Essai – Peugeot 508 GT

Si Peugeot avait admirablement prolongé la durée de vie de la précédente 508 grâce à un facelift très réussi, il fallait aussi admettre que cela n’était que poudre aux yeux face à une concurrence renouvelée et surtout face à l’urgence de sortir en premier lieu un grand nombre de SUV pour répondre à la tendance du marché.

Née X8 à l’origine, abandonnée pendant un temps pour laisser la place aux P8, X74 et C84, cette nouvelle Peugeot 508 GT est revenue d’entre les morts sous le nom de code R8 et la voilà enfin révélée aux yeux d’un monde qui ne dit plus le mot berline que du bout des lèvres… tout en commençant à pester face à la prolifération des SUV !

Alors, serait-ce là le bon moment pour renaître et proposer une auto autrement plus dynamique et racée que la très grande majorité de la production automobile actuelle ? Peut-être.

Peugeot n’y est pas allé de main morte pour renouveler son vaisseau amiral. Le style, s’il ne bouscule pas les codes en terme de proportions sur le segment, est une franche réussite d’un point de vue dynamique, donnant à la 508 GT une présence et un caractère bien affirmés dont elle ne disposait pas jusqu’alors.

L’avenir dira si le style Peugeot moderne vieillira bien. Force est de constater que le 3008 se porte bien depuis 2016 et n’a pas pris une ride. La 508 GT enfonce le clou en allant encore un peu plus loin dans l’agressivité, confirmant les optiques griffées et la calandre flottante mais introduisant surtout des crocs lumineux sur le bouclier avant.

Ces crocs, feux de jour, donnent une signature lumineuse assez unique à la 508 GT, en sus d’être en parfaite harmonie avec la nature féline de la marque. Le lion Peugeot était déjà présent avec ses griffes à l’arrière ou sur les feux à l’avant pour les versions dynamiques, le voici qui sort les crocs, ou les dents de sabre, on ne sait pas trop.

Reste que ce parti-pris est osé et si je ne savais trop qu’en penser en voyant les premières photos, en réel c’est réussi et cela impressionne. Les badauds croisés pendant mon périple occitan ne s’en sont toujours pas remis et je dois dire que moi non plus. Belle.

Mention moins bien en revanche pour le logo 508 qui, s’il adopte une superbe police historique, montrait déjà quelques écailles sur mon modèle affichant à peine 10.000 km. Trop de travelling caméra et donc d’impacts ? Je ne sais pas mais ça faisait un peu tâche par rapport à la beauté de toute le reste.

La partie latérale est plus classique, avec une ligne de toit fuyante qui semble retomber rapidement vers les hanches du train arrière, comme pour un coupé. La nouvelle Peugeot 508 GT a en effet un profil et un 3/4 arrière qui ne sont pas sans rappeler de grands coupés plutôt que de classiques berlines à coffre.

Il faut dire que Peugeot a là-aussi choisi de changer la donne en adoptant un hayon plutôt qu’un coffre. On leur en sait gré pour l’accès au coffre – j’ai toujours préféré les hayons – et pour les lignes générales de l’auto, vraiment dynamiques. On s’en rend compte par ailleurs en prenant un peu de hauteur et en profitant du capot travaillé, du toit légèrement creusé et des belles arches arborant le sigle GT.

L’arrière ne gâche rien avec l’adoption du bandeau noir vu sur les véhicules les plus récents de la marque et sa signature lumineuse symbolisant les griffes du Lion. Les sorties d’échappement sont joliment intégrées et de manière générale, les éléments noir laqué de la carrosserie sont bien positionnés et dimensionnés pour souligner les lignes rougeoyantes de ma version d’essai.

En somme, d’un strict point de vue stylistique, je trouve cette nouvelle Peugeot 508 GT immensément réussie. Elle marie le nécessaire classicisme nécessaire sur ce segment assez statutaire tout en offrant des lignes dynamiques et une certaine agressivité tout à fait assumées.

L’intérieur est du même tonneau puisque Peugeot reconduit sur sa 508 GT les éléments déjà vus sur le 3008 et plus récemment encore sur le DS 7 Crossback – pas encore pu l’essayer celui-ci. On retrouve ainsi le i-Cockpit dans sa dernière mouture avec un superbe petit volant à méplats, des sièges chauffants et massant de belle facture, une console centrale orientée vers le conducteur avec ses touches piano et un écran à la belle réactivité au centre.

