Cette randonnée, je voulais la faire depuis longtemps ! Entre la description du guide Rother, très alléchante et les images d’amis ayant eu l’occasion d’arpenter les pentes de ce coin de la vallée du Vénéon, ce n’était qu’une question de temps avant que je m’y attaque. L’aiguille Dibona, un superbe éperon, est bien connue des alpinistes et si bien sûr, il n’est pas question d’en réaliser l’ascension en simple randonnée, on peut s’approcher de la géante en se rendant au refuge du Sorreiller depuis le petit hameau des Etages. De bon matin, me voici garé à quelques centaines de mètres du point de départ, situé un peu en amont du village. La randonnée commence bien sèchement avec un premier palier de 300 mètres à avaler, à l’ombre…
Un tout petit plat permet de respirer, alors que le sentier s’engage dans un fort joli canyon et recommence à grimper de façon constante. La Dibona est invisible pendant toute cette section de l’ascension et il faut attendre quasiment la moitié de la grimpette pour qu’elle apparaisse enfin, majeure, majestueuse, dominant son cirque alpin. Le refuge du Sorreiller est invisible et quand bien même serait-il perceptible, on n’a d’yeux que pour l’aiguille Dibona, à la forme de voile acérée tout à fait fascinante ! La suite de la montée, les yeux se levant très régulièrement vers elle, est de ce fait un immense plaisir : on voit où l’on va et c’est superbe, en déroulant la pente qui n’a que peu d’intérêt, la vue étant partiellement bouchée par le canyon que l’on a dépassé, même si le panorama finit par s’ouvrir.
J’atteins le refuge assez rapidement, ayant vu l’aiguille Dibona grossir petit à petit et sa forme passer de cette voile acérée à un mur minéral absolument écrasant quand on chemine à son pied. Les cordées grimpent petit à petit sous les yeux des randonneurs. Je ne m’attarde pas trop au refuge car j’ai prévu un petit détour en sus de cet accès à la Dibona : j’ai prévu de la dépasser ! Le sentier traverse un pierrier issu de la Dibona pour prendre un peu de hauteur et finir par dominer le refuge et l’aiguille. Le panorama est à couper le souffle et je me mets d’accord avec moi-même : je déjeunerai ici après le passage du col.
Un col ? Oui, à un peu plus de 3200 mètres d’altitude et au bout d’un chemin pour beaucoup inexistant, le col de Burlan offre des vues sublimes sur quasiment tout l’Oisans et sur le dos de la Meije, à la frontière entre le Vénéon et le vallon de la Selle (qu’il me faudra arpenter un jour). Son accès ne nécessite pas d’équipement particulier en été mais un pied sûr et un bon sens de l’orientation sont nécessaires, ainsi qu’une bonne condition physique car la grimpette (et la descente) se fait dans un pierrier assez peu amical, avec un couloir très glissant pour finir ! En bref : la vue, même un peu couverte, se mérite mais l’effort est récompensé par la vue des deux côtés du col.
La descente est un peu plus aisée, avec l’aide des souvenirs d’une part et la vue surplombante sur les roches les plus arpentées d’autre part. Le parcours n’en est pas moins long et clairement, je sens dans mes jambes les deux randonnées précédentes ! La pause déjeuner, sur l’arête dominant le cirque de Sorreiller et l’aiguille Dibona, alors que le soleil revient plus franchement, est bienvenue. Il n’y a littéralement personne, j’ai la montagne pour moi seul à cet endroit, c’est tout à fait surprenant pour un 15 août. Je prolonge la pause au maximum pour profiter du soleil et de la vue, alors que le cirque redevient totalement ensoleillé.
La descente de la randonnée se fait de l’autre côté du cirque, à travers un pierrier où une sente est bien visible et tracée. Le panorama, en face est splendide et évolue au fil des virages, découvrant peu à peu le fond de la vallée du Vénéon, dominé par la barre des Ecrins, bien visible ! Au même titre que la montée fut bercée par la vue permanente sur la Dibona, la descente l’est par cette vision de la barre et des massifs légendaires environnants, en complément d’une dernière vision de l’aiguille avant de replonger dans la vallée du Vénéon. Définitivement une randonnée majeure, joliment agrémentée par cette montée au col de Burlan !