Essai – Nissan Juke NISMO RS

Il y a maintenant un peu plus de 2 ans (vachte), j’essayais la mouture énervée du premier des crossovers : le Juke NISMO. La bestiole était amusante, bien fichue et équipée, pas très très rigoureuse non plus pour ce qui était de passer le couple au sol et de tenir le choc du côté des freins. En revanche, pour le prix demandé, il est clair que c’est une affaire et que ça l’est toujours. Voiture attachante, pas tout à fait GTi puriste dans la réalisation mais bien au rendez-vous du fun et d’une certaine forme de décomplexion assumée. A l’époque, il y avait également des prototypes qui nous attendaient, prototypes qu’on appelait « Spec-V » mais qui ont depuis changé de nom : voici donc le Nissan Juke NISMO RS.

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La recette extérieure n’évolue pas beaucoup par rapport au Juke NISMO standard, suffisamment toutefois pour que les têtes se retournent avec attention en découvrant la voiture. Capital sympathie augmenté dira-t-on, bien aidé par le facelift à mi-vie qui redynamise la ligne de la voiture, toujours aussi singulière. Les boucliers avant et arrière sont encore plus massifs, les traits sont bodybuildés et assumés, donnant au Juke un air de hamster sous stéroïdes plutôt réjouissant. On note également l’arrivée d’un spoiler à l’arrière et d’une canule d’échappement de plus grand diamètre, ainsi que des ailes plus larges et prononcées. Pour ne tromper personne enfin, les badges NISMO que l’on trouve à l’avant et à l’arrière sont désormais accompagnés du logo RS. Simple, efficace, réussi, y compris les roues spécifiques de 18 pouces. Le design extérieur du Juke, toujours aussi clivant, ne m’a jamais paru aussi séduisant et assumé que sous ces traits vitaminés. Autant je n’aime pas certains petits crossovers comme le 2008 ou le Captur, trop convenus, autant j’aime le Juke pour ses traits singuliers !

A l’intérieur, j’ai surtout noté les évolutions liées au facelift du Nissan Juke. Les baquets coque Recaro optionnels étaient également de la partie, bien enveloppants et confortables à vivre malgré leur relative finesse. Pour le reste, on retrouve ce qui est l’une des forces du Juke : un excellent niveau d’équipements, des matériaux plutôt honnêtes dans leur réalisation et quelques touches de sportivité bienvenues. Parmi celles-ci, on note le volant partiellement en alcantara (cela aurai été bien de faire un 100% alcantara sur le RS, Nissan, hein), un pommeau / levier de vitesse recouvert de cuir avec le logo NISMO, un (fort joli) pédalier en aluminium et ce sera tout. Ah oui, il y a aussi le dessus des compteurs en alcantara, mais est-ce bien utile ? Bref : le Juke NISMO RS est certes sportif dans les détails mais pour le reste, c’est un Juke facile à vivre. Comme je le disais, les équipements sont au rendez-vous : écran tactile réactif (mais le système a pris un sacré coup de vieux côté typographie / graphisme général… il va vite falloir se mettre au niveau de ce côté), avertisseurs d’angle mort et de franchissement de ligne, essuie glace automatiques, feux automatiques, bluetooth bien fichu, clé « intelligente » et ainsi de suite. Le Juke NISMO RS peut tout à fait être une voiture à vivre au quotidien de ce point de vue, comme toute « GTi » moderne. On n’oubliera pas pour finir les compte-tours et tachymètres spécifiques !

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Le décor étant posé, il est temps d’appuyer sur le bouton d’allumage. Le « brap » qui s’échappe du cornet à l’arrière est sympathique, expansif mais pas trop. C’est déjà mieux que sur le NISMO mais c’est moins que sur les prototypes d’il y a deux ans. Je reste en mode Normal pendant un temps, le temps de me rendre compte que si la marque a travaillé sur la rigidité de la voiture, elle n’a pas changé la suspension du Juke NISMO RS. Ce compromis fait que la voiture reste plutôt confortable, voire même très confortable. Les raideurs de ressorts sont telles qu’elles amortissement même les dos d’âne qu’on a oublié de voir. C’est donc agréable à vivre et pour tout le reste, direction / boîte / moteur, la progressivité est au rendez-vous et la radicalité un peu moins. On peut vivre à bord du Juke NISMO RS et faire de longs trajets en famille sans passer chacun deux heures chez l’ostéopathe à l’arrivée. Ceci est bel, ceci est bon, mais est-ce vraiment le propos d’un « RS » ? J’ai comme un doute et j’attendais quelque chose d’un peu moins vivable au final.

