Le Feu de Dieu – Pierre Bordage

 Je viens tout juste d’achever le dernier roman de Pierre Bordage, acheté lors du dernier Salon du Livre : le Feu de Dieu. Titre étrange pour qui n’a pas lu la quatrième de couv’ et qui pourrait laisser penser que le livre tournera autour d’une thématique religieuse monothéiste. Il n’en est rien, même si le roman, relatant une certaine destruction du monde, pourrait bien être une description de l’Apocalypse !
Lire un Bordage est pour moi un plaisir toujours renouvelé même si les mécanismes d’écriture, les leviers utilisés, sont facilement reconnaissables et commencent peut être à être un peu répétitifs. Qu’importe, le talent de conteur, la capacité à jouer des mots et des émotions est quant à elle toujours intacte et renouvelée, c’est le cas ici pour ce Feu de Dieu :
Prévoyant la catastrophe, Franx a convaincu les siens de fortifier le Feu de Dieu, une ferme du Périgord, conçue pour une autonomie totale de plusieurs années. Mais le cataclysme le surprend à Paris et, pour rejoindre sa famille, il entreprend une impossible odyssée, à pied dans des ténèbres perpétuelles en compagnie d’une autre survivante, une petite fille muette. Pendant ce temps, dans l’arche transformée en bunker, sa femme et leurs deux enfants se retrouvent sous la menace d’un dangereux paranoïaque qui a pris possession des lieux…
Il s’agit donc d’un roman à double tiroir : l’un côté claustration avec un huis-clos quasiment insoutenable, l’autre côté aventure extrême dans une France dénaturée, ravagée par des températures soudain glaciales et par les transformations radicales de l’écorce terrestre. Enfin, on peut même dire triple puisqu’à ceux-là se rajoute un autre ton, celui de Zoé, enfermée dans le Feu de Dieu et prend la forme d’un journal intime et d’une introspection adolescente : un autre éclairage parfaitement maîtrisé.
Enfin, du début du livre, c’est à dire la destruction de Paris, à la toute fin, le rythme est haletant, surprenant, même si l’écrivain se perd parfois trop dans les descriptions du néant qui entoure les personnages principaux du roman. Utiles à l’ambiance de fin du monde qui règne dans ces centaines de pages, ces descriptions sont parfois un peu pesantes, comme si Bordage avait vraiment voulu nous écraser avec ce scénario de catastrophe, à la manière du dessin de Bilal dans Animal’z. Une bonne comparaison que voilà d’ailleurs … Voyez le dessin d’Animal’z et vous aurez alors une idée presque positive des paysages que traversent Franx et Surya.
Le roman m’a plu, terriblement plu. L’ambiance est fantastique, l’intensité des situations aussi, le huis-clos est démoniaque … mais je commence peut être à trop connaître les mécanismes qui régissent les livres de Pierre Bordage, aussi ai-je vu la fin du livre arriver avec un peu trop de facilité et en ai-je donc été un peu déçu.
Un livre à lire sans hésiter toutefois pour l’expérience de vie qu’il relate, pour l’ambiance qui en ressort, mais certaines oeuvres du même auteur sont à mon sens meilleures.
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