Extrême Ouest 2023 – en route pour Ouessant

Après Aix-Milan et juste avant Pau-Bilbao, il y avait pile la place de caler un autre événement longue distance… Après, était-ce bien raisonnable d’enchaîner un premier périple de 500 bornes, rentrer une journée à Paris et repartir aussitôt pour une traversée des Pyrénées ? Pas vraiment. Après, je voulais aussi choisir quelque chose de « pas trop dur ». Et puis on ne vit qu’une fois. Sans oublier que j’avais très envie de fêter mon anniversaire sur le vélo. Extrême Ouest cochait donc toutes les cases puisque 500 bornes en 4 jours, une trace route, je sais faire. Vivre une fois, aussi. Quant au 27 septembre, il tombait pile pendant l’événement.

Mais Extrême Ouest, c’est quoi, au fait ? Tout a commencé par une story Instagram de l’une des ambassadrices (@sofigato pour ne pas la citer), annonçant sa participation à l’événement. Je clique sur le lien et là, je vois qu’il s’agit en réalité d’une alliance entre Mad Jacques, créateur d’événements festifs et joyeusement déjantés et Komoot, l’application rando / vélo / aventure qui te fait passer par des « petits coins sympas » (aussi appelées komooteries) quand tu crées tes traces en l’utilisant (en vrai, ça va, mais faites gaffe aux pourcentages des pentes…). Le programme ? Paris – Ouessant pour les pur·e·s, les dur·e·s, 1000 km en 5 jours. Ou Rennes – Ouessant, 500 km en 4 jours.

Voilà un bon compromis, avec de la Bretagne en veux-tu en voilà ! Surprise du chef, Raphaëlle est encore de la partie et on va en profiter pour tester au calme l’organisation de Pau-Bilbao : tente 2 places, partage des affaires, etc. Car le gros avantage de l’organisation Extrême Ouest, c’est que c’est bien positionné en terme d’offre : festif / pas dur = les weekends Mad Jacques, festif mais pas trop / moyen dur = les weekends Poco Loco, en autonomie / dur = les 700 km Poco Loco. Ici, on commence à toucher à l’autonomie avec les deux traces mais il y a aussi l’esprit Mad Jacques qui est là : safezones pour dormir, check-points, ravitos surprise, passeport à tamponner, grosse fiesta à l’arrivée, etc.

Si j’ai aussi signé pour Extrême Ouest, c’est parce que la destination me fait absolument rêver. Aller sur Ouessant, au bout du bout de la France continentale. Après ça, l’océan. Au début, je m’étais même tâté à rester une semaine supplémentaire pour découvrir Ouessant puis, sur le retour, m’arrêter à Molène. Le programme sera un peu plus court car je ne peux pas imaginer quitter Ouessant le lendemain de mon arrivée, chose que l’organisation propose en base. Mais bref : nous voilà avec Raphaëlle au camping qui hébergera une bonne partie des participant·e·s de la trace 500.

Il y a foule de bêtes en tous genres, poules et chatons mignons en tête mais aussi des cyclistes avec qui le courant passe bien dès le départ. En attendant que le check-in ouvre officiellement, nous faisons connaissance avec Aline, Auranne, Dorian (il est né le 27 septembre lui aussi !), Aude et Maud. Première expérience longue distance pour beaucoup, même si certain·e·s ont déjà voyagé à vélo ou couvert de longues distances à la journée. De notre côté, j’ai envie de dire qu’on est détendus et qu’on envisage ça comme une sorte d’échauffement pour Pau-Bilbao. Trop de confiance ? Assurément…

Jour 1 / objectif océan

Après une nuit passée à Rennes chez une amie pas vue depuis bien trop de lustres, l’histoire Aix-Milan se répète : on rate notre sas départ ! Bon, on notera quand même qu’à Aix, nous avions pas loin de 30 minutes de retard. Là, seulement 5 puisque nous croisons le gros groupe dans la première montée qui quitte le camping. Tout le monde a l’air bien frais, je tente de faire quelques photos à l’arrache et… elles seront pour la plupart floues. Trop tôt, trop vite, pas assez réveillé. Vincent et Mathias, respectivement M. Mad Jacques et M. Komoot, sont quant à eux bien réveillés et tout sourire sur la ligne de départ. La plupart des tentes ont disparu et le brouillard baigné de soleil donne au lieu une atmosphère très particulière.

