Pour cette seconde journée des petites vacances de juillet 2021, les modèles météo semblent formels : il faut aller à l’entrée de l’Oisans pour espérer voir le soleil… Après quelques recherches sur les sites habituels de fourniture de randonnées sympathique, c’est le Lac Fourchu qui l’emporte avec pas mal d’arguments : un lac, certes ; mais surtout plein de lacs, en réalité ! Pour ne rien gâcher, tout cet ensemble très humide est entouré de quelques très beaux sommets dont l’ascension serait un « plus » au cas où la météo se montrerait particulièrement bonne : le Grand Galbert, le Taillefer, la Pyramide et les Rochères. Cela promet.
Bon, l’ambiance au parking de la Grenonière n’est pas vraiment en lien avec les prévisions météo. Les nuages sont encore largement présents à cette altitude et tout semble bouché en hauteur également. Reste l’espoir de l’évaporation car le soleil cognait bel et bien en fond de vallée, quelques kilomètres plus tôt. En général, c’est comme ça que ça marche, en montagne… avant soit de se découvrir le soit, soit de repartir à l’orage !
Forcément, la première partie de l’ascension se faisant dans les nuages, je n’ai pas grand chose à montrer ou raconter, si ce n’est que ça grimpe net et sec, progressivement toutefois, avec un sentier étroit mais bien dessiné et entretenu, qui permet de tenir un rythme régulier sans trop se fatiguer ou casser les jambes. Dommage qu’il n’y ait pas la vue pour accompagner l’eff… oh, tiens, l’évaporation commence à faire son boulot !
Une première pause ensoleillée permet de profiter du panorama sur la zone de l’Alpe d’Huez ainsi que sur quelques sommets du massif de Belledonne, tandis que les Rochères et la Pyramide se laissent entrevoir derrière nous. L’éclaircie est toutefois de courte durée et une nouvelle vague de nuages se jette vers les sommets pour nous planquer la vue et nous pousser à continuer notre chemin en direction du refuge situé à deux pas du ruisseau de l’Echaillon.
La Pyramide profite de ce moment pour pointer sa tête en triangle, de quoi occuper le regard alors que l’on franchit à gué le ruisseau sus-cité ! Il y a un peu de débit, de quoi se retrouver les pieds bien mouillés le cas échéant. Concentration, avant de grimper encore un petit peu pour rejoindre une zone de plus en plus humide ! Les azalées sauvages sont en fleur, superbes, indifférentes aux coureurs de l’UT4M que l’on croise à ce moment-là. Quels athlètes, bordel. Regardez le parcours…
Sur la toute dernière photo, une petite tâche blanche se fait engloutir par les nuages à la remontée. Il s’agit en fait d’une petite tente, installée en bordure du Lac Fourchu ! La destination est en effet atteinte mais elle est tout à fait invisible, masquée par cette vaste et épaisse langue de nuages ! L’ambiance devient plus fraîche, gorgée d’humidité en suspension, alors que l’on progresse sur les bords du lac, en essayant si possible de ne pas tomber dedans.
Je n’aurais pas été contre un petit plongeon si le soleil avait percé mais là, c’est tout bonnement hors de question car on n’y voit pas à plus de quelques dizaines de mètres, voire de quelques mètres par endroits. Drôle d’ambiance, qui amortit les sons et fait ressortir les voix des quelques autres randonneurs paumés ici et là, pile au moment de la pause déjeuner. Nous la prenons également, au bord de l’eau et avec comme panorama la silhouette fantasmagorique d’un ilet.
Une fois le lac contourné, le sentier rejoint le GR qu’arpentent les coureurs de l’UT4M, que l’on laisse passer ici ou là. Les nuages se refont la malle au moment où l’on rejoint le Lac Noir et le Lac de l’Agneau. Un coup d’oeil en retrait m’indique que le reflux des nuages semble avoir dégagé le Lac Fourchu. Remonter. Pas remonter. La tentation est trop grande et je rebrousse chemin au petit trot ! Plutôt que d’aller au lac, j’emprunte une sente qui mène à un petit sommet le surplombant. Bien m’en a pris !
Le lac était en effet en train de se recouvrir de nouveau quand je suis arrivé mais la trouée m’a permis de mieux visualiser sa silhouette de « Lac Fourchu », tandis que le promontoire m’a offert une vue en hauteur de toute beauté sur les Rochères, la Pyramide et la ribambelle de lacs à leurs pieds. La descente, en courant un peu pour rattraper la troupe des randonneurs, fut légère et enjouée, avec quelques arrêts pour immortaliser ces lacs étincelants et la vue sur le massif de la Meije, au loin.
C’est d’ailleurs la Meije qui capte l’attention pendant toute la descente, même si le paysage du départ est désormais découvert et tout à fait convaincant lui aussi. Il n’empêche, cette aiguille majestueuse et ses sommets voisins sont un appel irrésistible de la haute montagne. Les sommets des Rochères et du Taillefer semblent bien petits mais tout aussi désirables, tout comme le Grand Galbert, qui doit offrir une sacrée vue du haut de ses 2900 et quelques mètres. Il ne reste plus qu’à prévoir un petit bivouac dans le coin… et enchaîner tout ça, pour le bonheur des guiboles et des rétines !