Essai – Mazda MX-5 100th Anniversary

En pandémie, le temps passe à la fois très vite et très lentement. Autant je suis familier avec la seconde partie, autant la première m’a sauté à la figure quand je me suis rendu compte que cela faisait quasiment deux ans que je n’avais pas conduit de Mazda MX-5. Pour l’aficionado et évangélisateur du petit cabriolet que je suis, c’est un gouffre. Alors, au même titre que j’avais étalonné mes capteurs avec la Civic Type R l’an passé, je me suis dit qu’il était plus que temps de faire de même avec le Mazda MX-5 et quelle meilleure déclinaison pour cela que l’édition 100th Anniversary (100ème Anniversaire pour les francophones) ?

Mazda a en effet 100 ans (1920-2020) et a profité de l’occasion pour décliner une édition spéciale à l’ensemble de sa gamme (sauf MX-30 et 6 en France), avec des codes stylistiques rappelant l’une des autos emblématiques de la marque, la R360 datant des années 60. Je retrouve donc la silhouette connue du Mazda MX-5 ND mais avec des détails de style spécifiques. Cela commence par la couleur principale de l’auto, un blanc qualifié de « Snowflake » aux jolies paillettes quand le soleil se met à briller, avec en sus quelques menus détails comme une plaque commémorative placée en amont du train arrière ou les cache moyeux spécifiques passés en rouge.

Le rouge, on le retrouve également sur la capote en « Burgundy », une très belle teinte censée rappelée les fameux vins de Bourgogne. C’est réussi en terme de contraste et d’équilibre et d’ailleurs, on retrouve le même contraste dans l’habitacle avec la moquette et des sièges du même coloris, marqués en relief au niveau de l’appuie-tête. L’intérieur du Mazda MX-5 marie donc le blanc du rappel carrosserie de la portière avec le noir et le rouge Burgundy, le tout se montrant particulièrement élégant. C’est peut-être l’une des séries spéciales les plus réussies qui soient sorties à date pour ce qui est de l’équilibre des couleurs.

Pour le reste, le Mazda MX-5 ne change pas, extérieurement comme intérieurement si l’on excepte la clé spécifique. Je ne m’éterniserai donc pas sur ses qualités et ses menus défauts, ils sont connus et vous pourrez les retrouver dans mes essais antérieurs du petit roadster. Un commentaire toutefois sur la partie « étalonnage » puisque j’ai immédiatement retrouvé cette position de conduite que j’affectionne et l’ergonomie où tout vous tombe sous la main. Le MX-5 continue de très bien vieillir depuis sa sortie en 2015, même si quelques petites modifications seraient les bienvenues.

Ce Mazda MX-5 100th Anniversary est réalisé sur la plus petite des deux versions du cabriolet, à savoir celle équipée du quatre cylindres Skyactiv-G cubant 1.5 L et développant 132 ch à 7000 tr/min et 152 Nm à 4500 tr/min. Ce n’est pas phénoménal mais l’essentiel est ailleurs et la consommation est plus que raisonnable, malgré une conduite parfois scabreuse sur les routes de la Chartreuse et du Vercors et des sections autoroutières avalées à bon rythme : 6.9 L/100 sur mes 1790 km d’essai.

L’essentiel est ailleurs, donc. Oui, ce fut d’ailleurs bien la vraie leçon de cet étalonnage du plaisir automobile. La légèreté, la facilité, la sobriété, l’amusement dès les plus basses vitesses, c’est toute la recette du Mazda MX-5 et c’est un émerveillement que de la redécouvrir à chaque fois. Mes essais s’enchaînent parfois tambour battant, d’un weekend à l’autre et reprendre le temps d’un très long weekend le volant de cette auto m’a permis de remettre certaines pendules à l’heure.

J’ai déjà parlé de la position de conduite et cela participe grandement de l’expérience. Quand on rajoute à cela un volant de taille tout à fait raisonnable et une direction qui réagit au doigt et à l’oeil, on commence à toucher une petite forme de perfection automobile, quand bien même il existe des directions et des trains avant autrement plus tranchants. Les pédales tombent également parfaitement sous les pieds, tout comme le pommeau de vitesse : les contacts avec les organes de contrôle de l’automobile sont rapides, francs, simples et évidents.

Au début, j’ai roulé assez calmement, me remémorant doucement mes souvenirs. J’ai aussi roulé beaucoup au (peu de) couple, sur un filet de gaz, profitant d’ailleurs de la jolie sonorité de ce petit moteur atmosphérique qui a le bon goût de gentiment gronder dans la double sortie d’échappement. A l’ère des moteurs turbocompressés étouffés par leur organe de suralimentation et par les filtres à particules, cette petite voix rauque et métallique a un charme assez fou.

