Après quelques jours passés à l’éviter – façon de parler, il était bien temps d’aller rendre visite au parc national des Écrins, une des merveilles de France pour ce qui concerne les Alpes, en compagnie notamment de l’immense Vanoise. Cet immense massif montagneux est accessible par quelques vallées très isolées,tandis qu’aucune route ne permet de les traverser.
Parmi ces vallées, il y a celle de Freissinières, sur leur flanc est. Il y a aussi la Vallouise dans le même coin mais ce sera pour une prochaine fois car aujourd’hui, je m’engage après avoir traversé le village du même nom dans cette belle et luxuriante vallée. Objectif : Dormillouse.
Il s’agit ni plus ni moins du dernier village en France qui soit habité toute l’année et qui ne soit pas directement accessible par la route ! Difficile à croire ? C’est pourtant vrai et on s’en rend rapidement compte en garant la voiture après quelques derniers kilomètres sur une route à peine plus large que Berlingo en lointain contrebas d’un petit groupe de chalets, à peine visibles !
C’est ici que commence la randonnée (#19 du Rother, 1030 m D+, 6h, 13.1 km). Il faut d’abord emprunter le chemin bien tracé et plutôt large vers le village. On croise une belle cascade en premier lieu, de nombreux framboisiers sauvages en second. Les toits des chalets du village de Dormillouse et des Romans se laissent entrevoir ici ou là. L’endroit est bucolique, massif aussi, impressionnant, surtout quand on tourne la tête à droite pour découvrir la vallée de Freissinières dans l’autre sens (photo d’illustration de l’article, tout en haut).
Pour la visite du village, ce sera pour plus tard. On grimpe, on grimpe, toujours plus haut, dominant de plus en plus la vallée ainsi que les chalets qui semblent se fondre dans le paysage. L’eau ruissèle un peu partout, normal après les fortes pluies du jour précédent mais aussi et surtout parce que là-haut nous attend un premier rendez-vous, le lac Palluel.
Il s’agit d’un superbe lac glaciaire, dominé par le sommet du Grand Pinier. La pause déjeuner est une évidence en ces lieux paisibles, seulement troublés par quelques randonneurs. Nous sommes bien peu nombreux, à dire vrai, même en plein mois d’août et dans les vallées les plus connues.
La pause terminée, on peut entamer la descente, même si celle-ci sera très progressive, passant d’abord par un beau plateau en balcon sur la vallée. Une grande plaque rocheuse est truffée de cairns de tailles et formes variables ! Quel drôle de spectacle.
Le vrai spectacle toutefois, c’est l’arrivée sur le lac Faravel, dominé quant à lui par le Petit Pinier ! Deux zones aquatiques, deux ambiances. La grosse envie de farniente dans tous les cas mais non, il faut redescendre doucement mais sûrement dans la vallée avec en face de nous, le Piquet et ses 2750 mètres.
Après un bon moment, le village de Dormillouse réapparaît, surplombé par la drôle de Tête de la Canonnière ! Cette dernière s’est couverte de nuages menaçants mais ils ne daignent pas descendre dans la vallée. Je prolonge donc la balade autant que possible en faisant un court détour par rapport au parcours proposé par le Rother.
Les maisons de Romans, le hameau surplombant Dormillouse, ont l’air superbes, tout comme la montagne attenante. Bien m’en a pris car oui, ces vieux chalets et fermes sont de toute beauté, comme sortis d’un autre temps mais dotés de quelques verrues modernes bien pratiques : panneaux solaires, paraboles, etc. Il y a de quoi envisager passer du temps ici. Ce sera bien, en tout cas, pour la fin du monde.
Dormillouse, enfin. Sa petite église à l’histoire singulière. Son école aussi, transformée en gîte depuis. Pas n’importe quelle école non. Mais je ne vous raconte rien. Prenez le temps de boire un verre ici, de lire tranquillement les riches panneaux explicatifs dans le hall d’entrée et de déguster une bonne tarte à la myrtille.
L’endroit est hors du temps, il l’a toujours été. Un refuge à l’histoire complexe, troublée, qui perdure à sa façon désormais. On a tout sauf envie de partir, à dire vrai. Dormillouse, cette vallée des marmottes endormies, a tout du paradis. Sûrement très rude en hiver mais si puissante, si apaisante aussi.
Alors qu’il n’y avait pas grand monde dans la montagne pour cette belle randonnée, il y a en revanche bien foule au bord du joli petit lac de la Roche-de-Rame ! On les comprend, l’eau est bonne, le lieu est bien sympathique et il y a quelques bars pour se désaltérer. Sympathique et bien pratique aussi pour faire une bonne trempette après l’effort de la rando.