Après avoir visité Versailles, ses jardins et le Hameau de la Reine, il semblait logique de continuer la découverte de ce patrimoine unique en arpentant les allées du Potager du Roi, créé pour Louis XIV par Jean-Baptiste de La Quintinie. Cet endroit, au delà d’être un grandiose potager servant à l’époque à approvisionner la Cour, fut aussi le théâtre d’un grand nombre d’expérimentations sur la culture des fruits et légumes, expérimentations ayant mené à une maîtrise hors du commun des cultures par les équipes du potager, maîtrise qui a présidé à la création de nombreux potagers en France et ailleurs. La culture des arbres fruitiers, l’agencement des potagers, leur structure, tout est ici pensé en terme d’optimisation et nous devons beaucoup à La Quintinie, encore aujourd’hui.
Il faut dire qu’il y a de quoi faire sur 9 hectares. Dominé par la Cathédrale Saint-Louis de Versailles, les quelques 2000 arbres fruitiers et autres variétés profitent des murs, de l’ensoleillement pour produire une cinquantaine de tonnes de fruits et une vingtaine de légumes. Impressionnant. Tout comme la vue.
Au delà de l’alignement du carré central, de ses allées et figuiers, d’autres portions du potager, cloisonnées de murs, s’étendent. Certaines d’entre elles sont encore dédiées aux fruitiers et affichent un alignement militaire tandis que le verger, proche du parc Balbi, fait montre d’un bordel tout sauf organisé. L’endroit ressemble à un jardin sauvage. De hautes herbes côtoient des légumes divers et variés sous la surveillance bienveillante de quelques cabanons et endroits dédiés au pique-nique et aux soirées des étudiants de l’INH.
Dernières errances dans l’endroit, on s’attarde sur les couleurs éclatantes des fleurs, sur la vie qui grouille un peu partout. Il fait chaud, on est bien, on se pose quelques instants dans l’herbe en regardant des oies gargantuesques côtoyer des poules dont l’apparence nous donne sérieusement envie d’avoir une broche et un four sous la main…
La journée s’achève au bord de la pièce d’eau des Suisses, dominée par le Château et ses touristes, en train de siroter une bouteille de jus de poire du Potager et de savourer le Déchronologue de Stéphane Beauverger. Il y a pire comme balade.