Versailles en mode Intime – à la découverte de Rose Bertin

Versailles et Intime. Deux mots qui ne riment à priori pas spécialement bien tant on a l’image d’un château gargantuesque et peuplé, que ce soit dans le passé ou à présent. La Cour a bien évolué, passant des courtisans et autres personnages, illustres ou anonymes, à une foule de touristes tous plus émerveillés les uns que les autres. C’est en voyant Versailles de cette manière que l’on comprend la volonté des souverains de l’époque de se ménager des endroits intimes, privés, accessibles à quelques privilégiés ou tout simplement à la famille, exclusivement. Et c’est aussi en suivant cette même démarche que le château a organisé avec Diane cet évènement, première étape d’un programme sobrement baptisé « Versailles Intime« .

Une invitation, un programme détaillé de ce qui nous attendait et l’excitation, la fébrilité en songeant à cette première visite intime de Versailles, réalisée à l’occasion de l’exposition « Versailles Photographié« … Forcément, j’avais hâte de revenir en ces lieux ! Et je n’ai pas été déçu, une fois de plus.

Point de photographies cette fois-ci, si ce n’est celle figurant sur l’invitation, réalisée par Andy Julia, splendide. En revanche, était au programme un hommage à Rose Bertin, cette femme du peuple qui devint celle que l’on appelle la Ministre des Modes de Marie-Antoinette. Qui dit ministre des modes dit proximité avec la Reine, qui dit donc intimité. Alors on pénètre dans le château, on contourne religieusement l’escalier de la Reine pour se rendre dans deux petites cours séparées par un petit bâtiment, rajouté là pour gagner de l’espace, quitte à perde un peu de lumière et à scinder cette grande cour en deux ! Face à nous, au fond de la seconde cour, on découvre les fenêtres qui sont celles des appartements de la Reine, de ses enfants mais aussi de leur précepteur.

Un petit escalier nous mène à l’étage. C’est celui que prit Marie-Antoinette pour fuir Versailles. Drôle d’instant et une certaine émotion à arpenter ces marches centenaires dans une pénombre seulement illuminée par nos smartphones. Incongruité technologique. Cet escalier, historique s’il en est, n’est pas le seul à faire communiquer les différents appartements : ils sont en fait quatre (ou trois, je ne sais plus !) soit autant que de chemins d’un protagoniste à l’autre, les uns et les autres ne devant pas forcément se croiser. Le tout est construit dans un espace minuscule et le mot « intime » prend dès lors tout son sens, renforcé par les premiers pas dans les appartements.

Ici, l’espace est mesuré, hauteur, largeur… autant vous dire que la foule que nous représentions a eu parfois un peu de mal à se faufiler de pièce en pièce mais le charme de la visite n’en a été au final que renforcé, créant cette sensation de proximité qui manque souvent à certaines visites et évènements. Des rires, les anecdotes inépuisables de Bertrand Barbe, les discussions entre lui, Michèle Sapori et nous, on se balade, on observe, on se gave de détails et on apprécie toutes les petites portes dérobées ouvrant sur les grands appartements où des touristes nous regardent, quelque peu ébahis par cette apparition soudaine !

On arrive enfin à un petit salon, celui de la Méridienne Bleue, celui-là même où Marie-Antoinette et Rose Bertin passaient en revue les tenues, les tissus, les mousselines et autres éléments de ce qui fut l’un des traits de cette Reine : la beauté et plus globalement : la création de ce qu’on appelle communément la Mode. Endroit unique, plus qu’intime et baignant « dans son jus », tel qu’il était il y a bien longtemps.

On continue dans ce qui fut la salle de billard, on dévale des marches pour découvrir les consignes d’accueil laissées aux valets sur qui devait et ne devait pas rentrer dans ces appartements.

Et on découvre enfin la salle de bains (fonctionnelle pour peu qu’on y remette une baignoire !), le petit salon de musique de Marie-Antoinette et ses deux bibliothèques attenantes. Quel bonheur d’être là, quelle délicatesse partout ! Point d’or dégoulinant, point de moulures biscornues, tout est dans la finesse, celle voulue par la Reine, loin du faste absolu que représentaient les appartements ouverts à la Cour.

La visite est terminée, le château ferme complètement ses portes et quand bien même on aimerait y être enfermé pour la nuit, ce ne serait pas vraiment raisonnable. Alors, hop, traversée de la galerie des glaces désertée, passage express dans les grands appartements et nous voilà dehors pour continuer la discussion avec Michèle Sapori, auteure de « Rose Bertin, couturière de Marie-Antoinette« , passionnée, enthousiaste et tout comme Bertrand riche d’anecdotes, de détails, de sourires et d’amour pour une passion dévorante. Le livre est sur mon chevet, je vous en reparlerai bientôt, à moins que ma douce ne veuille écrire cette chronique d’un personnage issu d’une époque et d’une mode qu’elle aime tant.

Cette visite m’aura appris qu’il existait bel et bien une part intime à Versailles, des endroits uniques, privés, étroits et pourtant d’une délicatesse infinie. L’espace de ces quelques heures, nous avons pu bénéficier de cette intimité surprenante, de cette vue privilégiée sur ceux venus admirer la merveille qu’est le château, nous avons pu imaginer Marie-Antoinette et Rose Bertin travailler sur les futures tendances de la cour, assises dans cette méridienne tandis que les grandes dames les attendaient dehors… Nous faisions en quelque sorte partie de Versailles, témoins discrets et cachés d’un passé grandiose et d’un présent animé.

Une première visite tout à fait unique, une seconde encore plus exceptionnelle… Je n’ose imaginer la suivante et pourtant j’ai hâte de défaillir de nouveau devant la beauté de ce lieu.