Corse – randonnée dans la vallée de la Restonica

Aiti au petit matin. La météo est annoncée comme changeante pour les jours à venir, avec un beau bout de tempête également. Ce matin-là, il fait encore beau et je me délecte dans la vue depuis mon logement. La montagne corse est silencieuse, le soleil saute une crête pour illuminer petit à petit la forêt. Les murs s’allument, le clocher de Aiti également, qui sonne soudain. Le temps a passé, doucement le café est avalé.

Il faut désormais s’activer, prépare le sac et le casse-croûte et vite, filer vers le point de départ de la rando. Le temps je le disais ne s’éternisera pas au beau, il faut en profiter pour faire la plus belle randonnée du coin, quitte à ce que ça pique un peu pour un début de voyage !

La plus belle, c’est la vallée de la Restonica, un sanctuaire naturel dans lequel on s’engage depuis Corte ! La vallée est étroite et a été ravagée par le feu en 2000, cela ne se voit à dire vrai pas (ou plus ?) alors que l’on arpente doucement les 15 kilomètres jusqu’au terminus de la vallée, les bergeries de Grottelle. On a beau être en octobre, il y a un peu de monde et déjà pas mal de monde garé en amont des bergeries, je n’ose imaginer la foule en été mais là, hors saison, c’est tout à fait acceptable !

Les bergeries, encore à l’ombre à cette heure bien fraîche, sont le point de départ de la randonnée du jour, la n°63 du Rother sur la Corse. Direction le lac de Melo (ou Melu) et le lac de Capitello (ou Capitellu !)… voire un peu plus loin encore, on verra ce que racontent les jambes une fois arrivés là-haut, à 1930 mètres d’altitude et avec le GR20 pas bien loin.

La randonnée commence entre chien et loup. Les parois sont d’un côté plongées dans l’ombre, menaçantes. De l’autre, elles prennent le soleil avec nonchalance. Le caractère très minéral du spectacle est stupéfiant, ces sommets sont découpés, déchiquetés alors que cela fait à peine une demie-heure que l’on marche. L’oeil est partout, se gorgeant de tout cela et oubliant presque de regarder où les pieds doivent aller !

On atteint rapidement la première étape de la randonnée : le lac de Melo. Niché au coeur d’un cirque alpin, il hésite lui aussi entre ombre et lumière. Je continue, pour prendre de la hauteur, alors que le chemin devient nettement plus cahoteux et moins accessible au grand public.

Cette section du parcours est superbe, longeant les aiguilles du cirque de Melo et Capitello, s’accrochant à leurs flancs, tantôt en escaladant quelques petites portions, tantôt en grimpant doucement mais sûrement vers le second lac, celui de Capitello donc. Il n’est pas encore visible mais il apparaît soudain, au gré d’un décroché, niché au pied de falaises abruptes sur lesquelles quelques amoureux de la grimpe s’entraînent.

L’endroit est vraiment superbe, la baignade tentante. Une main trempée dans l’eau confirme toutefois qu’on est un peu haut pour ça et un peu tard aussi dans la saison… Début octobre, c’est un peu frais, pour ne pas dire glacial car ce lac prend le gel environ huit mois par an ! Bref : point de baignade mais une longue escale à son bord avant de décider de la suite.

La suite, finalement, c’est une montée supplémentaire pour observer les lacs d’encore plus haut et atteindre le GR20 qui déroule son fabuleux parcours sur les crêtes environnantes. L’ascension est raide, rapide, assez éreintante à dire vrai dans un couloir qui ne dit pas son nom. Les quelques pauses permettent de se graver la rétine avec le Capitello, toujours plus beau alors qu’on s’en éloigne.

La crête, enfin. Le GR20 apparaît, parfaitement balisé. Devant, à gauche et à droite, le paysage est à couper le souffle. Je prends dans un premier temps à droite, en direction de la brèche de Sorbo, clairement visible là-haut. Le chemin longe le cirque alpin, offrant des vues parfaitement dégagées sur les deux lacs et la vallée de la Restonica qui descend doucement vers Corte. Quelle vue !

Depuis la brèche de Sorbo, la vue est également superbe, avec au loin Piana et ses roches rouges. Je cherche à atteindre la pointe des Sept Lacs, sans trop de succès car le balisage n’est plus vraiment présent. J’arrive toutefois à m’offrir au prix d’un peu de crapahute une jolie vue sur le lac de Goria, voisin. Il est temps de rebrousser chemin et de déjeuner avec vue sur les lacs avant de redescendre !

Peu après déjeuner, de premiers nuages apparaissent. Il ne faut pas traîner car en montagne et en Corse tout particulièrement au vu de la « petitesse » de l’île, les changements climatiques peuvent être très rapides et violents. Je remonte le GR20 en direction de la Bocca a Soglia. C’est là que l’on peut récupérer un chemin balisé en jaune redescendant vers le lac de Melo. Le ciel est désormais gentiment couvert et le petit passage exposé du GR20 n’en a que plus d’intensité !

La dernière partie de la descente se fait sur la droite du ruisseau menant aux bergeries de Grottelle, afin de varier les plaisirs et de ne pas reprendre le chemin d’ascension. C’est à ce moment-là que mon genou droit décide de me dire gentiment « merde »… Je n’ai pas assez utilisé les bâtons et j’ai marché comme un petit fou à la descente pour cette première journée cumulant plus de 1000 mètres de dénivelée ! C’est bien ce que je disais : c’était la plus belle des randonnées mais c’était effectivement un brin sec pour une première.

Retour dans la basse vallée de la Restonica. Je m’arrête ici et là, au gré des petits parkings aménagés en bord de route. La lumière de fin de journée est magnifique, le silence absolu. Quel endroit incroyable, quelle merveille de la nature que ce coin de Corse !

La carte de cette journée de randonnée :

Où dormir à proximité de Corte ?

J’ai choisi de dormir un peu à l’écart de Corte, étant tombé sous le charme d’un logement sur AirBnb, celui de Laurent, à Aiti. Village adorable, environnement idyllique, grand calme, logement bien équipé… C’était fantastique.

Où boire un coup dans la vallée de la Restonica ?

Après la randonnée, ne pas oublier de boire une petite bière, un café ou autre aux Bergeries de Grottelle, en compagnie d’une part de leur excellent fiadone. Han. Rien que d’y repenser… Pas mal de fromage à vendre dans le coin également et un miel à tomber le cul par terre, aussi.