La Maison des Derviches – Ian McDonald

maison_dervichesComme je le disais il y a déjà quelques semaines : je me remets doucement mais sûrement à lire et après les Ferrailleurs des Mers de Paolo Bacigalupi, je me devais de continuer sur ma lancée en ouvrant ENFIN un livre que j’avais pourtant attendu avec une impatience énorme : le dernier ouvrage de Ian McDonald, La Maison des Derviches.

Ian McDonald, vous le savez, m’a déjà retourné le crâne un certain nombre de fois, que ce soit avec son splendide Fleuve des Dieux ou même avec des ouvrages comme Desolation Road. J’attendais donc beaucoup de ce bouquin annoncé comme étant dans la même veine technologique que le Fleuve des Dieux mais dans une Turquie en pleine mutation, sociale, économique, religieuse et technologique.

Istanbul, reine des Cités, tient un rôle majeur dans le livre, elle vibre, elle respire, elle vit et entraîne dans un tourbillon éreintant les différents protagonistes du livre. Tout commence par un attentat. Sept jours plus tard, le livre sera terminé et les différents points de vue se seront mêlés, croisés, l’histoire aura pris forme. Comme à son habitude, Ian McDonald nous perd pour mieux nous époustoufler. Difficile en effet de comprendre le lien entre un trader, une antiquaire, un vieil immigré grec, un enfant malade ou encore un jeune illuminé. Les nanotechnologies ? Pas seulement. La religion ? Pas seulement. Le futur d’Istanbul ? De même. Une vieille légende de miel ? Non plus. C’est un peu de tout cela et rien de tout cela à la fois. McDonald nous peint un tableau fantastique d’une vie stambouliote oscillant entre classicisme et modernité assumée. Hasard de lecture, j’ai commencé ce livre quelques jours avant l’embrasement de la ville face à Erdogan.

Il flotte en revanche dans ce livre un léger parfum d’opposition à la religion, quelle qu’elle soit même si ici c’est l’islam qui est pris pour cible. Réflexion sur cette religion ou bien sur le fanatisme religieux au sens large ? Je n’ai pas la réponse mais je préfère nettement la seconde option. Enfin, parallèle avec le Fleuve des Dieux : ce livre introduit certes de nouvelles idées sur une technologie encore fantasmée, il nous présente des personnages attachants et une histoire clavetée au millimètre, mais il nous assène à la fin une énorme envie de continuer l’aventure, d’ouvrir un second tome, de savoir enfin quelle va être la future révolution technologique ! Bluffant auteur que celui-là, capable de créer un monde et d’ouvrir des portes attenantes afin de mieux emprisonner son lecteur.

Le bilan est par conséquent excellent : idées, personnages, environnement, chute, interconnections, concepts, tout est parfaitement maîtrisé et agencé, faisant de cette Maison des Derviches une indéniable réussite qui m’aura transportée le temps de quelques semaines dans une ville que je rêve de découvrir. Un Fleuve des Dieux bis, une nouvelle claque…