Difficile pour une gorge de passer après le symbole du parc national de Samaria. C’est pourtant à cette tâche que se sont attelées deux candidates pour une nouvelle journée de randonnée en Crète. Leurs noms : Figou et Agia Irini. Pour s’y rendre, la méthode est tout aussi simple que le jour précédent : prendre un bus très tôt à Sougia (7h) – attention il n’y en a pas tous les jours ! – et se faire déposer à l’entrée des gorges de Agia Irini et du village éponyme.
J’ai pour ma part choisi de combiner deux parcours de randonnées en un, à savoir Figou (la n°20 du Rother) puis Agia Irini (la n°19). Plutôt que de m’engager dans la plus célèbre des deux (la seconde, donc), il faut remonter un tout petit peu la route et bifurquer à droite, sur un petit pont franchissant le ru qui se rue dans les gorges. On entame alors une jolie ascension dans les bois avant de découvrir un paysage montagnard de toute beauté.
La tranquillité est absolue, seulement troublée par quelques bêlements des chèvres et moutons éparpillés dans les alpages. Le soleil n’a pas encore sauté la première crête et l’endroit est donc baigné d’une lumière diaphane tandis qu’à l’ouest, les flancs des montagnes prennent déjà bien le soleil. Douceur, quiétude, on pourrait rester là à contempler et à arpenter le plus doucement possible les ruines de la voie romaine que l’on emprunte.
On franchit passée la crête un petit plateau, faisant face à une nouvelle ascension, que l’on évite en bifurquant à droite, sur un chemin assez peu évident à discerner au premier abord et qui semble plonger dans la montagne. C’est ici que commence à proprement parler la gorge de Figou.
La descente est assez douce au début, glissante par endroits. La gorge n’est guère large mais s’enfonce malgré tout avec certitude dans la terre, ses falaises se relevant peu à peu pour atteindre des hauteurs respectables. Le silence est d’or, seulement troublé par le roulement des cailloux sous nos chaussures.
Des plantes endémiques se laissent entrevoir un peu partout, avec leurs drôles de formes. La gorge s’enfonce enfin plus profondément encore, s’élargissant par endroits, avant de rejoindre un couvert forestier où l’on retrouve l’entrée officielle de la gorge de Agia Irini. La randonnée peut continuer. Quel régal en tout cas que cette petite gorge fort peu arpentée !
Les gorges d’Agia Irini sont une merveille, d’un bout à l’autre. Moins connues que Samaria, moins peuplées que Lissos, elles offrent une très belle variété de paysages, de la gorge étroite et profonde à celle, plus ample et vallonnée. Tantôt chaotiques avec de nombreux éboulements que l’on contourne au gré d’un chemin très ludique à parcourir, tantôt lisses et faciles à sillonner, d’un pied léger et la tête emplie des piaillements des oiseaux et du bourdonnement des abeilles et frelons.
Vraiment, cette randonnée, après l’incroyable mais tout de même peuplée Samaria, est un enchantement pour les sens et pour les pieds. Sans oublier les yeux qui se prennent une belle dose de beauté crétoise ! Il serait donc dommage, si vous êtes dans le coin et comptez y passer un peu plus qu’une journée pour voir les plus connues des gorges crétoises, de passer à côté de celles-ci.
Une fois sorti des gorges, le chemin du retour peut se faire à pied ou en taxi, au départ de la belle petite auberge « oasis » qui en garde l’entrée. J’ai choisi la première option, n’étant guère pressé par le temps mais il faut savoir que c’est plutôt long et pas très bon, avec une marche de plusieurs kilomètres sur le bitume qui chauffe bien à la mi-journée !
Mieux vaut donc le savoir avant d’entamer la première section, encore agréable et encore plus la seconde, moins agréable car remontant tout simplement la route vers Sougia, assez fréquentée somme toute par des automobilistes de tous poils. La bonne nouvelle, c’est qu’au bout, il y a la mer et la perspective d’une après-midi au calme, au bord de l’eau (et dedans pour les amateurs)…