Les plus grands auront sûrement toujours un peu de mal à trouver leur position pour pouvoir visualiser les compteurs numériques sans avoir l’impression d’avoir le volant sur les genoux mais pour les tailles moyennes dans mon genre (1m75), c’est toujours un régal que de se positionner dans une Peugeot moderne, avec ce petit volant de kart et les compteurs dans l’alignement de la route.

La qualité de finition est du même niveau que sur le 3008 GT, à savoir excellente. Il faut fouiller dans les coins reculés de l’habitacle pour retrouver des matériaux moins bien finis, les assemblages étant quant à eux réussis. L’auto embarque par ailleurs un système son Focal au son plus que convaincant et se dote aussi d’une détection de piétons en infrarouge, avec alerte et vision nocturne à l’écran sous nos yeux. Testé et approuvé dans quelques villages très peu éclairés le soir en Occitanie !

Bluffant, sur une auto française. Car oui, ce sont plutôt les allemandes qui nous habituent à ce genre de technologies et il faut saluer Peugeot et le groupe PSA pour le travail accompli sur les véhicules EMP2 v2, du Berlingo au 3008, en passant donc par la 508 et le DS 7, d’autres étant encore à venir.

Le dernier bon point va donc à l’écran qui fait bien le lien entre les premières versions perfectibles vues sur la 308 à sa sortie et le dernier cri allemand. Sans avoir la qualité d’affichage ou la réactivité de ces derniers, le système de la 508 GT n’a pas à rougir et est aussi parfaitement compatible CarPlay.

Puisqu’on est tout de même là pour parler conduite, il est temps de démarrer le petit 1.6L PureTech qui développe ici 225 chevaux à 5500 tr/min et 300 Nm, obtenus quant à eux bien plus bas, à 1900 tr/min. Voilà qui délimite parfaitement la place d’utilisation de ce moulin, entre 2500 et 5500 tr/min. Au delà, cela n’a strictement aucun intérêt à part de faire beaucoup trop de bruit sans poussée franche du fait de la petite cylindrée turbocompressée.

La sonorité est au ralenti très discrète, la 508 GT en grondant d’ailleurs pour ainsi dire jamais, daignant tout juste faire un peu plus de « bruit » une fois le mode Sport engagé, mais sans cette effroyable bande son (un crime !) de la 308 ! Le retour auditif est tout juste un peu plus marqué et ronflant, allant parfaitement bien avec le badge « GT ».

En parlant de GT, la 508 GT porte ces deux lettres à merveille pour ce qui est du confort à bord. Malgré les roues optionnelles de 19 pouces chaussées en Michelin Pilot Sport 4, le silence et le confort prévalent en toutes circonstances. Deux éléments sont responsables de cette remarquable qualité de la 508 : tout d’abord les pneumatiques, travaillés dans une optique de compromis grip / confort ; ensuite, la suspension !

Peugeot introduit sur la 508 GT une suspension adaptative couplée à un radar logé dans le bouclier avant et très joliment camouflé d’ailleurs, dans la lèvre noire du pare-chocs, sous la plaque d’immatriculation. Ce radar évalue en permanence l’état de la route et ses imperfections, adaptant en continu le niveau d’amortissement de la caisse. Le résultat est un confort royal, quel que soit l’état de la route et le tout, avec un silence de roulement bluffant au vu du poids très contenu de l’auto.

Sur autoroute et à haute vitesse, le silence à bord est donc vraiment bluffant, tout comme la filtration des raccords ou l’absorption des bosses et ondulations de la chaussée. Ce sentiment perdure sur le réseau secondaire, les bruits de roulement n’étant réellement perceptibles que sur un bitume particulièrement rugueux et dégradé.

Mieux, la 508 GT se dote de divers modes de conduite qui influent sur cette tenue de caisse. La raideur de l’amortissement ne devient absolument pas caricaturale en mode Sport, mais le mode Confort n’est pas non plus une énorme guimauve qui verrait la tenue de caisse devenir immonde. On est vraiment dans un très bon niveau de nuances, Peugeot a fait un travail remarquable ici !

Tout se fait donc sur le filtrage car le maintien de la caisse reste remarquable en toutes circonstances et il en va de même avec la direction, que je n’attendais pas si intéressante. En mode Confort, elle est plutôt assistée mais ne donne pas pour autant l’impression d’être sans résistance. L’évolution se fait là-aussi en nuance au fil des modes, sans jamais trop en faire.

