Eure – abbaye Notre-Dame de Fontaine-Guérard et abbaye de Mortemer

Après Jumièges en Seine-Maritime, je ne pouvais pas passer à côté de deux autres belles abbayes, cette fois-ci dans l’Eure. En l’espace d’une après-midi, je me suis donc promené sur les terres de Notre-Dame de Fontaine-Guérard et de Mortemer.

La première, fondée en tant que prieuré pour femmes au XIIème siècle, a évolué en abbaye à la fin du même siècle pour devenir un lieu important, jusqu’à la Révolution. La première filature construite à quelques pas de là se sert alors vertement dans ses pierres pour sa construction et le domaine passe de mains en mains, jusqu’en 2013 où un nouveau propriétaire ouvre les lieux au public et la fait classer en sus d’y développer un espace d’exposition.

Les ruines de cette abbaye cistercienne, ayant abrité uniquement des femmes, qui moniales ou converses, sont romantiques au possible. Si de nombreux bâtiments ont disparu, la petite chapelle St Michel persiste, ainsi que de beaux pans de l’église abbatiale et surtout le fabuleux dortoir et quelques belles salles. Il y a quelque chose à Fontaine-Guérard, en sus de ses deux sources, d’apaisant, de charmant.

Est-ce du aux Deux-Amants, ce pin et ce marronnier unis qui trônent à deux pas de la salle du chapitre ? Ils sont là, en tout cas, ces deux arbres, venant apporter leur pierre à l’édifice de la légende éponyme et participant de l’ambiance très particulière qui règne ici, doublée d’une beauté et sobriété réelle de l’architecture.

Oh, quitte à être dans le coin, n’oubliez pas avant de filer à Mortemer de jeter un œil à la filature Levavasseur, voisine détruite en 1874 par un incendie ! (oui je sais, il y a une voiture sur les photos et celles-ci datent de février, la route était coupée lors de ma visite de Fontaine-Guérard…)

Seconde étape, bien différente : l’abbaye de Mortemer. Elle tient son nom des lacs et marais qui la jouxtaient et fut fondée un peu avant Fontaine-Guérard, devenant la première abbaye cistercienne de Normandie et quelques décennies et siècles plus tard le plus grand sanctuaire du diocèse de Rouen, abritant quelques 200 moines. L’influence et la fortune de Mortemer décroissent toutefois peu à peu jusqu’à la Révolution, qui se charge alors de solder les comptes.

Ensuite, Mortemer fut vendue à un fermier et démantelée peu à peu, avant d’être classée et conservée tant bien que mal. Les lieux sont donc moins impressionnants, moins bien conservés que Fontaine-Guérard mais n’en abritent pas moins quelques merveilles, réfectoire, pigeonnier, ancien pan du cloître et ruines de l’église abbatiale en tête. On en vient à regretter amèrement ce démantèlement en imaginant la gloire d’autrefois, quand bien même on ne partage pas la Foi qui tenait les moines ici.

Vous l’aurez compris : si vous passez dans le coin de Lyons-la-Forêt et avez quelques heures devant vous, il serait bien dommage de ne pas marquer un arrêt à Fontaine-Guérard et Mortemer pour visiter ces ruines fort romantiques, témoins d’un passé cistercien grandiose en Normandie.