Alicudi et Filicudi – le désert paradisiaque des Éoliennes ?

Je triche un peu avec le programme de visite des îles Éoliennes en reportant d’une journée l’ascension du Stromboli et la rapide découverte de Panarea pour parler des deux plus jeunes, petites et isolées îles de l’archipel : Filicudi d’une part, Alicudi d’autre part. Cette dernière est celle que je découvrirai en premier lors de cette journée d’escapade et c’est celle qui m’aura laissé le plus marqué car sur cet îlot vivent encore 40 personnes à l’année, le reste des maisons étant inhabitées ou servant seulement de résidences touristiques ou secondaires. Il n’y a pas de routes, simplement des chemins escarpés recouverts de pierres massives et quelques sentiers menant au sommet et de l’autre côté du cône parfait que l’on découvre en arrivant par la mer. Paradis perdu ?

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Le bateau s’approche et les deux portions du village apparaissent clairement. La première est située dans les hauteurs et sa séparation de l’autre zone, littorale quant à elle, est marquée par l’existence de deux églises ! L’une sert pour les habitants du haut, l’autre pour ceux du bas. On retrouvera d’ailleurs le même fonctionnement sur l’ensemble des îles mais plus particulièrement sur Filicudi et Alicudi. C’est beaucoup moins drôle pour l’officiant s’il est seul et qu’il doit se coltiner un chemin de croix à chaque occasion ! Enfin, trêves de considérations religieuses, le port est là et en se concentrant un peu, on découvre un élément étonnant, typique de cette île.

Oui, des ânes. Ils sont indispensables aux habitants et servent à peu près à tout, du transport des matériaux de construction à celui des courses de la journée ! Je ne sais pas si chacun des 40 irréductibles possède le sien mais j’en aurai vu une bonne dizaine au total lors de ce rapide passage dans l’île. Rapide en effet et il ne fut donc malheureusement pas question de grimper jusqu’au sommet de l’île ou même jusqu’à la seconde église. Les quelques centaines de mètres parcourus donnent un premier aperçu de ce à quoi les habitants sont confrontés : l’isolement. Cet endroit doit constituer une retraite merveilleuse pour quiconque souhaite s’isoler un peu du monde en cultivant son jardin et en regardant les éléments marins venir se fracasser sur le volcan (on y capte toutefois remarquablement bien la 3G).

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Il est temps de quitter l’île tandis que l’un des deux ferries quotidiens accoste pour le ravitaillement et pour récupérer le camion à ordures déposé là pour la matinée ! C’est l’occasion de se rendre compte une dernière fois de l’aspect microscopique de l’île.

Direction Filicudi cette fois-ci, que l’on aborde par la côte ouest, dénudée et quasiment abandonnée, marquée par un gigantesque faragliono. Le spectacle est sauvage et là-aussi, on se dit qu’on passerait bien quelques temps ici, coupé du monde (à la 3G près, excellente en réception / émission).

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On continue le petit tour en passant devant la grotta del bue marino, dans laquelle nous ne pénétrerons malheureusement pas, faute d’un bateau trop grand ! Dommage, car il paraît que c’est l’une des plus belles des Éoliennes… Le spectacle de la roche dénudée et érodée, si typique des coulées volcaniques, est néanmoins magnifique.

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On aborde ensuite la partie habitée de l’île : Pecorini, Filicudi Porto et Valdichiesa. Le débarquement se fait au niveau du port, principale rade de l’île et c’est à ce moment que l’on déchante. J’aurai bien l’occasion de faire le tour de l’île avec l’un des habitants, adorable mais je vais avoir du mal à oublier le reste des autochtones. Ils sont 400 à vivre sur l’île à l’année et pour ne rien vous cacher, je pense qu’il n’y a pas beaucoup de sang neuf qui coule dans leurs veines. Voilà. La consanguinité, au bout d’un moment, ça se voit.

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On quitte donc Filicudi sans trop de regrets et en tentant de ne conserver en tête que les véritablement magnifiques paysages qu’elle procure ! Alicudi et Filicudi sont indubitablement des îles à part dans les Éoliennes, désertiques, rudes et sans concession. Il y fait assurément bon vivre pendant un temps et je n’aurais aucun mal à aller m’isoler quelques semaines sur la plus petite et plus secrète de ces îles. De là à y vivre ? Non. Les gens sont… étranges, là-bas.