Nous prenons la route à deux, comme sur Aix-Milan ! La différence, comme je le disais, c’est que nous avons pas mal de points de rendez-vous à trouver sur la trace, afin d’y faire tamponner nos passeports. Le premier, après une crevaison quasi immédiate de Raphaëlle, nous permet de rattraper un gros paquet de cyclistes, parmi lesquels Anne-Louise, croisée sur Along et qui a finalement pu s’engager ici ! Plaisir de retrouver des visages connus et sympathiques, une fois encore ! Il y en a d’ailleurs d’autres puisque Marine, avec qui j’avais roulé le dernier jour d’Along est aussi là, un peu plus loin.

Les kilomètres s’enchaînent tranquillement, au gré des courtes descentes et montées dont le pays breton est si friand. Il fait un temps splendide, le bocage breton nous protège des quelques km/h de vent du jour, tout – va – bien. Sauf le genou de Raphaëlle, qui commence à chauffer et grogner. Changer sa selle d’un vélo à l’autre n’est pas chose forcément conseillée, surtout si on l’a fait la veille du départ… Mais qui n’a jamais fait de bêtise, hein ? En tout cas, l’échauffement est effectivement un échauffement, celui d’un genou qui refuse de se calmer malgré quelques tentatives de réglages divers et variés.

Nous sommes presque au bout des 170 kilomètres du jour quand nous atteignons l’océan, à hauteur de Saint-Brieuc. Premier objectif atteint, pause photo obligatoire, découverte soudaine de la team Brompton (coeur sur vous) et puis on rencontre William et Etienne, avec qui le courant passe aussi immédiatement. Sans se consulter, nous sommes tous quatre en train de chercher à réserver une table à la crêperie du village qui nous accueille ce soir-là ! William est le premier à obtenir l’appel et voilà qui est chose faite : nous dînerons ensemble !

Mais la journée n’est pas finie, loin s’en faut. La Bretagne n’est pas plate, je le sais bien et d’autres le découvrent. En fait, elle regorge de raidards casse-pattes et chaque passage d’un bout de plage à un autre bout de plage est un prétexte pour te caler quelques centaines de mètres à 10%, pour le plaisir ! Les mappeurs d’Extrême Ouest ne s’y sont pas trompés et ont glissé lesdits raidards sur les derniers kilomètres… Ces dernières montées, c’est aussi l’occasion de retrouver Marion, déjà vue en Bretagne (décidément !) lors du weekend Poco Loco !

Le village de Trégomeur nous semble à toutes et tous bien plus loin qu’on ne le pensait et ces 13 ou 14 derniers kilomètres vaudront bien une double crêpe le soir. La safe zone, le terrain de foot de Trémogeur, est parfaitement abritée du vent et quand nous arrivons, il y a déjà une belle foule. Tente montée, douche expédiée, direction la crêperie avec une foule d’autres cyclistes (dont Matthieu – super récit à lire ici, qui me doit toujours une bière). La bière coule toute seule, les crêpes aussi, la nuit sera bonne, avec l’espoir aussi que ce maudit genou se calme.

Jour 2 / 40 ans au compteur

Cette seconde journée va nous emmener en terre connue : les Côtes d’Armor, Lannion, Saint-Michel-en-Grève ou encore Ploumilliau dont j’ai vanté l’incroyable charcuterie. C’est d’ailleurs Ploumilliau qui nous accueillera ce soir-là, si tant que nous réussissions à bien avancer sur cette seconde journée. Le genou de Raphaëlle semble aller mieux au petit matin, alors que nous remballons le matériel et faisons un arrêt à la crêperie du soir, ouverte spécialement ce matin pour nous avitailler avec un petit-déjeuner copieux et délicieux (coeur sur eux) !

