Pour cette dernière journée aux alentours de Briançon, plusieurs options étaient disponibles. Retourner dans la Vallouise, filer aux abords du Queyras, se rapprocher une nouvelle fois de l’Italie ou bien remonter la Guisane vers la Meije. La Vallouise l’a emporté, parce qu’elle avait présenté de fort beaux atours lors de la randonnée au Glacier Blanc.
Sauf qu’en Vallouise, que ce soit du côté du Pré de Madame Carle, d’Ailefroide ou d’ailleurs, il y a tout simplement pléthore de randonnées plus ou moins difficiles, certaines étant même carrément ardues. La Tête de la Draye a longuement tenu la corde mais c’est finalement la Cime de la Condamine qui s’est imposée avec son statut de « presque 3000 » très très panoramique. Allez.
Pour y accéder, on peut choisir de grimper depuis Ailefroide ou bien partir du côté de Briançon, au niveau du hameau des Combes. La route devient sentier un peu avant ce dernier hameau mais reste très largement praticable avec une voiture de tourisme. Il convient alors de se garer à la sortie du hameau avant de prendre les bâtons et de commencer à grimper.
Le sentier longe puis traverse alors la réserve des Partias, une zone classée très protégée abritant une avifaune assez dense et sensible. Silence et respect doivent donc être de rigueur pour que la randonnée continue d’y être acceptée ou tolérée.
La première étape de cette belle randonnée, entamée sous le soleil, est le col de la Trancoulette. Le sentier grimpe tranquillement et très sûrement à travers alpages et forêts en direction de cette selle située en contrebas de la Croix d’Aquila. On y découvre alors un paysage d’alpages démesuré, dominé par des sentinelles minérales.
Il faut alors suivre le sentier à travers ces grands espaces, croiser un ou deux petits lacs délicats, admirer les roches en équilibre au dessus de nous. L’altitude grimpe doucement mais sûrement, en direction du col de Vallouise.
En fait, arrivés au col, on se dit qu’on pourrait s’arrêter là tant la vue est d’ores et déjà démentielle. Ailefroide, Pelvoux, Barre des Ecrins et tant d’autres ; ils sont tous là au garde-à-vous, magistraux, sentinelles éternelles, ayant marqué l’esprit et piqué au vif les conquérants de l’inutile. Difficile de s’arracher à l’endroit pour continuer l’ascension, vraiment.
Il en reste encore à grimper, des centaines de mètres. Plus beaucoup certes mais elles piquent les gambettes car au total, c’est un bon gros kilomètre à avaler et malgré la pause forcée du jour précédent, cela commence doucement à tirer sur les muscles au fil des jours. La Cime de la Condamine apparaît toutefois au prix d’un dernier effort, avec son sommet en forme de dôme tout à fait désolé, isolé, ouvrant la vue à 360° sur les alentours !
Après la pause-déjeuner, cela se corse. Deux options pour redescendre : le même chemin. Ou bien une descente face nord à travers un pierrier et un chemin pas rigoureusement balisé, à la bordure de la réserve des Partias. Le site Altituderando fait traverser la réserve mais je n’y tiens pas et il y a justement quelques sentiers bien organisés dans ladite réserve. Pas facile de trouver sa route mais le risque est pris. C’est parti pour le pierrier.
Après une descente qui m’a semblé assez interminable (mais qui n’était pas si terrible que ça, finalement), j’ai retrouvé un sentier bien marqué en crête, en direction du Col de la Pisse. J’ai du rater un truc à un moment toutefois car si des cairns et le sentier de crête étaient globalement bien indiqués, il y a du y avoir une bifurcation à droite vers la vallée des Partias à un moment. Je ne l’ai pas vue. Pas clair.
Toujours est-il que je me suis retrouvé à suivre d’anciennes traces et de nombreux anciens cairns jusqu’à rejoindre le col de la Pisse en traversant un grand pierrier. Globalement, c’est le tracé d’Altituderando. Sauf qu’en descendant ensuite du col de la Pisse vers le lac des Partias via des sentes « officielles », j’ai retrouvé des panneaux indiquant justement le sommet de la Condamine (voir photo ci-dessous) via une combe traversée peu après la sortie du pierrier et au début du passage en crête. Incompréhensible.
En somme : il existe un sentier officiel mais il est très peu usité et arpenté, rendant sa détection peu évidente. Prudence, donc et prenez bien garde d’être le plus délicats possibles si vous vous perdez plus ou moins comme moi, car vous êtes en réserve naturelle.