Quand j’ai entendu dire que la suite des Tours de Samarante allait sortir sous peu, j’étais enthousiaste, sacrément enthousiaste même. Il faut dire que le premier tome de cette trilogie SF était très agréable à lire et que son univers m’avait complètement convaincu. Retour sur notre Terre désolée, quelques instants à peine après les dramatiques évènements de la fin du premier opus.
La guerre est imminente. Dans ses visions, Cinabre voit Samarante en ruine. Kidnappée par le seigneur de guerre Valar de Thirce qui compte utiliser ses pouvoirs mentaux pour déjouer les plans de l’ennemi, la jeune préfigurée accepte de coopérer. A la seule condition de pouvoir se rendre à Treis, la Cité mère.
J’arrête ici la quatrième de couverture mais on va bien évidemment retrouver Oshagan, ainsi que Joti, sa soeur au final vivante ! On retrouve aussi Triple-A, ce gamin de la Faille, décidément bien étrange.
Norbert Merjagnan nous replonge dans son écriture nerveuse, brute, instinctive pour nous narrer les nouvelles aventures de ses personnages et des nouveaux qui les entourent. Le conseiller Maspéro Kémal et ses frère et soeur, le chef des guestals, un hurleur, un aviseur ismitan, deux jumelles préfigurées au plaisir et ainsi de suite. Cette écriture qui m’avait quelque peu dérouté lors de la lecture des Tours m’a ici convaincu malgré un éternel côté fouillis qui parfois nous perd, nous désoriente. Il est absolument indispensable de rester concentré, plongé, immergé dans ce livre pour retirer toute l’énergie de l’écriture de l’auteur. Quand on y arrive, cela fonctionne parfaitement et la lecture est un régal.
Au delà des personnages, c’est Treis et son opposition de caractère à Samarante que l’on détaille. Ce sont aussi les créations des humanes et leurs expériences sur la vie que l’on découvre avec plus de détails, plus d’horreur aussi. Mais surtout, ce second tome est l’occasion pour l’auteur de dérouler la toile de son intrigue, de l’étendre, de la globaliser à l’échelle de la planète et même des lunes… Norbert Merjagnan voit grand, très grand et si cela n’était pas encore tout à fait perceptible dans les Tours de Samarante, il n’y a plus de doute possible désormais.
Toutefois, ce second tome est, comme tout second tome d’une trilogie, une frustration intense. Si l’on pouvait aisément imaginer que les Tours de Samarante était un volume fini, unique, il n’en est ici pas question et la fin est terriblement abrupte, simplement mâtinée de quelques explications sur ce qu’il risque d’advenir dans le troisième et dernier tome. L’attente va être diablement longue d’ici à la parution de l’opus final.
Treis, Altitude Zéro est la confirmation du talent de conteur et d’écriture de Norbert Merjagnan : un univers splendide à fois dépaysant et étrangement familier, une belle dose de hard-science génique / technologique, une mythologie qui se dégage de l’ensemble et des personnages attachants et charismatiques, profondément différents ; le tout servi par une écriture ciselée, nerveuse et nervurée dont les sillons nous emmènent loin pour peu qu’on y adhère.