Café avalé et crêpes bien calées dans l’estomac, c’est parti et ça attaque direct avec du gravel (quoi ? hein ?) et des raidards qui s’enchaînent ! Les groupes se font et se défont, pour mieux se retrouver au premier check-point du jour, les Cochons Flingueurs. Nouveau café, bière pour certains (hein ? quoi ?), mon téléphone quant à lui vibre, s’illumine ici et là de notifications diverses et variées. Il paraît que j’ai 40 ans… mais je n’aspire qu’à une chose : rouler, photographier, kiffer cette journée et ce soleil qui illumine l’océan en face de nous.

Je perds Raphaëlle à un moment, elle temporise pas mal les montées car le genou, en fait, ne va pas vraiment mieux. Enfin, vaguement, seulement. Le mal est fait. Je roule à ce moment avec Emmanuelle et quelques autres, dont les prénoms – qu’ils me pardonnent – se sont quelque peu évanouis de ma mémoire ces dernières semaines. Il faut dire que j’ai passé 40 ans. La côte que nous longeons est en tout cas superbe et nous arrivons au check-point / traquenard du jour : un ostréiculteur. Alors, forcément, on mange local et le temps s’écoule, doucement mais très sûrement.

La remontée depuis le littoral se passe curieusement bien, alors que toutes et tous en avaient peur ! Il faut dire que ça filait vite à la descente mais la pente n’est finalement pas si phénoménale que ça. Est-ce qu’on ne serait pas toutes et tous en train de s’habituer à la Bretagne ? Nous atteignons sans mal Paimpol et longeons la très fameuse abbaye de Beauport. Les moustiques sont nombreux et se réjouissent qu’un couillon de photographe s’arrête pour immortaliser un certain nombre de cyclistes…

Après une nouvelle pause boulangerie, la route continue quand mon téléphone s’illumine de nouveau, avec force. Vincent (M. Mad Jacques, pas moi hein) m’alerte qu’une certaine Nadine, boulangère et pâtissière, m’attend à Tréguier. Moi, naïf, je me dis que l’organisation d’Extrême Ouest a prévu un gâteau pour mes 40 ans (ils sont au courant, après tout). J’arrive à Tréguier et je rencontre effectivement Nadine, qui a une belle part de gâteau pour moi ainsi qu’une bougie.

Mais, comment ? Eh bien, c’est Aurélia, restée à Paris, qui a fait des pieds et des mains pour : trouver une boulangerie ouverte sur ma route, la convaincre de m’organiser ça, trouver le 06 de Vincent et le harceler pour que je sois prévenu discrétos… Être sur le vélo pour mes 40 ans était déjà un très beau cadeau, en voilà un second, délicieux ! Difficile de reprendre la route après cela, j’ai séché mes petites larmes d’émotion mais j’ai la tête un peu ailleurs.

Le soleil nous attend en face de Perros, mais la pluie commence à arriver et nous cueille à hauteurs des granits de Ploumanac’h. Ayant la flemme de sortir le coupe vent et voyant que l’averse ne va guère durer, je patiente sous un pin, bien au sec. Il me reste ensuite à cravacher pour rattraper Raphaëlle, dont le genou ne va toujours pas mieux et le reste de la troupe qui s’éparpille petit à petit à la recherche de nourriture. De notre côté, c’est simple, on a réservé à la crêperie de Ploumilliau dès le matin, la sachant excellente (elle l’est) et courue !

Les derniers kilomètres, avec un soleil couchant à tomber et une lumière diaphane, sont un régal autant qu’une torture car la fatigue s’accumule un peu. Une mauvaise nouvelle est arrivée, également : la charcuterie de Ploumilliau est fermée pour congés. Pire, la poissonnerie aussi et une des boulangeries également. C’est : une catastrophe. Je me réjouissais terriblement de retrouver ces lieux mais aussi de voir tant de gens les découvrir. Tant pis, on se « contentera » de l’excellente crêperie avec une bonne bière à l’auberge centrale du village pour bien commencer.

Jour 3 / rouler solo, rouler bobo

Le gymnase et le terrain de foot de Ploumilliau se réveillent doucement, sous un ciel grisâtre et une petite fraîcheur qui tranche avec les jours précédents. Les participants d’Extrême Ouest se retrouvent au bar du soir pour avaler leur café, dépouillant également la seule boulangerie ouverte, avant de filer le long de la route côtière de Saint-Michel-en-Grève. Je ne pensais pas la prendre à vélo, celle-là et franchement, c’est la seule zone pourrie de la map concoctée par Extrême Ouest… J’aurais préféré rester dans les terres, j’aurais peut-être dû, d’ailleurs, connaissant le coin.

