haut.
Le lac du Mont-Cenis s’étale sous nos yeux, tout comme la Haute Maurienne à l’est comme à l’ouest. Le fort domine tout cela, englobant la pointe de la Turra de ses défenses et quelques tours restantes. Des tunnels percent la roche, anciens baraquements, dépôts de munitions et autres. L’endroit en impose. Quels combats cela a dû être.
Trêve de rêverie. La suite de la randonnée m’attend, de l’autre côté du fort, en longeant les anciens baraquements des soldats. La vue est incroyable sur le bas de la Haute Maurienne, râteau d’Aussois et Dent Parrachée en tête, complètement dénués de nuages. Le chemin continue de monter doucement en longeant la Cime du Laro à gauche, tandis qu’à droite s’enchaînent les sommets, Grande Turra, Pointe de Cugne et Signal du Petit Mont Cenis pour couronner le tout. Ambiance minérale, pierriers que l’on traverse sur la pointe des pieds.
Après avoir dépassé un petit refuge abandonné, on arrive enfin au Pas de la Beccia, au pied du Signal du Petit Mont Cenis. Cette selle dans la montagne permet d’admirer un incroyable panorama, à mi-chemin entre la France et l’Italie. Lac du Mont-Cenis, Pointe de Bellecombe, Mont Froid, Mont Malamot, ils sont tous là, dantesques.
La descente est tout aussi abrupte que la montée initiale, se rapprochant assez rapidement du lac et offrant quelques vues bucoliques et fleuries semées de vaches éparses.
La randonnée s’achève mais la journée n’est pas finie. Direction un nouveau petit bout de balade, de l’autre côté du lac, encore plus près de l’Italie. Je gare la voiture non loin de la maison commune franco-italienne et grimpe vers l’ancien fort de Ronce. C’est abrupt une fois encore et il fait limite froid. La pluie est tombée ici et les nuées sont accrochées à tous les sommets, tout a changé le temps de la descente depuis le Pas de la Beccia.
Le fort est magnifique vue de derrière, complètement caché vu de devant, protégé par un rempart de terre destiné à le dissimuler aux yeux des assaillants. Au même titre que le fort de la Turra, celui-ci a du être sacrément ardu à conquérir. Après un petit tour à l’intérieur, je prends encore un peu plus de recul pour admirer le ciel qui se dégage gentiment et ce paysage combiné de vaches, de cimes et de la silhouette du fort qui domine le lac. La prochaine fois, je monterais vers le Plan des Cavales pour le voir vraiment de dessus.
Quelle belle surprise que cette randonnée au Pas de la Beccia ! J’avais initialement en tête de gravir le Signal du Petit Mont-Cenis mais sur les bons conseils de mon sac de sable préféré qui se trouve être un local de l’étape, je suis parti sur la route des forts et c’était parfait avec quelque chose comme 640 mètres de dénivelée pour la première partie et un gros 200 mètres pour accéder au Fort de Ronce.
Pas de doutes en tout cas, je pense que je reviendrai randonner dans le coin, la chaîne face au Pas de la Beccia étant bien trop tentante pour ne pas être arpentée et j’ai bien envie d’arriver au Signal du Petit Mont-Cenis à 3162 m !