Essai – Audi Q8 50 TDI

L’hiver, vous l’aurez sûrement remarqué, j’ai tendance à me concentrer sur les SUV, petits et grands. Les routes grasses, la faible sportivité, le temps potentiellement chafouin, tout cela me tire vers cette catégorie de véhicules sur laquelle je fais globalement l’impasse mais dont certains spécimens attirent malgré tout mon attention. L’Audi Q8 fait partie de ces derniers.

Bien qu’il ne soit disponible qu’en version 50 TDI (le fameux V6 BiTDI 286ch) à l’époque de mon essai – des motorisations essence arrivent – je me suis résolu à l’essayer car j’avais vraiment envie de découvrir ce qu’il avait de bon techniquement et technologiquement sous sa carrosserie massive, charismatique et impressionnante.

Du point de vue extérieur et surtout dans cette configuration hautement désirable, il est difficile de nier que l’Audi Q8 a un gros charisme ! Le pack S-Line (2310€), les roues en 22 » en aluminium forgé (3840€) et la couleur Orange Dragon (1240€) font que les têtes se dévissent fortement au passage de l’auto, par ailleurs massive comme je le disais plus haut. Quasiment 5m de long, 2m de large et 1,7m de haut, la bête en impose avec son capot large comme une table à manger !

La face avant n’est pas en reste, introduisant de nouveaux éléments de langage dans le style Audi. On retrouve des feux intelligents FullLED, encadrant une calandre massive désormais entourée d’un épais jonc gris mat. Je trouvais la chose pas forcément très heureuse sur certaines photos mais finalement, quand c’est fait avec la bonne couleur de carrosserie et le pack S-Line, cela rend plutôt bien, à défaut d’être « fin ».

L’autre bon point pour dynamiser une silhouette d’armoire normande chargée aux amphétamines, ce sont les différentes lignes de fuite tracées sur le capot, sur les ailes et filant ensuite sur les portières et rétroviseurs, disparaissant et réapparaissant au gré des galbes. Avec quelques joncs chromés ici et là et surtout ces jolies roues, l’Audi Q8 réussit à nous faire croire qu’il est élancé et galbé, une belle prouesse en terme de style.

Même combat à l’arrière où la marque a adopté les récents éléments de style Audi, à commencer par le grand bandeau noir et lumineux déjà vu sur l’Audi A7. Un joli petit aileron couronne le tout et les hanches se font larges, un peu torturées aussi pour éviter le côté « cul de fourmi » que peuvent avoir nombre de SUV et plus spécialement de SUV coupés ! De ce point de vue, l’Audi Q8 met une sacrée claque stylistique au vieillissant X6 mais aussi au bombé GLE Coupé.

Je ne vais pas m’éterniser sur l’intérieur de l’auto car l’Audi Q8 vient confirmer tout ce que j’avais pu voir dans l’Audi A7, elle aussi essayée en version Avus Extended (la crème de la crème, en somme). Contenu technologique impressionnant, grands écrans à retour haptique, Virtual Cockpit toujours au top, vision nocturne automatique très sensible et intelligente, finitions irréprochables avec ce bel intérieur en cuir Valcona et un toit panoramique (1830€) qui désenclave l’intérieur.

Dans l’ensemble, l’Audi Q8 offre ce qui se fait de mieux en terme de finitions – sièges et volant parfaits par ailleurs – et contenu technologique. J’attends bien sûr de prendre en mains le système de la nouvelle Classe A dans quelques mois mais la marque aux anneaux semble conserver une belle avance dans le domaine. Reste tout de même à améliorer le son, car le système B&O facturé 7k€ ne m’a pas transcendé !

A noter aussi : le coffre et les places arrières sont généreux, y compris pour les grands qui ne souffriront que peu de la réduction de la hauteur du toit. De même, quelques fonctions spécifiques sont disponibles, comme des modes Allroad et Offroad, avec un écran dédié à l’inclinaison du véhicule, pour celles et ceux souhaitant aller jouer dans les chemins et champs (j’ai passé mon tour avec ces roues…).

L’expérience de conduite à bord de l’Audi Q8 pourrait se résumer à quelques mots : confort, repos et tranquillité. Le premier est indubitable, avec une suspension pneumatique qui absorbe avec succès les imperfections de la route, y compris quand le mode Dynamic est activé et malgré les pneus ContiSportContact 6 à taille basse qui enveloppent les grandes roues. Il n’y a guère que sur quelques routes un peu défoncées que j’ai senti des trépidations dans l’habitacle, mais j’étais à dire vrai dans un mode de conduite qui n’était pas vraiment destiné au confort…

Si j’associais auparavant beaucoup la notion de voyage automobile reposant à la marque Volvo, je dois dire que l’Audi A7 nouveau cru et cet Audi Q8 me font dire que les suédois n’ont plus l’apanage du véhicule dont tu sors moins fatigué qu’en y étant monté… ! Le silence à bord, la filtration des vicissitudes extérieures et la semi-autonomie qui facilite la vie du conducteur, tout cela fait que l’on peut conduire concentré mais détendu, sur des kilomètres et sans grande fatigue.

