Après avoir largement essayé la Classe C de Mercedes et dans une moindre mesure la Série 4 de BMW en version Cabriolet, je ne pouvais pas décemment passer à côté de l’Audi A4 nouvelle mouture. Quitte à l’essayer, je me suis dit que j’allais mettre les petits plats dans les moyens avec la version pile en dessous de la S4, à savoir la version 2.0 TFSI de 252 chevaux dotée de la finition S-line. Berline à tout faire, zeste de sportivité, dynamisme, concentré technologique ? Je ne savais pas trop à quoi m’attendre ni ne m’attendais à grand chose, je ne demandais qu’à être un peu surpris.
Du côté de l’extérieur, difficile de l’être puisque Audi persiste et signe dans ses évolutions de modèle en modèle, en attendant la première application réelle des lignes aperçues sur les concepts Prologue. On retrouve donc les ingrédients classiques de la marque avec la calandre single frame, un regard spécifique en éclairs et de jolies prises d’air soulignées de chrome du côté des anti-brouillards. La couleur rouge aide beaucoup à donner du caractère à l’auto qui autrement se glissera dans la circulation sans trop se faire remarquer, au brillant du S-line près !
Impossible d’en dire autant des roues de ce modèle, badgées RS et par conséquent splendides, donnant une stature très dynamique à la caisse. Les flancs sont joliment travaillés mais très classiques. Même combat à l’arrière avec la double sortie d’échappement, bien intégrée et surlignée de noir, avec les classiques feux retravaillés pour cette nouvelle version de A4 et une malle arrière un rien proéminente à mon goût. La voiture reste très bien proportionnée et le volume général est agréable à regarder, mélange de fonctionnalité et d’un zeste de dynamisme. Il n’y a rien à critiquer en soi, tout est parfaitement maîtrisé mais on ne tombe pas non plus en pâmoison en découvrant cette A4. Vous me direz, ce n’est sûrement pas l’objectif.
A l’intérieur, Audi a cette fois-ci sorti le grand jeu et après le TT livre un concentré de technologie que peuvent lui envier ses grandes sœurs désormais un peu en décalage ! Il serait temps que la marque renouvelle ses deux grandes berlines A6 et A8 car la petite A4 ici largement équipée (60k€ pour le modèle d’essai, grosso modo) est hallucinante de technologie embarquée. Avant d’aller plus avant dans le détail des fonctionnalités, on peut faire le point sur la finition, irréprochable peu ou prou comme on en a l’habitude chez Audi. Ce n’est pas tout à fait du niveau de la BMW Série 7 par exemple en terme de niveau de détails mais c’est d’un niveau supérieur à ce que j’ai vu chez BMW en Série 3, dans un mouchoir de poche avec Classe C mais dans un esprit plus sportif !
Les portières mêlent alcantara, plastique et chrome, comme tout le reste de l’habitacle. Les boutons sont bien pensés et de bonne facture. Les sièges sont du même acabit avec un mélange cuir et alcantara autour du blason S et une bonne assise. On pourra tout de même regretter que sur une voiture facturée 60k€, on en soit encore réduit à des sièges à réglage manuel et sans chauffage. A dire vrai, ça fait un peu tâche et heureusement qu’ils sont confortables pour compenser un peu.
Du côté du volant, c’est du classique Audi et donc du réussi avec l’intégration des commandes propres au Virtual Cockpit et les habituelles commandes au toucher et aux « clics » agréables sous le doigt. La forme du volant avec méplat est une habitude agréable également, tout comme la qualité du cuir. C’est une des forces chez Audi, ce volant sport et c’est donc une bonne chose de le retrouver sur cette Audi A4. Derrière lui, les traditionnels comodos et palettes pour la boîte S-tronic. Du classique et du réussi, encore. Rien de surprenant, uniquement du rassurant.