Ce mélange de douceur et de sonorité ronflante est aussi accentuée par la prévenance de la suspension. Le Mazda MX-5 est fait pour enchaîner les kilomètres en tout cas en ville et sur le réseau secondaire. Les bruits d’air et de roulement sont en effet quelque peu usants sur la longueur sur autoroute. Mais bon, il faut souffrir parfois, pour profiter de l’immense joie que procure cette auto sur les petites routes alpines. Le mieux serait d’habiter sur place, me direz-vous. Vous avez raison. En attendant, vous pouvez voyager avec cette version du Mimix.

Il y a enfin ce moment où les virages s’enchaînent à une vitesse tout à fait raisonnable et où le sourire vient naturellement aux lèvres. La vitesse n’est pas raisonnable, elle est en fait légale, voire en dessous de la limitation ! Le plaisir est là, à 50 ou 60 sur une route limitée à 80 ou 90 km/h, dans la précision du train avant et le caractère virevoltant de l’auto qui pèse à peine une tonne et joue gentiment des hanches pour vous passer d’un lacet à l’autre. Il n’est même pas question de brusquer le passager ou la passagère, qui continue de vivre une vie tranquille sans avoir besoin d’un sac à vomi.

Alors, l’alternative est également possible et il faut bien dire qu’à un moment dans le voyage, l’envie se fait très pressante de prendre le couteau entre les dents pour aller chercher le haut des tours de ce petit moteur rageur ! Les rapports s’égrènent avec la régularité d’un métronome et le quatre pattes fait tout ce qu’il peut pour faire résonner son timbre sur les parois alentours. La vitesse augmente sans jamais nécessiter un facteur x2 souvent nécessaire avec nombre d’autos modernes pour commencer à « sentir » les choses.

Le Mazda MX-5 distille des sensations, du plaisir, des accélérations et des ressentis en respectant les vitesses légales pour peu que la route soit sinueuse comme un serpent cherchant à filer au plus vite ! C’est le cas des routes de l’Oisans, du Vercors ou de la Chartreuse. Nul besoin de débrancher un contrôle de trajectoire ou de motricité, car il n’y pas tant de puissance que cela et le couple passe bien au sol tout en autorisant un peu d’enroulage. Sur route sèche, on peut donc osciller entre 50 et, disons, 110 km/h (ahhhh, illégalité, ahhhh) et prendre un plaisir à la fois simple et phénoménal sans mettre personne en danger.

Le poids très contenu du Mazda MX-5 et son système de freinage bien dimensionné font que les décélérations sont suffisamment convaincantes et répétables pour ne jamais avoir la sensation de dépasser les limites de l’acceptabilité sociale. Les pouces levés et les sourires en témoignent,  l’affection qui se dégage des badauds, des cyclistes et autres automobilistes est assez large et seuls quelques esprits chagrins, souvent motorisés, semblent bouder le plaisir de voir cette mignonne petite bouille japonaise.

Mes souvenirs du moteur 1.5L étaient un peu parcellaires, peut-être un peu biaisés aussi par les routes (angevines) empruntées, sensiblement plus roulantes. Je crois que j’avais un peu peur d’être limité, de m’ennuyer, de manquer de « jus » pour m’éclater sur les routes des Alpes. C’était une fausse impression car ces menus rubans bitumés se sont avérés être le terrain de jeu idéal de cette motorisation, que ce soit pour caracoler les cheveux au vent ou pour se faire un petit bout de spéciale à allure (presque) légale !

Bref. Un moteur pétillant et sobre, une transmission toujours parfaite, un poids très contenu, des consommables accessibles, une liaison au sol largement vivable, un zeste de polyvalence et tant d’autres choses : le Mazda MX-5 coche nombre, pour ne pas dire toutes, de cases du plaisir automobile simple et ma foi, durable. Rappelez-moi pourquoi je n’en ai toujours pas un dans mon garage (que je n’ai pas non plus) ?

C’est sûrement que je ne suis toujours pas capable de me décider à arrêter ce blog, condition sine qua none à l’acquisition de cette petite beauté pour ce qui est des finances. Il n’est bien sûr pas nécessaire d’opter pour cette version « 100th Anniversary », facturée logiquement un peu plus cher – exclusivité et célébration oblige – mais je crois que j’hésite encore entre la version 132 et la 184 chevaux ! Même si, franchement, je commence à être convaincu qu’il n’y a vraiment pas besoin de plus que ce 1.5 L et ce petit cabriolet merveilleux pour être heureux.

Me faut-il revenir dans les Alpes au volant de la « grande soeur » fêtant les 30 ans de la légende Mazda MX-5 ? J’ai envie de répondre oui mais cela ressemble fort à un prétexte. Après bientôt dix ans d’essais, cela va bien finir par se voir.