Un mois après une première venue « 2020 » dans la région, je suis retourné dans les Pyrénées-Orientales à l’occasion du weekend et du pont du 14 juillet. L’objectif et le pari étaient les suivants : explorer le « bout » du Conflent, qui est d’ordinaire un peu trop éloigné de Céret pour envisager de longues randonnées et un aller/retour dans la journée ; sauf à se lever à l’aube… ce qui est éreintant quand on ne reste que le temps d’un weekend dans la région.
Bref, j’avais réservé un logement dans le Conflent, dans le joli hameau d’aigle qu’est Oreilla. La météo au moment de mon arrivée n’est guère enthousiasmante mais une chose est sûre : il fera beau le premier jour, au départ de Céret. Il faut donc trouver une belle randonnée sur la route et elle s’impose assez naturellement : le Pic de Madrès.
Direction Mosset, un village agréable, que l’on dépasse ensuite pour s’engager sur une route pas beaucoup plus large que la voiture en direction du Col de Jau, qui marque la frontière entre l’Aude et les Pyrénées-Orientales. La randonnée démarre d’un parking bien aménagé en bord de route et les nuages sont bien présents. Pas épais, le bleu ne semble pas être trop loin mais clairement, au moment de s’équiper, les doutes sont bien présents.
Heureusement, la première section de la randonnée, très forestière et passant d’un refuge à une bergerie avant de filer le long d’un ruisseau pour ensuite alterner entre piste forestière bordée de fraises des bois et menus chemins entre les pins, permet de les dissiper. Une frontière marque la disparition des nuages, qui restent cantonnées à l’altitude et aux alentours du col de Jau. « Ouf ! »
Après ce premier bout d’ascension, la forêt laisse sa place à une végétation nettement plus basse mais toujours très luxuriante. L’eau est abondamment présente et verdit tout ce qui l’entoure. C’est clairement surprenant en cette saison et tous les locaux nous le diront : printemps comme début d’été ont été très arrosés dans la région, autorisant la nature à festoyer un peu plus longtemps que d’ordinaire.
Le sentier continue de grimper tranquillement, avec une pente à dire vrai assez constante et facile, permettant d’envisager les 1100 m D+ sans trop d’inquiétude, la randonnée du Madrès depuis Mosset et le col de Jau étant annoncée pour 17-18 km. Cela grimpe, mais c’est assez constant. On arrive enfin à un beau dégagement où l’eau coule à flots. Pas un bruit si ce n’est celui de l’eau qui court et le pépiement des oiseaux dans les arbres voisins.
La petite selle qui se dégage sur la droite de la photo ci-dessus est le prochain objectif et aussi l’ouverture de la prochaine étape de la randonnée. On découvre depuis le décroché une large estive, paisible et isolée. Des vaches se font entendre tout au fond du cirque dominé par une dent rocheuse impressionnante !
On progresse doucement mais sûrement vers cette dernière, franchissant un ruisseau qui coupe l’herbe foisonnante et creuse inéluctablement le sol de l’estive. Des sentiers de vaches et randonneurs se dégagent, guidant les pas vers une nouvelle ouverture rocheuse à la droite de la dent décidément massive.
Ce petit bout d’ascension ardue supplémentaire passé, on pense être arrivés à bon port, mais non ! Le Pic de Madrès est encore un peu plus haut, au sommet du nouveau cirque que l’on découvre à la faveur de la grimpette. Point d’estive ici, mais des marmottes et des isards en pagaille qui détalent en me voyant arriver dans leur petit paradis. Je me faisais aussi discret que possible, pourtant.
La phase finale de l’ascension vers le Pic de Madrès se fait sur un sentier caillouteux qui serpente vertigineusement le long de superbes azalées ou rhododendrons sauvages, en pleines fleurs. Le contraste entre leur violacé, le vert luxuriant de l’herbe, le gris minéral et le blanc sali des névés survivants est de toute beauté. Aucun bruit ici non plus si ce n’est celui du vent qui commence à souffler et celui, d’alerte, des marmottes et des isards.
Le sommet du Madrès se découvre enfin, assez plat à dire vrai et très étendu aussi. Il faut s’avancer vers le vide et vers un petit promontoire marqué par une vieille cahutte de pierres et un petit autel pour prendre la mesure du caractère panoramique du lieu et de la météo des jours à venir, malheureusement.
Dans mon dos et du côté de l’Aude, les nuages moutonnent gaiment. Devant moi, le Canigou s’est pudiquement voilé le sommet et le Conflent se remplit peu à peu de nuées. Enfin, dans le grand paquet de sommets plus à l’ouest, l’orage s’annonce et le Carlit est invisible, noirci par les nuages. Seuls les Péric se laissent entrevoir mais voici qui est de mauvais augure pour la suite.
Qu’importe, le Pic de Madrès valait déjà le coup d’oeil et de mollets, avec une ambiance superbe au sommet et un déjeuner bien mérités ! Le vent se lève, quelques nuages remontent doucement depuis l’Aube, comme une invitation à filer. Il faut aussi dire que quelques bassins croisés à la montée me donnent envie d’une escale « baignade » à la descente… et ce sera chose faite avant de retrouver le col de Jau toujours dans les nuages et le village d’Oreilla pour la fin de journée.