La zone centrale de l’auto est un peu plus surprenante et différente de ce à quoi j’ai l’habitude puisque l’Audi A4, au contraire du TT, conserve son écran central. Le Virtual Cockpit n’est donc pas aussi intégré et intégral que sur le coupé et toutes les commandes ne se font donc pas au volant, seulement les plus basiques. Le reste reste piloté au centre, via le pad tactile et cliquable, entouré des deux touches symboliques des options de navigation et options du Virtual Cockpit. Autour du pad, on retrouve donc ces deux boutons mais aussi une commande Home, retour et deux petits leviers permettant de choisir tel ou tel mode d’affichage. Oh, une ligne de 8 boutons numérotés, en plastique moche, aussi. Un peu trop de boutons et un peu trop de plastique noir ici à mon goût pour une voiture qui se veut au top ! Même chose de l’autre côté du levier de vitesse avec un compartiment ultra complet avec double USB, prise auxiliaire et allume-cigare plus une antenne pour le téléphone, mais ledit compartiment ne se ferme pas intégralement, laissant entrevoir la prise 12V. Soit j’ai raté un truc, soit les mecs en charge de la conception de la zone ne se sont pas trop parlé. Bon, par contre, pour le levier de vitesse : c’est beau, c’est bien fait, rien à dire. Par contre, vous penserez à retirer ce petit bouton volume sur le côté droit, plus ou moins pensé pour le passager : c’est inutile et anachronique.
La partie supérieure est aussi intéressante avec les commandes habituelles de parking, d’assistance au parking et d’ESC, ainsi que le mode Audi drive select, avec un choix un peu étonnant via une flèche haute et une flèche basse. Pas trop compris l’intérêt si ce n’est de meubler deux touches. Les autres commutateurs supérieurs pilotent la partie climatisation et sont dotés d’une fonction tactile. Quand le doigt se pose sur eux, les différents choix possibles s’affichent et on bascule alors vers le haut ou le bas pour agir. Une bonne idée d’interface même si je crois que rien ne remplacera vraiment dans mon cœur les commandes intégrées aux buses du TT…
C’est maintenant le tour des compteurs numériques et de l’écran, avec non pas une belle dose de nouveautés mais surtout une énorme dose de fonctionnalités intégrées à l’auto ! Si l’affichage type virtual cockpit n’est pas vraiment une nouveauté, c’est toujours un plaisir de le retrouver et de naviguer, tant sur l’écran principal que du côté des compteurs avec le double affichage, avec gros tachymètres ou en version plus discrète mettant en valeur le reste des contenus.
Ce qui change et c’est bien là qu’est l’avancée technologique, c’est du côté des aides à la conduite et de quelques autres détails sympathiques visant à simplifier la vie à bord de l’Audi A4. On commence par un détail sympathique pas forcément utile mais agréable : la possibilité de customiser les éclairages ambiants et les niveaux de luminosité de chacun des composants lumineux de l’habitacle, jusqu’à la couleur grâce à plusieurs LED installées aux endroits stratégiques. Gadget mais parfait en terme de personnalisation.
Autre point important et bien réalisé : l’affichage tête haute. Paramétrable quasiment à l’envi, il est parfaitement lisible et se couple à merveille avec la détection efficace des panneaux de limitation de vitesse et avec le régulateur adaptatif de vitesse et le système de maintien en ligne. Un mot d’ailleurs sur ces deux systèmes, largement paramétrables également en terme de sensibilité et de niveau d’intervention : ils sont parfaitement calibrés et efficaces. Je ne suis en général pas très client des ACC, manquant souvent de douceur et de finesse en terme de régulation : ce n’est pas le cas ici avec un système très prévenant et progressif dans ses accélérations et décélérations, tout comme dans les corrections de trajectoire. On rajoute à l’exercice l’adaptation en direct de la régulation à la lecture des panneaux de signalisation mais aussi au relief enregistré dans le GPS ! Ne vous étonnez donc pas si l’Audi A4 descend un rapport, passe au point mort ou remet du gaz : elle s’adapte à la circulation mais également à l’amont. Bluffant et réussi, un vrai point fort en terme de facilité et de praticité au quotidien.
On peut rajouter à cela le système de caméra 3D et les multiples caméras qui permettent de manœuvrer la voiture sans aucun problème. Enfin bref : cette nouvelle Audi A4 est un vrai concentré de technologies plus généralement vues sur plus gros et plus cher et l’ensemble, assisté par le Virtual Cockpit, est tellement bien fait que tout se fait avec facilité et avec une ergonomie globalement bien pensée. Reste à solder pour les prochains véhicules la question du surplus de boutons, du dédoublement imparfait du Virtual Cockpit entre compteurs et écran central et à affiner quelques détails et ce sera parfait ! Mention spéciale par ailleurs pour le système Matrix LED avec feux ajustés automatiquement avec grande précision et sans jamais gêner personne en face, au top.