Enfin, la tranquillité, c’est un peu de tout ça mais aussi l’apport des roues arrière directrices. L’Audi Q8, long et massif, semble se faufiler sans même y penser dans la circulation parisienne du début de mon essai. Les petites rues ne lui font pas spécialement peur tant le rayon de braquage est limité par cette technologie. La bonne démultiplication de l’assistance de direction aide aussi et finalement, l’auto fait oublier son gabarit la plupart du temps.

Lorsque le rythme augmente, on se surprend à attaquer un peu plus que de raison. Les pneumatiques encaissent mais leur souffrance est sensible malgré tout ! En fait, le maintien des sièges, la bonne consistance de la direction et le toucher bien réglé de la pédale de freins poussent à y aller toujours un peu plus fort.

Là où la marque a aussi fait très fort, c’est au niveau du maintien de la caisse. La prise de roulis est pour ainsi dire inexistante, l’Audi Q8 s’obstinant à rester horizontal en toutes circonstances ! Il en va de même pour le cabrage et la plongée, remarquablement maîtrisés sur une auto qui pèse tout de même plus de 2200 kg à vide !

Du côté de la chaîne de transmission, la boîte Tiptronic à 8 rapports m’a un peu plus convaincu que lors de mon essai de l’Audi A7. Y a-t-il des différences réelles dans la cartographie ? Je ne sais pas mais je n’ai pas retrouvé les petits à-coups à bas régime et dans certains cas de vie qui m’avaient un peu étonnés sur A7. Ici, tout est volupté, la boîte usant du couple généreux (600 Nm à 2250 tr/min) pour grignoter le bitume.

Il n’y a guère qu’en première que le moteur s’emballe un peu, la boîte tardant un peu trop à passer la seconde et faisant donc bien sonner le V6… ! Autrement dit, ça claque, ça clonke, c’est un diesel. Je m’attendais à encore un peu plus de silence à dire vrai, même si le contraste entre l’extérieur et l’intérieur est impressionnant. C’est simple : j’aurais souhaité ne jamais l’entendre, à l’intérieur, ce moteur. Le diesel ne m’avait pas manqué…

S’il faut bien reconnaître que sa puissance (286ch à 3500 tr/min) et son couple de camion sont un vrai plus pour déplacer une telle masse et que sa consommation est raisonnable (9.3 L/100 sur mes 400 km d’essai), je n’arrive plus à me faire au bruit de cette technologie qui ne sonne réellement « bien » que sur le 50d BMW.

Quoiqu’il en soit, l’agrément et l’onctuosité sont bien là, propulsant l’Audi Q8 sans coup férir, offrant de belles relances aussi dès que le besoin s’en fait sentir ! Les versions 55 TFSI seront sûrement un peu plus intéressantes de ce point de vue mais la consommation ne sera sûrement pas la même. Dans ce cas, autant partir directement sur un Audi RS Q8 ! Affaire à suivre.

L’Audi Q8, si l’on fait donc abstraction de sa motorisation dans le cas présent, méritait en tout cas bien mon attention et mon intérêt ! Le style est une réussite, même si je préfère toujours « descendre » dans une voiture plutôt que d’y « monter ». Les designers de la marque ont réussi à rendre dynamique et alléchant l’armoire normande qu’était le Q7, en abandonnant en partie le chrome et en usant de quelques jolis traits et formes pour rendre le « petit » dernier vraiment charismatique et non pas seulement massif.

Faut-il parler de la technologie ? Audi maîtrise son sujet et son slogan, cela était déjà bien visible sur l’A7, cela l’est encore plus sur l’Audi Q8 qui semble faire abstraction de sa masse pour se jeter dans les courbes, sans jamais vous mettre à mal grâce à un habitacle au delà de tout reproche. Y a-t-il des défauts pour ce qui du contenu technique et technologique de cette voiture ? Non. En tout cas, ils sont bien compliqués à trouver…

Alors, Audi, dernier arrivé sur le terrain des SUV coupés, met-il à mal l’hégémonie des autres allemands ? Indubitablement oui. L’Audi Q8 est une énorme claque au best-seller X6 qui achève de prendre un coup de vieux définitif. La prochaine génération aura fort à faire… Quant au GLE Coupé, plus rondouillard, il prend lui aussi un beau coup dans le museau, paraissant bien fade en comparaison. Sacré coup de maître, que l’on aime ou non les SUV !