Pyrénées-Orientales – randonnée (avortée) à Ayguatébia-Talau et abbaye Saint-Michel de Cuxa

Pour cette nouvelle journée de randonnée dans le Conflent, l’hésitation a été forte entre tenter une mission commande au sommet du Carlit et raison garder en restant au plus près du fond des vallées. Les annonces météorologiques des différents modèles observés étaient assez, disons, cohérentes : ça allait claquer vers 13-14h, un peu partout dans le Conflent.

La raison l’a dont bien logiquement emporté car à quoi bon tenter l’ascension d’un sommet panoramique réputé sublime pour le faire au pas de course et sans profiter bien longtemps de la vue sommitale. L’autre option était également à porter d’un coup de volant, dans la belle vallée voisine d’Oreilla, celle des Garrotxes.

Il s’agit là d’une région très sauvage et finalement assez méconnue des Pyrénées-Orientales, avec des noms comme Caudiès-de-Conflent, Railleu, Sansa ou encore Ayguatébia-Tallau, d’où part la boucle que nous visions pour cette journée ; un joli parcours trouvé sur OpenRunner. Le village est effectivement à croquer, s’inscrivant superbement dans la vallée.

Le chemin de randonnée monte ensuite doucement sur les pentes arborées et plus ou moins sauvages du village, faisant le lien entre les villages et arpentant d’anciens chemins muletiers allant d’un mas à l’autre, d’un village à l’autre. Le tout est comme sur le Madrès : luxuriant ! Les fougères sont légion et hautes, le chemin est parfois à peine entretenu et il faut se frayer un chemin en écartant tout ce petit monde végétal du passage.

La vue s’élargit ici et là, offrant une belle vue de la vallée et du village d’Ayguatébia, accroché à la pente. Un vieux mas abandonné se laisse aussi découvrir tandis que le ciel se couvre de plus en plus largement d’un gris menaçant. Le temps a changé en quelques minutes, les moutons du coin se massent et se planquent sous un arbre, ce qui n’est pas sans nous faire dire « pas sous les arbres, pas sous les rochers ! »…

Arrive le moment où il faut se décider à poursuivre ou abandonner. Un regard sur le topo GPS confirme que le sentier file vers un bout de crête où le ciel et la roche se confondent. Le tonnerre gronde à ce moment-là, tandis que les gouttes se font plus présentes. Décision prise illico, équipement pluie enfilé, c’est parti pour retour.

Le crachin est convenable au début, avant de s’intensifier, au même titre que les grondements du tonnerre. Le déluge intervient alors, de plus en plus fort et un éclair frappe à moins de 300 mètres de là, laissant une marque blanche de persistance rétinienne dans nos yeux côté gauche.

On ne plaisante pas les orages en montagne et je suis bien content de ne pas être en crête ou dans un espace vraiment dégagé. Retour au pas de course jusqu’à la voiture… et les 3 derniers kilomètres se feront sous un déluge qui viendra à bout de toutes les étanchéités supposées, sauf celles du matériel électronique. Tant mieux…

Une fois de retour à Oreilla, changés et séchés, une petite pause et une rapide lecture du Guide du Routard local pointent de manière évidente la visite qui occupera la fin d’après-midi avant de lancer le barbeuq’ : l’Abbaye de Saint Michel de Cuxa.

J’étais déjà passé devant ce superbe endroit en allant visiter Saint Martin du Canigou mais je n’avais pas pris le temps de visiter ce vaste monastère vieux de plus d’un millénaire ! Après un déluge qui rasa le monastère d’Eixalada, les survivants s’installèrent ici et bâtirent un petit chef d’oeuvre d’art roman.

La visite est très agréable, commençant sous les contreforts de l’église principale, la troisième du site. Une crypte suivie d’une petite chapelle circulaire annoncent la couleur : l’ambiance est assez incroyable et les pierres semblent avoir une âme, sans oublier les souterrains de l’église à proprement parler.

On débouche dans le beau cloître du douzième siècle, largement pillé à la Révolution mais reconstitué peu à peu grâce à de remarquables efforts de recherche dans la région, racontés pour partie en photos et en croquis dans une partie du logis abbatial. Le marbre rose foisonne, original pour partie, fruit de reconstitution pour d’autres, certains éléments originaux étant partis fournir les « Cloisters » new-yorkais de Rockefeller !

L’église vaut également le détour, dans toute sa nudité et son austérité. Ses dimensions sont imposantes, écrasantes, mettant en valeur quelques pièces d’art religieux tout à fait remarquables, comme des christs romans du XVème siècle ou une vierge à l’enfant en bois, datant du XIIIème siècle. Bref : l’Abbaye Saint Michel de Cuxa vaut qu’on s’y arrête, qu’il fasse beau ou moche, c’est une petite merveille du Conflent.

La carte de cette randonnée :