Cette journée n’avait pas vraiment d’objectif, si ce n’est de faire la route tranquillement vers Page. Je n’en attendais donc pas grand chose ni ne savais trop où j’allais aller, pour combien de temps et ainsi de suite. Les escales sur la route furent autant de bonnes surprises, des découvertes satisfaisantes.
La première, c’est le volcan de Sunset Crater, un « petit jeune » situé à quelques miles des pics de San Francisco. Petit jeune ? Oui, il est né au XIème siècle, bouleversant radicalement la vie des populations locales, dont celle du Walnut Canyon visité le jour précédent.
L’endroit est donc particulièrement intéressant de part sa jeunesse d’un point de vue géologique mais aussi d’un point de vue archéologique et ethnographique et il est ainsi protégé par un statut de National Monument. On y trouve quelques balades aménagées, de menues randonnées d’une petite heure permettant de découvrir des paysages volcaniques auxquels je ne m’attendais pas.
Il faut ensuite continuer la route panoramique en direction de l’est, vers un autre Visitor Center, celui du Wupatki National Monument. Il s’agit d’un ensemble de ruines datant de l’époque du cratère, plus ou moins abandonnés et réutilisés depuis, jusqu’à leur redécouverte par les explorateurs américains du XIXème siècle.
La structure de ces habitations, que ce soit le Wupatki Pueblo ou bien les autres ensembles voisins, dont le remarquable Wukoki Pueblo sur son piton, est vraiment intéressante. Plusieurs niveaux d’habitations, des enceintes murées pour les activités sociales et de jeu et une semi-fortification, avec toujours une ou plusieurs sources à proximité… et le tout est dans un état de conservation remarquable.
Je reprends ensuite la route 89 en direction du Nord. Les étendues traversées sont gigantesques, dénuées de relief ou presque. Sur la gauche, au bout de nombreux miles, la 89A bifurque au pied de gigantesques falaises de rouge vêtues. Direction Marble Canyon.
On atteint alors un double pont franchissant le Colorado en aval du Lake Powell. L’eau du fleuve ne s’est pas encore complètement rechargée en sédiments et se pare d’un bleu ou vert profond. La route vers Lees Ferry permet de s’approcher du fleuve aux eaux froides à souhait, dans un environnement toujours plus rougeoyant. Il y a de belles randonnées dans le coin mais la chaleur est à dire vrai insoutenable.
Je reprends la route en sens inverse, me gorgeant de ces paysages, un peu triste de ne pouvoir y randonner. J’aurais aussi aimé passer un peu plus de temps ici pour profiter du Colorado et le descendre en raft, comme ceux aperçus depuis le Navajo Bridge.
La route 89 perd son A et part à l’assaut des falaises, les traversant au gré de percées monumentales dans la roche. Il faut avoir un peu de moteur pour grimper mais ne pas oublier non plus de s’arrêter pour profiter de la vue.
Passé cette sorte de col, on atteint un nouveau plateau et au bout d’un moment, un scintillement sur la gauche de la route attire l’attention. Il s’agit du parking où l’on doit laisser sa voiture pour accéder à l’un des sites phares de l’ouest américain : Horseshoe Bend.
Le fameux méandre du Colorado annonce sa présence de loin, sous la forme de ce qu’on devine être une forme ondulée mais rien ne prépare réellement à l’arrivée au ras des falaises. La profondeur du sillon tracé par le fleuve est impressionnante et le monde sur place, en petites chaussures sans grip et au ras du bord, laisse un peu dubitatif.
Je finis pour ma part couché au bord, ou assis en tailleur, l’appareil et la tête au dessus du vide. Difficile de s’arracher une fois encore à ce spectacle stupéfiant. Cela vaut par ailleurs le coup de se balader le long de la falaise, à distance respectable bien sûr, pour voir la perspective évoluer.
La journée s’achève aux portes de la ville de Page. Le barrage du lac Powell est massif, coupant le Colorado et générant une retenue d’eau massive devenu bassin de jeu aquatique pour une bonne partie de l’Amérique côté ouest et dans lequel il fait bon se baigner, à quelques brasses du barrage…
Pour une journée sans objectifs, c’est plutôt pas mal… Un beau volcan, des ruines intéressantes, des vues incroyables sur le Colorado et ses alentours, un lieu époustouflant et enfin une baignade dans les eaux tièdes du Lake Powell. On refait ça quand vous voulez.
Où dormir à Page ?
La ville, sortie du néant il y a fort peu de temps, ne vit que grâce au Lake Powell et à la présence de l’Antelope Canyon ! Les hébergements n’y manquent pas mais c’est vite plein… De mon côté, j’ai opté pour un AirBnb à la propriétaire adorable ; c’était sommaire mais très bien au vu du budget disponible.