Mais au delà de ces considérations automobiles, le fait est que l’état du genou de Raphaëlle a empiré et qu’après seulement une dizaine de bornes, à hauteur de Plestin, elle souffre déjà le martyre. Parfois, il faut savoir s’écouter et abandonner, surtout quand on a un Pau-Bilbao dans les semaines qui suivent. Une rapide discussion et sa décision est prise : pas de vélo aujourd’hui ou alors le minimum légal pour rejoindre Morlaix, prendre le train et ensuite un bus pour atteindre notre lieu de villégiature du soir. Nous dormons en effet en dur, l’organisation Extrême Ouest ayant confirmé en toute dernière minute que finalement, il y avait des douches sur la safezone (j’étais pas prêt pour ne pas me doucher).

Voilà donc que je me retrouve à rouler seul, totalement seul, les autres ayant pris entretemps la poudre d’escampette. Je dois peu ou prou être le dernier sur la trace et je rentre alors en mode bourrin. Objectif donné pour me filer la patate : rattraper plein de monde ! Or, ce qui est faisable sur une journée ne l’est pas nécessairement quand les kilomètres s’accumulent sur route, toujours dans la même position sur la selle et que celle-ci n’est pas si bien réglée que ça. Vous voyez la suite venir ?

Je rattrape du monde, oh ça oui. L’abbaye du Relecq accueille une vaste troupe, je m’arrête bien sûr pour tamponner et papoter avec les copains mais je repars rapidement après un café. Toujours envie de rouler et puis, je sais que les Monts d’Arrée nous attendent de pluie ferme ! Je roule pendant un bon moment avec un participant de la 1000. Pierre, qui roule aussi avec un Triban Ti900, roule clairement plus fort que ce que devrais faire et je me motive pour le suivre et tenir un bon rythme. Le sommet du Mont Saint-Michel-de-Brasparts est atteint en trois coups de pédale…

Nous le quittons tout aussi vite car il n’y a rien à voir ! Je l’aurai donc connu en plein soleil et verdoyant, dans une ambiance un peu plus printanière et après l’incendie et maintenant dans une ambiance « spooky armorique »… Le dernier check-point est une boulangerie sublime à Saint-Cadou, village où j’avais dîné avec Camille après le weekend Poco Loco Bretagne. Le ravito du jour est d’ailleurs situé à deux pas du camping où j’avais dormi, sur le bord du lac du Drennec.

C’est aussi là que je croise Sophie, qui roule avec Etienne et William. J’avais entendu parler d’une femme roulant en single speed, la voilà ! En danseuse à peu près partout où ça grimpe ! Quelle performance physique et mentale que de participer à un événement comme celui-ci avec ce genre de machine. C’est enfin là et aux alentours de Sizun que mon propre genou droit se signale à moi. La douleur n’est pas encore terrible mais elle est là, indéniable.

Je passe les derniers kilomètres de la journée avec Maud et Auranne, avec Sandra également, croisée au petit matin du second jour, dans les sections gravel destinées à nous réveiller ! Nous atteignons ensemble la safezone, basée à Plounéventer et finalement assez accueillante. Je ne m’y arrête pas, il me reste encore une grosse dizaine de kilomètres à faire jusqu’à Lesneven. Le genou couine, grince, mes dents aussi. Voilà qui m’apprendra à rouler comme un c** et surtout à ne pas m’écouter vraiment, moi qui me trouvait toujours un peu « bas » sur le vélo.

Jour 4 / et au bout, les îles

Voilà, on touche au but avec un peu moins de 120 kilomètres à parcourir ce jour-là. Le ciel bleu est de retour, la forme du genou de Raphaëlle aussi et le mien, ma foi, le mien, il va falloir composer avec la douleur. La trace est heureusement sublime et c’est aussi la journée où il y aura le moins de dénivelée, double bonne nouvelle. Les villages croquignolets, phares et étendues sablonneuses s’enchaînent, on aperçoit aussi une maison fort connue coincée entre deux rochers, le mode « tourisme » est totalement activé sur cette dernière partie d’Extrême Ouest.

