Essai – Citroën DS4 THP200

Après l’essai d’une partie de la gamme DS3, il fallait bien monter en gamme et se faire un petit plaisir : la DS4 dans sa version la plus musclée. En attendant une éventuelle sortie en série de la DS4 Racing présentée à Genève, le petit 1.6 turbocompressé fournit à cette voiture atypique 200 chevaux de bon augure, servis par un châssis efficace et de grosses et belles roues Cairns de 19″. Le moins que l’on puisse dire, c’est que dans cette robe brun hickory, la bestiole a de la gueule.

Extérieurement, Citroën a choisir pour DS4 un design clivant, racé mais surtout hybride, la positionnant du côté des berlines, des petits crossovers mais aussi d’une certaine idée du coupéspace avec ses portières arrière aux poignées camouflées. Pas évident de se faire une idée, on aime ou on déteste en tout cas, la plupart des gens bloquant sur le côté surélevé de la machine. Les roues de 19″ gomment quelque peu les grands passages de roues tandis que des flancs musculeux lui redonnent un dynamisme certain. Toutefois, la silhouette reste haute, impossible de masquer ce point qui séduit ou rebute.

Une fois la bête appréhendée de l’extérieur et savourée en ce qui me concerne, on ouvre une lourde porte, bien garnie, se fermant dans un claquement sourd. Citroën a bossé sur les détails, il fallait bien ça pour vouloir facturer plus de 35k€ cette machine. Les portières sont recouvertes de cuir, l’ensemble des boutons est de bonne facture bien que parfois plastique noir. Quelques soucis d’ajustement gâchent la bonne première impression avec des écarts entre matières un peu trop grands, vraiment dommage. Le volant tombe bien sous la main et se règle sans souci, garni de boutons en tous genres, parfaitement lisibles. Le cerceau s’avère de bonne taille, peut-être un peu trop d’ailleurs, cela reste un détail. Derrière, les cadrans sont un régal avec leur liseré de chrome et de couleur, l’affichage des informations étant du même acabit. Il fait bon être installé là.

Il en va de même pour l’assise, chauffante et massante, recouverte du fameux cuir « bracelet » que j’aime tant et offrant un maintien tout à fait convenable. L’ensemble de la planche de bord est recouvert du cuir de la même teinte, en accord avec la couleur extérieure. Définitivement, Citroën a fait du bon travail pour l’ambiance à bord. Ce n’est certes pas la DS5 mais c’est plus que beaucoup d’autres voitures. Vous l’aurez compris : j’ai passé du très bon temps dans cette voiture qui s’avère un bonheur au quotidien : silencieuse, confortable et bien équipée.

Puisqu’on parle de confort au quotidien, la DS4 se conduit délicatement, sur un filet de gaz. Le ronron du moteur sonne bien dans l’échappement, flatteur, un peu gourmand mais juste ce qu’il faut. On croise dans la circulation en toute quiétude malgré les claquements de la boîte : pas assez ferme, pas assez molle, une sorte de compromis que je trouve assez peu satisfaisant sans être rédhibitoire. Le ressenti aux pédales est bon, le freinage progressif, réactif et surtout très puissant quand on le sollicite vraiment. Reste un petit souci : du crissement parfois et quelques bruit de craquement avec les roues complètement braquées. En parlant de roues, les Cairns en 19″ ont beau être sublimes en terme de design, elles détériorent sensiblement le confort de roulage par rapport à ce que j’avais pu connaître (très) rapidement sur une autre DS4 montée en 18″. Si vous recherchez donc le confort à tout prix, préférez cette monte plutôt que celle-ci, plus typée dynamique !

On pourrait presque se laisser aller à conduire doucement, tout en délicatesse mais l’échappement et le moteur, sobrement présents quand on ne les sollicite pas trop, sont des pousse-au-crime. Les 200 chevaux ne demandent qu’à chanter, la sonorité étant agréable et le moteur montant dans les tours avec beaucoup de cœur à l’ouvrage. La masse conséquente de la DS4 se retrouve alors propulsée à des vitesses tout sauf légales et on commence à réfléchir au freinage… qui tient justement le choc ! Puissance et bon ressenti, pneus vissés au sol et surtout des trains roulants que l’on sait développés et mis au point par les équipes de l’est de la France, autrement dit le savoir-faire Peugeot. La DS4 prise d’un point de vue dynamique est une excellente voiture, finalement assez peu handicapée par son point de gravité assez haut, prenant très peu de roulis en courbes, présentant un train arrière amusant sans être très joueur et surtout un train avant très directif même quand on le sollicite volontairement mal.

Moteur volontaire, excellents trains, boîte convenable, la DS4 ne demande au final qu’à être menée tambour battant, se cambrant toutefois sur ses suspensions à l’accélération et plongeant un peu trop au freinage, la faute justement à cette fameuse silhouette haute ! Malgré ça, l’excellente dynamique de la voiture combinée à un confort à bord de très bon niveau, font qu’on déroule les kilomètres à vive allure sans trop réfléchir et en écoutant chanter le moteur. Jusqu’à la pompe. On retrouve aussi, c’est le lot de ces petits moteurs turbo, une consommation qui picote un peu avec une moyenne à 11L/100 sur mon utilisation mixte (bon ok j’ai un peu tapé dedans quand même).

La DS4 est attachante, plus que DS3 finalement, plus spécifique, moins adaptée sur C4 que ne l’est DS3 de C3. On se sent dans un autre monde, celui que Citroën a créé pour sa gamme DS et dont on comprend aisément le succès. Je l’ai rendue avec un pincement au cœur, gommant d’un coup ses quelques défauts tant sa ligne, son confort et son comportement m’ont séduit. Ne me reste plus qu’à attendre la DS4 Racing car croyez-moi, la base est bonne et j’aimerais bien aller taquiner la Megane R.S. avec une adversaire digne de ce nom.