Essai – Renault Clio RS 200 EDC Cup

Rapidement prise en main lors de la Journée des Légendes vécue en compagnie des équipes Renault Sport, j’attendais de conduire plus longuement cette nouvelle Clio RS 200 EDC pour me faire un avis définitif et ce fut chose faite tout début mai lors d’un long weekend sur les merveilleuses petites routes désertes du Minervois ! Au programme donc, quelques 2200 kilomètres parcourus au volant de la bombinette jaune Sirius dotée du châssis Cup, une condition sine qua none pour réellement l’apprécier, la version « normale » étant bien trop sage à mes yeux. Le verdict… ? Vous verrez.

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Commençons par faire le tour de cette nouvelle Clio RS (le blabla 200 EDC m’ennuie, sachez-le). Hanches généreuses mais pas trop par rapport à la version de série, diffuseur et jolie sortie d’échappements, un discret blason RS sous le losange, une lèvre grise pour donner l’impression qu’elle veut mordre la route et enfin des étriers flottants peints en rouge. J’étais très perplexe lors de sa présentation au Salon de Paris, perplexe à dire vrai non pas sur sa silhouette générale que je trouve réussie et bien galbée, mais plutôt sur l’utilisation d’un profil 5 portes sur une déclinaison sportive. Comparaison systématique avec les anciennes Clio RS me direz-vous, je répondrai que si je comprends les contraintes industrielles, j’ai tout de même une préférence pour les silhouettes 3 portes. Renault a bien travaillé sur la Clio RS puisque ces deux portes supplémentaires ne nuisent pas au dynamisme de la ligne. Permettez-moi tout de même d’avoir envie de la voir sans, quitte à sacrifier l’habitabilité arrière. Je ne vais pas gâcher mon plaisir toutefois, je trouve cette Clio RS belle en diable dans cette livrée jaune / noire / grise, un peu comme sa grande sœur Megane RS à dire vrai.

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A l’intérieur, c’est une Clio normale, aux détails RS prêts, là-aussi comme l’Aînée ! J’avoue avoir été choqué lors de mon premier essai de la Megane par le manque de différenciation entre les versions normales et RS, je m’y suis désormais habitué même si plus d’exclusivité me siérait volontiers. On retrouve donc les traditionnels leviers de vitesse, volant, baquets et inserts Renault Sport. Pour le reste, l’excellent système R-Link est au rendez-vous et m’a bluffé par sa praticité mais je ne m’attarderai pas dessus, si ce n’est pour dire que cela manque un peu de télémétrie… A bon entendeur… L’ensemble est très bien fini pour une petite citadine sportive abordable avec notamment un joli ensemble de compteurs et un volant qui tombe bien en main.

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Du côté des baquets, rien à signaler puisqu’ils m’ont semblé être un bon compromis entre maintien et confort au quotidien. Mention spéciale aux responsables de produits Renault Sport qui se sont paraît-il battus pour les avoir, je n’aurais jamais pardonné à la marque des baquets de très mauvaise qualité sur une RS. La vraie nouveauté sur cette Clio se trouve toutefois entre les sièges, aux côtés du bouton de limiteur/régulateur, toujours aussi mal placé : c’est le bouton R.S. Drive. Trois modes disponibles : Normal, Sport, Race. Je n’ai jamais utilisé le Normal sauf sur autoroute, tant le moteur semble étouffé, la boîte atone, tout sauf R.S. en fait. En Sport et en Race (ESC désactivé au passage), la voiture affiche un joli témoin vert au compteur, un rien trop voyant d’ailleurs, particulièrement dans le noir, presque désagréable.

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Enfin, la fameuse boîte de vitesses pilotée et ses palettes, bien placées en terme d’éloignement du volant mais, je me dois de le confirmer, bien trop courtes ! Comme évoqué avec Laurent Hurgon, RS a du contraindre la longueur des palettes à cause de la présence de l’immonde comodo radio du côté droit. J’aurais préféré le voir disparaître tant cette hauteur restreinte a manqué me piéger à plusieurs reprises sur petites routes. Foutues contraintes industrielles, je le redis, mais c’est à mes yeux le seul vrai gros défaut de cette voiture.

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Trêve de revue de détails, il est temps d’allumer la bestiole et d’aller brûler de l’essence, des plaquettes et des pneus. La voiture démarre en mode Normal, léger soubresaut auditif, flatteur mais pas trop putassier. J’active aussitôt le mode Sport et mon oreille me remercie ! La Clio RS (blabla EDC) devient alors communicative, sonore, sans trop en faire toutefois. Elle se montre donc audible mais reste polie, il faudra peut-être attendre la version Gordini pour que le 1.6L s’exprime à pleins poumons turbocompressés. Bilan par conséquent positif au long cours (cette voiture ne vous casse pas les oreilles) mais un brin frustrant parfois tant on sent qu’elle peut souffler plus fort dans les petites routes de la Montagne Noire. Bon, il semblerait qu’elle chante déjà suffisamment au vu des regards, nombreux, se posant sur elle.