Une pause café, un peu de surf à vélo sur un tronçon recouvert d’algues et c’est reparti pour tomber rapidement sur un petit groupe de cyclistes. Un vélo est retourné, des médecins improvisés s’affairent sur la bête. Une patte de dérailleur a décidé de rendre l’âme, un nouveau single speed est en train de voir le jour ! Le ravito du jour n’est ni plus ni moins qu’une brasserie. Chez Extrême Ouest, on sent bien l’amour de Mad Jacques pour les traquenards et je ne me laisse pas avoir, il reste encore des bornes à parcourir.

En revanche, le dernier check-point où tamponner le passeport est un pub. On ne rentre pas dans un pub sans consommer, c’est mal. Surtout quand il ne reste plus qu’une vingtaine de kilomètres à parcourir, qu’il y a un bon petit soleil des familles et une splendide brochette de vélos contre le mur d’en face. Le petit demi coule tout seul, pas assez pour atténuer la douleur du genou malheureusement. Boire plus ? Non. On reprend la route au milieu de paysages toujours plus sublimes ; impossible de se lasser, difficile à décrire.

L’arrivée au Conquet se fait en deux étapes. Nous filons d’abord en centre-ville, dépassant le camping qui a spécialement rouvert pour Extrême Ouest, afin d’aller faire le plein pour l’apéro et le dîner, quand bien même un food truck est prévu sur place. La petite côte du retour pique les jambes et termine le genou, l’arrivée au camping est un soulagement. Les bières fraîches sont ouvertes, la tente se monte presque toute seule, la vue est incroyable et la soirée qui suit, à la fois animée et calme, est un délice. Bons burgers, bonnes bières, bon vin, gens bons. 565 kilomètres depuis Rennes, on a toutes et tous de quoi être fier ce soir-là !

Jour 5 / adieu, Continent ; bonjour, Ouessant

Petit matin, juste avant le lever du soleil, des têtes fatiguées émergent ici et là des tentes éparpillées sur le camping. C’est le jour J, celui pour lequel tout le monde a souffert et pris du plaisir, celui pour lequel on a toutes et tous roulé. Nous disons adieu au continent et bonjour à Ouessant. L’organisation nous a gentiment mis la pression sur notre ponctualité et après avoir avalé notre café / petit-déjeuner en centre-ville du Conquet, on comprend très bien pourquoi en arrivant au port !

Ce ne sont pas un mais deux navires qui ont été réservés pour Extrême Ouest : l’un embarquera les vélos tandis que l’autre s’occupera des humains. Au delà des ravitos, des safe zones et autres, le coût de l’inscription prend soudainement tout son sens. Toutes et tous chargent consciencieusement les vélos sur les plateformes, intercalés de carton pour éviter les bobos. Le ballet de la grue qui les charge ensuite en cale puis sur le pont supérieur est fascinant à observer. On s’en arrache pour aller faire quelques courses complémentaires en ville, avant de revenir pour l’heure dite, celle du départ.

L’embarquement est un peu laborieux mais méthodique, l’ambiance s’échauffe doucement avec la perspective d’une traversée à la fois ensoleillée et calme. Personne n’aurait parié sur des conditions météorologiques aussi clémentes pour rejoindre l’Extrême Ouest de la France, l’île d’Ouessant ! C’est pour tant bien ce qu’il se passe alors que nous quittons la rade du Conquet pour traverser ce petit bout d’océan qui nous sépare des îles. Calme au départ, l’équipée de cyclistes se détend et s’anime.

Les sourires, parfois fatigués, parfois larges, sont légion. Chacun y va de son petit café, de son léger mal de mer, de sa bière et enfin de son enceinte portable. Cet engin du démon quand il est mal utilisé sert ici à mettre l’ambiance, le drapeau de l’organisation volant au vent dans le même temps ! L’animation se calme alors que Ouessant apparaît. Le phare du Stiff domine la falaise, l’accostage se déroule sans anicroches et nous récupérons rapidement nos vélos dont l’immense majorité est déjà déchargée du premier navire.

