Il y a des randonnées qui comptent un peu plus que les autres et celle des Trois Lacs qui mène au pied du glacier de Saint-Sorlin en est. Gamin – je devais avoir 7 ans – je l’ai parcourue avec mes deux grands frères et mes parents. Une de mes premières longues marches, avec du dénivelé, une première épreuve en somme. J’en garde beaucoup de souvenirs, malgré la météo maussade de l’époque !
Retour, plus de vingt ans plus tard, sur ces traces de semelles de gosse, les pas dans mes souvenirs. Le Col de la Croix de Fer, dont part le sentier, est toujours aussi impressionnant et offre des vues splendides sur le Mont-Blanc et sur son voisin le col du Glandon. Dès les premiers kilomètres, tout en ascension progressive mais cossue, le regard embrasse des paysages splendides. Ce n’est pourtant que le début et une fois la première crête passée, l’Aiguille d’Argentière et son massif dominent à ma droite, renforçant encore ce sentiment de gigantisme.
Première descente. Voilà les lacs, sous un ciel bleu à peine perturbé par quelques nuages épars. Le refuge de l’Étendard accueille les randonneurs avec une vue imprenable, calé juste en contrebas du premier lac. C’est qu’on s’arrêterait bien là mais la perspective de longer le lac Bramant, puis le lac Blanc est bien trop tentante.
Le spectacle est effectivement superbe, de bout en bout. Difficile de ne pas vous mettre 40 photos là, tout de suite, tant chacune d’entre elles mérite le coup d’œil. C’est en fait encore plus beau que dans mes souvenirs !
Le lac Blanc dépassé, on commence une nouvelle phase d’ascension en direction du glacier de Saint-Sorlin, visible de temps à autre au bout de la vallée. Le paysage perd son vert pour devenir purement minéral. C’est la queue du glacier, son sillage de roches massacrées et concassées, ravinées par les fontes successives. L’Aiguille Noire et le Dôme de la Cochette dominent le tout du haut de leur 3000 m.
Le glacier se révèle enfin, avec son petit lac en son pied. Il… il a réduit, fortement, par rapport à ce dont je me souvenais. Vingt ans ont passé, le réchauffement climatique est bien là, aucun doute possible.
La redescente est l’occasion de se trouver un coin de pique-nique avec vue sur les lacs, sur le flanc est cette fois. Ce choix de parcours permet d’admirer les lacs d’un côté puis de l’autre, c’est particulièrement vrai pour le Grand Lac (l’autre nom du Bramant) qui fait office de piscine à débordement sur la chaîne du Glandon et du Sambuis !
En franchissant ensuite le col nord des Lacs, chose que je n’avais pas faite gamin, on repasse dans un autre monde, quittant le paysage désormais familier pour retrouver la zone des Aiguilles d’Arves. Les chaînes s’étendent à l’infini, avec de nombreux sommets visibles de ce côté : Aiguilles d’Arves, la Meije du côté des Écrins mais aussi tous les sommets de la Vanoise. Splendide pour finir, non ?
Le moins que l’on puisse dire après cette randonnée, c’est que j’ai bien fait de me souvenir avec affection de ce moment… ! Paysages incroyables, solitude tout du long une fois passé le refuge de l’Étendard, ce parcours est une merveille (Rother Vanoise n°47 par ailleurs).