Review Gaming – Heavy Rain

Dernier jeu joué en date, Heavy Rain, la première production de Quantic Dream avec comme leitmotiv la volonté de proposer aux joueurs de nouveaux concepts, une nouvelle manière d’appréhender le jeu vidéo… Rien que ça.

Au programme : vous incarnez successivement différents personnages imbriqués dans une histoire de tueur en série, le tueur aux origamis, qui noie ses victimes dans de l’eau de pluie depuis quelques automnes et dépose à leurs côtés un petit origami et une orchidée… Après un nième meurtre, un autre enfant est enlevé et vous allez donc incarner en très grande partie le père de cet enfant et être confronté à une succession de choix fatidiques dont vont dépendre tous les évènements futurs du jeu. Et il en est de même pour les autres personnages, un détective privé, un agent du FBI, une journaliste, etc… même si les choix moraux sont peut être un peu moins « violents ».

Car oui, jusqu’où, vous, joueur, êtes-vous prêts à aller pour sauver le petit Shaun Mars et démasquer le tueur aux origamis ? Plus de 2000 pages de scénario sont là pour faire évoluer le jeu, les scènes, les informations et plus globalement le dénouement du jeu ! Autant vous dire qu’en le finissant une fois, ce que je viens de faire vendredi matin au sortir du lit, vous serez bien loin de disposer de toutes les informations et possibilités scénaristiques mises à disposition par les développeurs.

Alors, pervers, ce jeu ? Indubitablement. Addictif, aussi. Perturbant, parfois. Une putain de réussite en terme de scénario et d’immersion avec une bonne petite interface QTE (appuyez sur les touches quand on vous le demande ou selon des combinaisons, etc.)… et surtout l’impression permanente que TOUT peut basculer en se plantant dans une action, un choix moral, ou tout simplement l’oubli d’un microscopique détail et pas de retour possible ! Une véritable immersion donc, presque un film tant parfois on a mal en appuyant sur une touche, tant on trépigne devant l’accélération progressive mais inéluctable du rythme du jeu.

Restent tout de même quelques points négatifs… Car à trop vouloir en faire en terme d’immersion, on se retrouve parfois (bon, certes, c’est au début du jeu) à faire cuire des oeufs, à se raser devant le miroir de la salle de bain, à jongler avec des clémentines… Mwui, mwui, mwui. Un peu chiant mais surement nécessaire pour renforcer ce côté immersif et fort heureusement le reste du jeu rattrape ces menus détails car ils disparaissent peu à peu au fur et à mesure que l’action et la pression se font plus fortes. De plus, la maniabilité des personnages en cours de marche est tout de même violemment laide, on a la sensation de balader un poteau téléphonique dans le décor ! Bref, il faudra à l’avenir retravailler là-dessus pour obtenir un résultat digne d’Uncharted 2 ou d’AC2.

Pour ce qui est de la qualité graphique en revanche, je ne vais pas m’appesantir : c’est beau, c’est beau, c’est beau. Point.

Conquis donc ? Complètement malgré ces quelques défauts et lenteurs. Il me tarde à vrai dire de rejouer tous les chapitres de ce jeu pour en découvrir les multiples facettes, les enchaînements de possibles, les morts évitées, les vies sauvées, la découverte ou non de l’identité du tueur… Quel choix de touche ou d’action conditionne tel ou tel événement… Autant de questions qui se bousculent dans la tête du joueur adulte.

Car oui, nul doute, le joueur adolescent ou tout du moins incapable de sortir du schéma de jeu habituel (pan, pan, boum, boum, headshot, fight !, kapan !) trouvera ce jeu à mourir d’ennui ou complètement éculé en terme de gameplay. J’ai quelques exemples autour de moi d’ailleurs, comme quoi les adultes ne le sont pas encore quand bien même j’adhère moi-même totalement aux mécanismes suscités… Simplement, j’apprécie aussi de voir mes habitudes bousculées et de faire face à une création originale.

[youtube m7vEZTkfoZU]

Chapeau bas donc aux développeurs de Quantic Dream et à Sony qui ont fait le pari de sortir un jeu fondamentalement différent des standards habituels… Les pré-vidéos datant de 2008 m’avaient intriguées, les bandes annonces quasi-définitives m’avaient fait trépigner, le jeu est la confirmation absolue de la justesse de ce pari, quand bien même des imperfections demeurent. Essai à transformer dans les années à venir.