Pour cette première journée dans l’extrême Est de la Crète, j’ai choisi une solution de relative facilité : prendre le temps de me réveiller et de zoner en lisant les guides de balade et rando, ne pas prendre la voiture le matin et filer vers mon choix du jour à la bonne heure.
Tout ceci m’amène en milieu de matinée (bien tassée) à prendre le chemin de randonnée qui part du centre du village de Zakros vers la montagne. Direction les ruines de Skalia en suivant l’ancien sentier muletier qui reliait les villages jusqu’à l’abandon du second, au XVIIIème siècle, suite au massacre de sa population par les Turcs.
La sente grimpe d’abord ardemment les flancs des montagnes dominant Zakros, permettant de découvrir le littoral alentours et la relative aridité qui règne dans ce coin de la Crète. Relative car il y aussi de nombreuses sources et Zakros en possède une, bien aménagée et qui glougloute gaiment au bout d’un petit sentier détaillant la flore locale.
On aperçoit aussi plus loin les diverses gorges et failles qui entaillent les monts bordant la mer… voilà qui annonce le programme des prochains jours. Mais en attendant, je franchis un premier col qui m’amène à une zone grimpant doucement à travers les buissons de thym sauvage et autres arbustes un peu plus agressifs.
On atteint alors le plateau de Mavros Kambos, étonnamment verdoyant en cette saison et fleuri au possible. Quelques chèvres se font entendre ici là, sûrement bienheureuses. Le chemin désormais carrossable traverse à droite le plateau avant de bifurquer à gauche pour grimper sèchement une dernière fois vers un escarpement rocheux.
Voici la chapelle d’Agios Georgios, avec son petit bassin de source où les croassement des crapauds et grenouilles locaux résonnent bruyamment ! L’endroit est parfait pour la pause, tout comme les ruines du village de Skalia sur la hauteur voisine.
Un petit panneau vous expliquera le sort du village, émouvant, avant de redescendre en bouclant tranquillement via le chemin carrossable voisin (voir rando 56 du Rother).
On a beau l’avoir commencée assez tardivement, la journée est bien loin d’être terminée et il reste un paquet d’heures à occuper… alors direction le nord de l’est de la Crète et son plus célèbre monastère : Moni Toplou. Célèbre et décrié, pour être honnête, puisque le plus gros propriétaire terrien de la zone a autorisé la construction d’éoliennes et autres joyeusetés (un 2500Ha alloués à un resort, le Cavo Sidero Resort) sur ce territoire classé Géopark. Autrement dit, les relations avec les autochtones peuvent être un peu sensibles…
Le monastère est beau, force est de le constater, en revanche, fortifié et riche d’une longue histoire. Jolie exposition à l’intérieure, entre gravures et manuscrits, sans oublier une iconostase de première qualité. On ne manquera pas non plus dans la cour intérieure la pierre sur laquelle est gravé le contrat qui liait Iérapétra et Itanos dans l’antiquité, ni le sol en galets, superbe. Bref : c’est beau et cela se voit qu’il y a du pognon pour entretenir !
Juste à côté de Moni Toplou, il y a le départ de l’un des sentiers aménagés avec passion du Géopark de Sitia. Il s’agit de la gorge de Moni Toplou, qui commence d’abord comme une jolie petite vallée dans laquelle on s’engage, passant d’un côté à l’autre pour enfin rester pour la suite au bord du lit du ruisseau.
Il y a une belle quantité d’eau au début et autant de têtards partout, dans toutes les mares ! Encore mieux, il y a des centaines de toutes petites grenouilles qui se baladent ici et là et il faut rester très très concentré pour ne surtout pas en écraser. Mission accomplie, ouf !
La gorge de Moni Toplou est en tout cas bien sympathique, présentant différents visages au fil de la descente vers les flots. D’abord évasée et peu rocailleuse, avec pas mal de végétation, elle se creuse peu à peu, ses parois s’élevant doucement autour du sentier.
Enfin, dans la dernière partie, qui descend plus franchement, il y a beaucoup de crapahute à faire pour passer de rocher en rocher, de petit bout de pierrier en sentier plus ou moins dessiné, avec un marquage pas toujours évident à repérer.
Tout au bout, il y a une sorte de promontoire donnant sur la mer et une sorte de cascade tombant très rapidement vers une petite crique tout en bas. J’avais comme idée de me baigner là, en-bas, mais clairement, les courants ramènent tout et n’importe quoi par là… La tristesse.
Il y a quand même là-haut, au niveau du promontoire, de grandes piscines naturelles à l’eau fraîche et propre, de quoi faire une petite trempette agréable, en compagnie des grenouilles, des chèvres et de quelques oiseaux interrogatifs, avant de remonter doucement mais sûrement vers Moni Toplou.