Pulau Tioman – un zeste de paradis sur Terre

Malaisie, dernier round. Taman Negara, au sortir des deux jours de trek dans la jungle. S’engage alors une course contre la montre à base de bus pour rejoindre au plus vite l’île de Tioman, autrement dit Pulau Tioman, un petit coin de Paradis situé au large de la côté sud-est de la Malaisie.

Taxi depuis Kuala Tahan jusqu’à Jerantut, à tombeau ouvert là aussi… et le taxi nous dépose pile à l’heure du départ pour Kuantan. Mon accompagnatrice est violemment malade, un coup de dengue qui lui colle 40°c de fièvre. Pas vraiment l’idéal pour voyager mais elle veut continuer, coûte que coûte, pour ne pas « gâcher » mon séjour dans ce coin du monde. Le bus donc, pour Kuantan. Une sorte de tape-cul infâme, les bus malais sont nombreux mais tous aussi inconfortables les uns que les autres ! Trois heures plus tard, des paysages par centaines, des petits écoliers qui me lancent leurs sourires, le dépaysement continue, je suis amoureux de ce pays et Kuantan arrive. Il n’est pas trop tard mais il est surtout temps de s’arrêter, la dame n’en peut plus.

Trouver un hôtel, vite. Petite douche et il est temps d’aller me balader, seul, tandis qu’elle se repose. Les rats pullulent ici, j’ai l’impression de me balader dans une scène de Ratatouille, sauf que les Ratatouilles sont ici fort nombreux et décampent devant mes pas forcés ! Drôle de ville que Kuantan. Dominée par sa mosquée titanesque, peuplée de musulmans traditionalistes mais aussi de jeunes « libérés », micro-jupes et débardeurs… Contraste d’une côte est qui ne sait trop à qui se vouer. La tradition est là mais le modernisme de la côte ouest tend à se développer, les années à venir s’annoncent hautes en couleurs.

Retour à l’hôtel. La nuit tonne. Orage, éclairs, lumière de fin du monde sur le ciel de cette ville phare de l’est. Le lendemain humide nous mène vers Mersing, point de départ pour Tioman… et le sort s’acharne puisque le dernier bateau est déjà parti. Une petite balade dans la ville, une soupe de requin dans un restaurant traditionnel où viennent se lâcher les expatriés du coin et l’hôtel dans lequel se réfugient quelques papillons faisans la taille de ma main.

Et puis enfin, le bateau, le lendemain matin. Deux heures de traversée au milieu de quelques îlots et enfin se profile Tioman. Arrivée au premier débarcadère et direction Nipah Village, au sud-est de l’île, via un taxi-boat. Nipah. Plage de 500 mètres de long, voire plus… Le village est vide, nous sommes les deux seuls touristes. Un zeste de paradis sur Terre. Seul. Quel putain de pied.

Deux jours ici… à nager, bronzer, marcher, escalader les rochers qui bordent de part en part la plage… Des raies, des coquillages gros comme ma cuisse, un petit poisson-pilote qui vient soudain se coller sous moi ! Quel con ce rémora ! Il m’a fait peur… instant de panique pure, jusqu’à ce qu’on se retrouve nez à nez et que la nage reprenne son droit, nageant de concert, moi dessus, lui dessous. Instant de grâce, magie de la Nature. J’ai rarement autant profité d’un tel calme, d’un tel silence, d’une telle solitude dans la mer, au delà de la barrière de corail, espérant croiser quelques requins de récif. En vain.

Le départ est finalement venu après deux nuits et autant de bains de minuit d’un calme absolu. Au loin, la côte malaise semble assaillie de milles éclairs, les nuages et les trombes déboulent du nord pour rincer d’humidité les villes côtières. Tioman est loin de tout cela, petit îlot de calme et de volupté, un repos de l’âme absolument salvateur après ces quelques jours de jungle et avant le retour sur Singapour.

Quelques mois après me reste ce message, initiateur d’un fou rire presque interminable… « Je trouve que ce moment, c’est toi : minuit à trempouiller nu dans une eau à 28°c, sans bruit, éclairé par la lune et les éclairs, avec une érection et tes pensées tendues vers moi, loin de toi. »

Malaisie. Folie imbécile du cœur. Transition. Initiatrice d’un futur que j’espère prodigue et riche de mille sentiments et sensations. Ne reste finalement que l’essentiel, l’extase de l’âme, ce que l’on appelle communément l’amour.