Je ne vous dirai pas que le compteur peut afficher en toute stabilité 220 km/h, je ne vous dirai pas non plus que le train arrière de cette voiture est un régal quand il se déhanche, tout cela est illégal et je ne l’ai bien évidemment pas fait. Je me suis en revanche baladé dans la région du Pic de Nore, terrain de jeu idéal (chut, je n’ai rien dit là non plus) pour les amateurs de petites sportives dynamiques et attachantes. Première, seconde, troisième et plus, les vitesses montent et descendent à un rythme très correct, là-aussi en considérant que cette voiture ne coûte pas 200.000€. Renault Sport livre une boîte qui si elle est lente en comparaison des références absolues de la catégorie, n’a clairement pas à rougir face à celles équipant des voitures facturées 50 ou 60k€, elle fait même parfois mieux. Je n’ai pas utilisé le levier de vitesses en mode séquentiel, n’y voyant que peu d’intérêt face aux palettes et je ne comprends d’ailleurs pas trop le choix de RS d’avoir intégré cette fonction. Enfin, pour conclure sur cette boîte : elle ne m’a jamais pris en défaut et une fois son rythme acquis par le conducteur, elle s’avère parfaitement utilisable en conduite (très) sportive et bien adaptée au caractère du moulin qui souffle ses 200 canassons… autant donc pour tous les avis négatifs que j’avais pu lire et qui m’avaient fait très peur.

Le moteur, parlons-en tiens, du moteur ! Là-aussi, j’avais peur, très peur. Le 2.0L atmo est et reste l’un de mes moteurs préférés. Ce 1.6L turbocompressé ayant consommé ses 10.3L/100 de moyenne arrivait donc avec un air très propret qui ne me plaisait guère. Il ne me plaît toujours pas comme son prédécesseur mais j’ai cessé de le haïr. Ses principales qualité : il est puissant, coupleux, volontaire, le turbo le fait souffler comme le 2.0 turbo de l’Aînée, transformant d’ailleurs l’expérience Clio en une sorte de mini-Megane feeling. Amusant. Son principal défaut : forcer le conducteur à modifier son style de conduite, forcément basé sur les souvenirs de la conduite de la Clio RS précédente ! C’est sûrement ça qu’on lui reproche car oui, cette Clio RS ne s’emmène plus du tout comme sa devancière. C’est terminé, les changements de rapport incessants pour toujours être dans les tours, il faut ici gérer la courbe de couple qui s’avère bien pleine. Là où je serais passé en fond de deux, il faut désormais rester en trois et mettre plein gaz, le moteur déploie sa charge et les trains roulants font le reste… Oui, cette Clio RS est différente de ce qui se faisait avant et même si sa devancière m’a profondément marqué, j’ai appris à m’attacher à celle-ci, plus polyvalente mais surtout plus efficace au final. Mince alors. Moi qui voyais en intégriste de ce bel et défunt atmosphérique…

Le freinage maintenant… Là-aussi, je gardais en tête mon expérience Clio III avec ses redoutables étriers fixes… et j’aurai cette fois-ci beaucoup de mal à me satisfaire du choix de Renault Sport avec ces nouveaux étriers flottants. Plaquette spécifique, gros travail sur le saut de l’amplification, sur le mordant et donc le ressenti pédale, le travail est conséquent et à dire vrai réussi. Ces étriers ont le meilleur mordant que je connaisse en étriers flottants : à la fois naturel et amplifié, bien loin d’une 207 par exemple dont les freins mordent grâce à l’amplification seulement. C’est donc une réussite en terme de ressenti pédale mais c’est bien malheureusement insuffisant en endurance, comme sur la 208 GTi. Dans le cadre d’une utilisation circuit ou tout simplement celle que je leur ai faite subir au Pic de Nore, on arrive vite aux limites d’efficacité des freins. Dommage… et je n’en démords donc pas : il FAUT une paire d’étriers fixes sur cette voiture pour les versions « plus » à venir.

Du côté des trains roulants, mon propos sera court et positif : cette voiture est une mini-Megane RS ! Train arrière progressif et plutôt joueur par conséquent, passage du couple du moteur sans soucis sur le sec, très correct sur le gras, Renault Sport confirme sa parfaite maîtrise de cette partie du véhicule en livrant une voiture diabolique d’efficacité et terriblement saine. Le principal gap vient finalement de ce train arrière moins verrouillé que l’ancienne version, pour mon plus grand bonheur puisque quand le train de la III lâchait, il était bien souvent trop tard pour la majorité des conducteurs. Je n’en dirais pas plus : la voiture s’avère confortable, même en version Cup, elle lit la route et remonte suffisamment d’informations au volant sans toutefois se balader au bon vouloir de ses gommes et communique parfaitement avec les mains et les reins du conducteur quand il s’agit d’enchaîner les kilomètres sans goupille au cerveau… Quel PIED ! Bref : un châssis digne de l’Aînée et de Renault Sport, confirmant les dires de son ancien responsable produit : Clio RS (blabla EDC) va plus vite que son aïeule Clio III RS.

Je pense avoir fait le tour de la bestiole… Un poil plus polie que sa devancière, aussi plus saine et progressive, confortable mais terriblement efficace, joliment finie et équipée, la Clio RS est au rendez-vous mais elle représente un saut technologique et générationnel considérable, probablement trop grand pour de nombreux habitués (t’as mal où sinon ?) de la gamme sportive du Losange. Certains aficionados ne suivront sûrement pas mais il y aura assurément de nouveaux convertis. J’en fais partie mais, très clairement, j’attends aussi une version radicale pour coiffer ce duo Clio RS / Clio RS Cup ! Messieurs de Renault Sport, à vos idées !

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