En balade dans le CBD de Detroit

En marge du NAIAS et de l’événement Ford qui m’y a emmené, j’ai pris le temps de déambuler une petite heure dans les rues du central business district de Detroit. Il paraît qu’il est très fortement déconseillé de se balader dans ces rues, de nuit spécifiquement mais aussi de jour, alors j’ai été sage : un petit tour d’une heure en restant dans les grandes artères. La balade en sortant du NAIAS commence par la perspective sur les headquarters de la GM, un gigantesque ensemble de tours isolées, dominant les alentours. Un siège à la hauteur de la démesure de l’entreprise.

Les rues s’enchaînent ensuite, toutes plus semblables, toutes plus vides de gens les unes que les autres. Vraiment, cela m’a choqué, il n’y a foutrement personne dans cette ville. Quelques passants qui filent vers leur voiture, quelques autres qui sortent de leur voiture, des bagnoles qui circulent de temps à autre, rien de plus. Mais où sont donc partis les habitants du centre de Detroit ?

Je me suis senti terriblement mal à l’aise, scruté parfois, jamais vraiment en danger mais avec une sorte de nœud dans la gorge, un truc qui t’empêche de déglutir et te force à sortir l’appareil rapidement du sac, shooter et le ranger tout aussi vite une fois qu’on a surpris un regard étonné dessus. M’a-t-on pris pour un fou ? Je ne sais pas. Reste que c’est la première fois dans ma vie que je me sens mal dans une ville, tout sauf en sécurité. Même Catania en pleine nuit ne m’avait pas fait cet effet là, on est ici à un autre niveau.

Detroit, ce fut aussi une rencontre, comme à Toronto, un truc un peu étrange mais qui fait chaud au cœur. Un sans abri s’approche, me demande si j’ai du cash, je lui réponds désolé que je n’ai pas de cash du tout, on se souhaite bonne journée… Il se retourne, me demande d’où je viens. De France. Le mec a eu un bête de sourire, m’a dit qu’il écrivait des chansons, qu’il avait collé des mots de français dedans ! Du coup on a fait quelques centaines de mètres ensemble, lui chantant, moi écoutant et lui validant ses textes. Putain j’aurais bien voulu avoir du cash.

Fin de journée, un soleil d’or tombe sur la ville alors que je me hâte vers le NAIAS puis vers l’aéroport. La ville de Detroit ne me laissera pas un souvenir fantastique mais impérissable néanmoins. Cet homme rencontré par hasard, cette sensation de fin de règne voire de fin du monde, ces rues vides et enfin cette chaude lumière.