Il ne reste plus qu’à traverser l’île, en direction de la pointe la plus à l’ouest de l’île. La relâche est totale, la fatigue aussi et c’est dans ces conditions qu’il faut malgré tout rester concentré. Une très vilaine chute se déroule juste devant moi, à une trentaine de km/h ! Une chaussure et sa semelle ont décidé de se séparer en pleine accélération. Cela aurait pu être hier, ou demain, cela arrive pile avant l’arrivée, à l’entrée de Lampaul. Cycliste sécurisé, rien de cassé, beaucoup de frustration, une arcade sourcilière qui a connu de meilleurs jours. L’inquiétude s’évanouit doucement, on se reverra le soir au dîner et à la soirée. Ouf.

C’est le coeur un peu lourd malgré tout que l’on reprend la route pour nos derniers kilomètres. La silhouette du légendaire phare du Créac’h domine la fin du parcours, au milieu de la lande parsemée de modestes maisons et d’autant de moutons. La route disparaît pour laisser la place à une belle piste gravel qui ondule, grimpe un peu avant que l’horizon n’apparaisse enfin, dégagé. L’Extrême Ouest est là, au bout de cette descente. Lande oscillant entre diverses couleurs, piste grisâtre, ciel moutonneux et océan d’azur, cyclistes émerveillés dispersés ici et là ; le tableau idéal de ce dernier kilomètre restera à jamais ancré dans ma mémoire.

Le dernier pique-nique d’Extrême Ouest se déroulera là, après avoir fait tamponner une avant-dernière fois le passeport de l’aventure. Vélos déposés ici et là, les petits groupes se posent, déjeunent, papotent, font la sieste, au soleil. Conditions idéales, fin idéale, il est difficile de s’arracher de là pour rejoindre le dernier check-point, déposer les sacs et autres au logement loué pour les jours à venir et accepter le fait que l’aventure est en train de s’achever.

Il reste toutefois le dernier soir, avec un banquet et un concert, une distribution de prix également puisque différents lots étaient en jeu pour pimenter l’aventure. C’est l’avantage de cette organisation qui nous fait toutes et tous converger en un point. Ce regroupement final si agréable n’est possible qu’ici et pas, ou en tout cas beaucoup moins, sur les Poco Loco où l’autonomie et les rythmes très différents (route + gravel en sus) éclatent forcément la troupe globale. J’avoue avoir apprécié ce dernier moment toutes et tous ensemble, surtout que notre côté, nous ne reprenions pas le bateau pour le continent dès le lendemain matin.

Conclusion pour cette première édition de Extrême Ouest ? J’ai adoré l’organisation, l’ambiance, le fait d’être gentiment pris par la main pour ce qui est et reste une belle aventure. J’ai honnêtement moins aimé le fait de rouler uniquement sur route pendant autant de jours, je m’en doutais un peu et cela vient simplement confirmer ma plus grande appétence pour le gravel. Un format « Extrême » gravel serait donc, de mon point de vue, le bienvenu et cela permettrait aussi à l’organisation de rendre l’expérimentation plus douce que d’autres événements pour les néophytes !

Pour le reste, ne changeons rien. Rendez-vous est dans tous les cas pris pour une prochaine édition. Mad Jacques et Komoot ont d’ores et déjà annoncé la tenue d’au moins un événement « Extrême » en 2024, peut-être même deux. Ce sera soit l’Ouest de nouveau, mais avec une nouvelle trace, soit un autre point cardinal. A tout hasard, le sud… ?  Je ne connais pas encore les dates mais je suis d’ores et déjà en train de faire de la place dans mon calendrier !

La galerie photos de Extrême Ouest, entre Rennes et Ouessant :

Jour 0 / l’arrivée à Rennes
Jour 1 / de Rennes à Saint-Brieuc
Jour 2 / de Saint-Brieuc à Ploumilliau
Jour 3 / de Ploumilliau à Lesneven
Jour 4 / de Lesneven au Conquet
Jour 5 / du Conquet à Ouessant
La collection Komoot de Extrême Ouest :

à venir