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Alors, on passe en mode Sport et on y va franchement. La boîte est raide comme il le faut, peut-être même un peu trop si je veux chipoter mais les guidages sont très corrects, les débattements aussi. Ce n’est pas la meilleure boîte mécanique que je connaisse mais elle est agréable à manier et à emmener. A posteriori, je me dis que j’aurais bien essayé la version AWD avec la boîte 8 ! Du côté de la direction, c’est ferme et plutôt précis, là-aussi c’est un compromis en terme de sportivité qui me convient bien et qui fournit également le bon niveau de retour d’informations. Plaisant à l’usage comme à la rage. Du côté du freinage, un peu juste comme je le disais sur le NISMO, c’est mieux. Plus de mordant, des disques qui gagnent 20 mm de diamètre pour un peu plus de rayon efficace. Je n’en ai pas vu le bout mais cela manquera peut-être encore un peu d’endurance pour tenir les 1340 kg à vide (donc 1450 environ avec conducteur et divers bagages) de la voiture, quand bien même les disques arrière passent au ventilé. Le progrès reste néanmoins sensible et c’est un plus pour se sentir en liberté et sécurité d’attaquer.

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Je vous parlais tout à l’heure d’une canule plus grande du côté de la respiration moteur : la sonorité qui en ressort est meilleure, plus vivace et plus forte. Il n’empêche, j’attendais plus. Pas assez NISMO. Clairemnet pas assez NISMO RS. C’est dommage car le moteur grogne un peu dans l’habitacle et monte même un peu dans l’aigu à l’approche de la zone rouge, révélant un petit caractère sympathique qu’il me tarde d’essayer dans la Clio RS 220 EDC. Il s’agit bien sûr d’un bloc Nissan, qui sort désormais 218 ch et porte le couple à 280 Nm. L’étagement des rapports est correct et la mise en vitesse, linéaire, est également très correcte. Les 130 km/h sont atteints sans sourciller en fond de 3 si je me souviens bien et pour la suite, il faudra aller voir ailleurs. Bref : ce couple moteur / boîte fonctionne très bien, mieux que le NISMO de base et offre même une dose de caractère en plus. Prochaine étape : assumer sur le son au même titre qu’on assume sur le look.

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Et le dynamisme dans tout ça ? (non, parce que bon, les lignes droites…) C’est… mieux mais pas transcendant ! Le surcroît de rigueur apporté par la plus grande rigidité de la caisse et par le différentiel à glissement limité est sensible. Le couple passe mieux avec les roues braquées en 2 et en 3, là où le NISMO s’en sortait très péniblement et avait tendance à vouloir sous-virer en permanence. C’est bien mieux ici mais on prend encore un paquet de remontées de couple dans le volant, à tel point qu’on se demande à quoi sert le différentiel. Le fait est – on me corrigera si je me trompe – que la suspension reste encore trop douce et le centre de gravité trop haut pour bien plaquer en permanence les roues avant au sol. Le cabrage à l’accélération est toujours sensible et déleste d’autant l’avant. Autrement dit : on n’aide pas trop le diff’ à faire son boulot et c’est bien dommage !

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Vous l’aurez compris : c’est mieux mais il reste encore quelques potards à tourner pour placer le curseur du côté de la rigueur et de l’efficacité. Le Nissan Juke NISMO RS fait mieux que son petit frère, assurément, mais reste encore une voiture un brin vivante du train avant par rapport aux références du segment. Elles ne sont évidemment pas vraiment comparables mais j’attendais un peu plus de ce différentiel et des évolutions châssis du RS car pour le reste, l’évolution moteur est sensible et la partie boîte / direction / freins est quasiment dénuée de reproches. Au final, je pense que NISMO n’a pas voulu (eu le droit ?!) de trop dégrader le compromis confort / performance du Juke et a donc essayé de faire au mieux avec ce point forcément bloquant quand il s’agit d’aller chercher de l’efficacité pure à moindre coût.

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Il ne faut en effet pas oublier que le Nissan Juke NISMO RS est facturé un peu moins de 28k€ en base, 29k€ ici avec les baquets Recaro. C’est peu cher, très peu cher au regard des niveaux d’équipements et de performances globaux et du gabarit du véhicule, bien plus pratique et vivable qu’une Fiesta RS, 208 GTi ou Clio RS puisque l’on parle d’elles. Alors oui, c’est aussi moins efficace car Nissan a souhaité conserver le confort général du Juke et autant je m’en satisfaisais tout à fait sur le NISMO, autant je trouve ça dommage sur le NISMO RS où le curseur aurait pu et dû être placé plus loin sur l’échelle de la radicalité.

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Vous l’aurez compris au travers de mon dernier paragraphe : le Nissan Juke NISMO RS (ou plus généralement le Juke, d’ailleurs) est une bonne voiture, une très bonne voiture même en terme de rapport prix-équipements-performances (et elle consomme 9 L/100 sur 600 bornes parcourues). Il n’empêche, si le NISMO RS corrige le tir par rapport au NISMO en terme de rigueur générale et de meilleur comportement sportif général, il manque encore quelque chose pour vraiment assumer sa sportivité et son badge : plus de son, plus de raideur en suspension et au final, plus d’efficacité. La base est là et ne demande qu’à être exploitée ! Reste à savoir s’il y aurait vraiment une clientèle pour un Juke plus radical que le NISMO et moins « stupidement génial » que le Juke-R.

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