Le touche de route, avec cette qualité d’amortissement et cette direction, est vraiment bon. Le train avant semble assez indestructible et ce sont finalement les sièges baquets qui auraient mérité d’offrir un meilleur maintien tant le rythme peut être soutenu dans les enchaînements de virages !

Le moteur ne faillit pas, se montrant plein de couple et vigoureux sur les petites routes de l’arrière-pays de Perpignan ou encore sur la côte Vermeille. Le freinage n’est pas non plus un problème, avec par ailleurs un toucher de pédale vraiment enthousiasmant. La pédale est précise sans être trop pointue, c’est un plaisir que de doser les courses et pressions sur cette 508 GT.

C’est plutôt du côté de la boîte EAT8 qu’il y a matière à redire. Elle n’est pas du tout mauvaise en utilisation courante, elle est même plutôt bonne avec des montées de rapports imperceptibles et une bonne réactivité quand cela est nécessaire. On la laisse faire sans se poser de questions, avec un fonctionnement très fluide et progressif également quand le régulateur adaptatif et le maintien en ligne sont activés. Le groupe PSA a fait de sacrés progrès sur ces trois points, c’est désormais un plaisir d’utiliser leur boîte auto et les systèmes d’aide à la conduite chez eux.

Non, en fait, ce qui ne va pas avec la boîte EAT8, c’est le mode Sport et l’impossibilité de bénéficier d’un mode manuel ! Enfin si, il y a un mode « Manuel » mais il est en réalité là pour générer du couple moteur et ne s’accompagne pas des réglages direction / accélérateur / châssis du mode Sport à proprement parler. Ainsi, quand celui-ci est engagé, la boîte est une pure automatique sur laquelle on peut intervenir ici ou là en utilisant les palettes pas forcément très bien positionnées et dimensionnées (comme chez Renault…).

Du coup, on se retrouve à hésiter entre intervenir et laisser la boîte faire. Sauf que celle-ci broute, hésite parfois, tire trop haut quand ça n’est pas nécessaire, tarde parfois à descendre un rapport et ainsi de suite. La Peugeot 508 GT montre ici ses limites, à savoir quand on a vraiment envie de hausser le rythme ! Le châssis et tous ses composants l’autorisent sans aucun problème, ce n’est pas le cas de la boîte.

Est-ce vraiment pire que sur une boîte à convertisseur de couple / automatique BMW ou Volvo ? Sûrement pas. En revanche, une Volvo ne pousse pas de la part de la reste de sa définition technique à hausser le rythme ! Le poids est comme je le disais vraiment contenu et c’est perceptible en continu dans cette auto qui vous connecte bien à elle. Alors oui, on en voudrait encore un peu plus avec l’aide d’une boîte type DSG.

Dans l’ensemble toutefois, les prestations dynamiques offertes par cette 508 GT sont d’excellent niveau et ont largement de quoi vous réconcilier avec les berlines, si d’aventure vous êtes à l’aise avec l’idée de « descendre » dans une voiture, la mode étant plutôt à la « montée » ! Encore mieux, elle n’aura consommé que 8.4 L/100 de moyenne sur mes 2100 km d’essai, une réussite au vu du rythme… (hem)

Vous l’aurez compris à la lecture cet article : la nouvelle Peugeot 508 GT est une immense réussite ! La ligne, dynamique et racée, devrait être un classique d’ici à quelques années, si le style choisi vieillit bien, ce dont je commence à douter de moins en moins. L’intérieur est particulièrement réussi également, avec un niveau de technologie et d’équipements tout à fait premium, encore plus sur cette version d’essai.

Enfin, la prestation routière, que le rythme soit sage ou très dynamique, est de premier niveau, avec une tenue de caisse bluffante, une direction de haut niveau et un train avant Peugeot à souhait. Le confort est irréprochable avec cette nouvelle suspension, l’auto inspirant toujours confiance et se voulant rigoureuse sans jamais être cassante.

C’est donc une très belle berline moderne (ou un grand coupé au vu de la visibilité arrière ?) qui je l’espère saura convaincre un maximum de clients dans ce monde majoritairement dominé par les SUV aux formes plus ou moins réussies ! Au pire, la version break, superbe, en mettra également une belle couche… et cette belle paire a désormais suffisamment d’arguments pour faire la nique aux véhicules théoriquement plus premium nés de l’autre côté du Rhin.

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