24h du Mans – La course et Nissan Deltawing – l’innovation et la passion pour gènes

Deltawing, vous en avez forcément entendu parler. Vous en avez même surement entendu plus parler que de la (brillante) victoire d’Audi, du retour tonitruant de Toyota (malheureusement achevé dans la douleur) et assurément plus que de la catégorie LMP2 pourtant exceptionnelle, sans même parler des deux catégories de GT engagées aux 24 heures du Mans. Le projet est ancien, il a quelque chose comme quatre ans… Révolutionnaire ? Quatre ans ? Oui, ça l’est toujours et ça le sera encore pendant quelques temps car depuis juin 2011 et la sélection du projet comme « garage 56 » pour l’édition 2012 du Mans, les choses se sont accélérées.

Ben Bowlby, qui avait inventé le concept d’origine, s’occupe alors avec All American Racers de concevoir précisément la machine, déroulant simulations et calculs en tous genres, au point de convaincre Michelin de rejoindre l’aventure et de développer des pneumatiques uniques. Imaginez, les pneus avant sont de taille équivalent à ceux d’une 2CV Citroën ! Drôle de bestiole. Une batmobile ? Oui. Darren Cox l’affiche sur son profil Twitter : I AM BATMAN (ce mec est AUSSI celui qui a créé la GT Academy… comment dire…). Au delà de la prouesse technique et de l’inventivité qui président à la création de cette machine reposant sur un ancien châssis Aston AMR1, il y a une formidable machine à communiquer. Très performante, très légère, consommant très peu et n’usant pas ses pneus et ses plaquettes, Deltawing s’annonce comme une autre vision de l’automobile de course et d’endurance. Le 4 cylindres de 1.6 qui développe à l’origine 190ch sur le Nissan Juke est ici porté à 300ch, ce depuis début mars 2012, date de l’arrivée de Nissan Nismo dans l’aventure. Mars 2012. Juin 2012. Trois mois pour lancer la machine… Fous furieux. D’ailleurs, à l’époque, c’est ce que tout le monde se dit en découvrant les premières images onboard.

3 juin 2012. Les essais libres. Et déjà la sensation de faire face à un ORNI. Incroyable. 16 juin 2012. Départ des 24 heures du Mans, la Deltawing y est enfin, dans le grand bain, avec ceux qui ont fait la légende du Mans : Audi. Toyota qui revient. Il y a aussi Ferrari, Corvette, Aston Martin et tant d’autres prototypes LMP1 et LMP2. Alors oui on voit des monstres comme celui-ci, celui-ci ou ceux-là.

Et puis on voit ça…

QUEL EST LE FUCK ? Et comment diantre est-ce que ça tourne ce truc ? Et puis ça freine ? Oui, ça tourne. Oui, ça freine. Bien même puisque la Deltawing avec ses 100 jours d’existence fait jeu égal avec certaines LMP2 et s’est offert le luxe d’améliorer ses temps tout du long de ses six heures de participation ! Marino Franchitti et Mickael Krumm l’ont dit : Deltawing ne se conduit pas comme une voiture « traditionnelle » : pas de freinage dégressif, pas d’accélérations progressives… On freine, fort. On braque, on accélère et le train arrière se place tandis que l’avant guide… Au final, 5 à 6 secondes gagnées au tour ! Et ce n’était que le début… Si seulement la Toyota ne l’avait pas emboutie…

Je parle de faits de course mais cela fait partie du Mans, quoiqu’on en dise. Ce n’est d’ailleurs sûrement pas Audi qui viendra me contredire avec les accidents consécutifs d’une Ultra et d’une e-Tron à seulement deux heures de la fin de course ou encore ce freine-tard qui a failli dire bonjour aux graviers de la Dunlop…

En LMP2 comme en GT, la bataille a fait rage en tout cas, le hasard n’épargnant personne, les arrêts aux stands se succédant jusqu’aux ultimes minutes. Le spectacle de ces 24 heures du Mans était surréaliste. Foisonnement dans les stands par moments, calme plat à d’autres. Bouillonnement sur la piste avec des sorties de pistes et autres accrochages, tours qui s’enchaînent quand tout allait bien pour tous.

Ces 24 heures de course furent en tout cas un mélange d’émerveillement face à ces machines conduites par des fous furieux et de frustration de n’avoir pas vu la DW passer la nuit et nous offrir des images sublimes au Tertre Rouge au lever du jour. Qu’importe, l’aventure était là, la Deltawing et Nissan ont brillé comme rarement lors de ce weekend qui en annonce bien d’autres.

Rendez-vous l’année prochaine… D’ici là, on pourra toujours se consoler avec les (autres) fous furieux de Top Gear, venus célébrer Deltawing avec leur propre vision ! Décidément, il y avait comme un vent d’innovation, d’esprit pirate et de révolution sur cette édition du Mans.