Pour faire le bilan, l’habitacle de cette Audi mêle le sportif d’une BMW et la qualité d’une Mercedes-Benz. Du côté de la conduite, la BMW Série 3 fait oublier ses quelques défauts de finition via un plaisir assumé. La Mercedes-Benz Classe C quant à elle assume son luxe et donne juste ce qu’il faut de dynamisme sans sacrifier le confort. Qu’en est-il de l’Audi A4 dans cette version ?
La finition S-line implique l’adoption du châssis sport de la marque, sans l’option d’amortissement dynamique et piloté testé par exemple sur RS3. Autant vous dire que couplé à des gommes tailles basses et roues RS rigides à souhait, ça tasse pas mal les vertèbres mais sans être réellement sportif au sens rigoureux et pointu du terme. Sans tomber donc dans l’inconfort le plus total, cette Audi A4 est raide, rude, trop dure à l’usage quotidien qui se veut apaisé dans une voiture de ce gabarit et de cette puissance tout sauf astronomique. Je n’ai donc pas vraiment été convaincu par l’amortissement de l’auto qui, s’il est sérieux, est rude à encaisser en ville et sur chaussées déformées, sans être suffisamment convaincant à vive allure. S’il faut payer l’option pilotée pour conserver de la polyvalence, je dis non au châssis sport. Achetez une S4.
Ce constat un peu rude est malheureusement renforcé par un autre constat : cette motorisation manque cruellement d’âme. Les 252 chevaux et 370 Nm du 2.0 TFSI sont bien évidemment là et les mises en vitesse et reprises sont convaincantes. En revanche, la montée en régime est d’un silence (la double sortie d’échappement est atone…) et d’une linéarité confondante d’ennui, le caractère du moteur est donc assez proche de l’encéphalogramme plat. C’est d’autant plus triste que le quattro fait toujours bien le travail, que les gommes tiennent le choc et que la transmission S-tronic à 7 rapports est plutôt irréprochable. Bref : ça manque de moteur et ça consomme quelque chose comme 11 L/100 sur les 510 km de l’essai. Achetez la version 190 ch ou bien une S4…
Le freinage est quant à lui sécurisant mais se montre bruyant à l’usage avec un crissement hautes fréquences systématique sur les freinages d’arrêt. Le rouge, ça va vite mais ça crisse. Il semblerait que l’auto ait été un peu maltraitée sur le prêt précédent, avec donc sûrement des antibruits quelques peu carbonisés. A revérifier avec disques et plaquettes pas trop martyrisés donc car pour le reste des conditions de freinage, c’était sans bruit. La direction, en mode Sport, est convaincante également mais manque encore un peu de précision pour aller avec le mot Sport justement. Le point milieu reste un brin flou et mériterait un peu de tuning pour affiner la réponse de l’assistance électrique. Bref : il y a du bon, voire du très bon si l’on considère cette voiture comme une « simple » Audi A4. Pour une version « quasi » S4 avec 252 poneys et un châssis sport, c’est en revanche insuffisant. Une fois de plus, achetez une version 190 ou une S4 !
Je pense que vous aurez compris mon message principal : cette Audi A4 est une réussite dynamique et bénéficie également d’une isolation acoustique de tout premier plan dans l’habitacle. En revanche, dans cette version S-line et donc châssis sport, avec cette motorisation artificiellement poussée par rapport à la version 190 ch, elle se retrouve le cul entre deux chaises. D’un côté, elle ne génère aucune des émotions que j’attendrai d’une S4 et de l’autre, elle gâche quelque peu le compromis et la réussite générale qu’est l’auto.
En bref : je ne suis pas convaincu par cette version 2.0 TFSI 252 à la plastique certes affriolante mais aux émotions aseptisées voire inexistantes. Préférez-lui une version 190 chevaux moins goulue avec autant d’équipement ou bien assumez et prenez le 3.0 TFSI de 354 chevaux de l’Audi S4 !