Corse – Punta di l’Oriente et Cascades des Anglais

La seconde journée est celle qui marquera la suite du séjour : observer les modèles météorologiques en terme d’altitude de la couverture nuageuse et des différents risques de pluie sur chacun des massifs montagneux de la zone de Corse. La conclusion va s’imposer d’elle-même, par la force des choses mais aussi par l’expérience : il ne faut pas chercher à tout prix à rester en montagne, même si ça me pète le f*on de me voir gâcher le séjour par une météo absolument m*rdique. Voilà, j’ai juré, c’est sorti, ça fait du bien.

La météo est annoncée comme à peu près stable du côté du col de Vizzanova, alors qu’elle est censée se gâter très franchement sur Corte et alentours. On y croît, on se lance de bon matin à l’attaque d’un petit sommet annoncé panoramique et à dire vrai assez séduisant avec un peu d’escalade sur le granit pour finir. Raisonnable ? Cela y ressemble.

Et le fait est qu’en arrivant au point de départ de la randonnée, au niveau d’une tour radio située à l’écart de la route, il ne pleut pas, le soleil illumine les monts environnants et il y a de bonnes raisons d’espérer ! Le début de la randonnée se fait en sous-bois, avec des hêtres et châtaigniers tout à fait charmants. Les bergeries des Pozzi sont rapidement atteintes, tout va bien.

Le sentier grimpe alors plus sèchement on reste sur le côté gauche de la sente après un premier plateau panoramique, ce afin de rejoindre un rocher remarquable, la Madonuccia. La vue sur les montagnes est toujours à peu près dégagée mais de nombreux nuages se ruent à l’assaut du col de Vizzanova, s’engouffrant dans les vallées montagneuses où nous étions le matin-même.

La randonnée continue ensuite en crête, depuis la Punta Grado jusqu’à la Punta Scarpiccia. Le vent s’est levé, propulsant toujours plus de nuages à l’assaut des montagnes, y compris la nôtre. Le sommet semble complètement bouché mais on se dit que cela peut toujours se libérer au gré d’un coup de vent. Les moutons semblent également y croire, remontant en même temps que nous vers les sommets.

A la fin, malheureusement, ce sont bien les nuages qui gagnent. Passée la Punta Scarpiccia, force est de constater que la crête est totalement dans les nuages et que l’ambiance est devenue sacrément humide. Pas de pluie, pas d’ambiance orageuse ou de signe quelconque d’orage à venir ; juste cette légère brume balayée par le vent qui nous charge cheveux et vêtements de goutelettes.

On aurait pu, on aurait du peut-être, rebrousser chemin à ce moment-là. Sauf que le sommet était tout proche et qu’à défaut d’y voir clair, on avait quand même envie de poursuivre l’expérience alpine. Car parfois il n’y a pas le choix, il faut avancer coûte que coûte. Avec la montre GPS, ça aide aussi à ne pas se perdre et il va de soi que sans elle, je ne m’y serais absolument pas risqué !

Mais voilà : la Punta di l’Oriente, avec sa croix, le tout dans les nuages ! Le silence là-haut, dans cette blancheur, est quasiment parfait. Seule une rafale de vent ici ou là vient le troubler, ainsi que le bruit de notre respiration et de nos pas sur le granit. Fantasmagorique. Je reviendrai un ce ces jours, par temps clair. En attendant, il faut redescendre pour ne pas trop pousser la chance…

A la descente justement, la météo n’est toujours pas catastrophique et la couverture nuageuse semble se cantonner sur les plus hauts sommets. Une multitude de mûres nous attend au parking et on prend le temps de remplir une de nos gamelles pour le dessert du soir… (des mûres, un peu de sucre, hop, retour en enfance !)

Comme il n’est pas trop tard et que la météo semble clairement très mauvaise là du côté du logement alpin qui nous héberge pour la semaine, la tentation est grande d’aller faire un tour aux Cascades des Anglais situées à quelques pas du col de Vizzanova. Le départ peut se faire du village éponyme ou bien du col, selon la boucle que l’on souhaite réaliser.

Je choisis pour ma part de faire au plus court car la météo devrait malgré tout changer à un moment ou à un autre. Depuis le vol, donc, je découvre d’abord les ruines du ford de Vizzanova, superbes (et peuplées de nombreuses mûres, elles-aussi !). Le sentier descend ensuite dans la forêt pour rejoindre le GR20 et les Cascades des Anglais.

Il s’agit en réalité d’enchaînements de multiples bassins et cascades plus ou moins animées mais toujours photogéniques. Il y a bien sûr un peu plus de monde que du côté de la Punta di l’Oriente, GR20 et proximité du col obligent mais ça reste largement vivable. Malheureusement, l’orage tonne soudain au dessus de nous et il est à dire vrai sur nous en quelques minutes seulement.

Le retour se fera donc en forêt à bon rythme, dans un premier temps. Malheureusement, on a pris la version « boucle » qui nous éloigne du col et remonte ensuite en crête jusqu’au fort de Vizzanova. En crête, à découvert, alors que l’orage est juste à côté et qu’il se met à pleuvoir des seaux d’eau et qu’on passe en mode trail. Première sauce du voyage. Ce ne sera pas la dernière.

La carte de ces deux randonnées :