Gosse de peintre – Takeshi ‘Beat’ Kitano à la Fondation Cartier

C’est aujourd’hui qu’est lancée la nouvelle exposition à la Fondation Cartier, lieu dans lequel j’avais découvert avec grand plaisir la rétrospective de César il y a déjà longtemps ! J’y avais aussi brillamment raté « Né dans la rue », l’expo consacrée à l’art du graffiti, une belle erreur de ma part.

Cette fois-ci, c’est Takeshi « Beat » Kitano qui a l’occasion de nous présenter ses œuvres, que ce soient des peintures, des ateliers ou encore des curiosités. Kitano, dans nos contrées, c’est surtout un réalisateur de films à l’humour pince-sans-rire dont certains sont désormais cultes. Alors cette exposition, c’est l’occasion de voir un peu plus le travail de « Beat » Kitano, l’homme plein d’humour, la critique satirique de la société japonaise, le farceur, celui qui aime faire sourire, rire et qui veut nous surprendre.

En conférence de presse mardi midi, Takeshi Kitano n’hésite pas à balancer quelques vannes, il refuse l’appellation « artiste », nous demande de ne pas voir de « message profond » dans ses créations et il insiste : son but est de nous surprendre et de nous faire sourire, grands enfants que nous sommes restés. L’exposition est d’ailleurs conçue pour les « enfants », grands ou petits afin de se jouer de nous, de notre vison du Japon, à base de machines farfelues, de vidéos à l’humour barré, de systèmes mécaniques improbables nous ramenant au malheureux hasard de notre apparition dans l’Univers.

Quant on lui demande qui sont ses inspirations, il répond « mon père, peintre en bâtiment ». C’est bien cela, « gosse de peintre », le titre de cette exposition délurée et fantasque, une sorte d’hommage à l’influence de son père, « gribouilleur de bâtiment ». Pas de prétention donc, pas d’art contemporain sérieux. Rafraîchissant.

Et l’effet est réussi, je me suis promené avec le sourire aux lèvres dans la Fondation Cartier, passant devant cet autoportrait « Qui es-tu, toi qui me regardes ? », devant cet atelier d’écoute et de dessin, ce stand parodique « Honpa », cette réflexion sur l’optimisation de la pendaison au Japon, ces animaux-fleurs, les sushis bio-technologiques ou encore la machine à coudre géante trônant au centre du rez-de-chaussée.

Invité par la Fondation Cartier, Takeshi « Beat » Kitano réussit le pari de nous faire rire en regardant de l’art contemporain, il nous ramène à notre âme d’enfant, nous interpelle et répond parfaitement à ce leitmotiv : « Avec cette exposition, j’ai sans doute voulu donner une autre définition au mot « art », qui soit moins conventionnelle, moins snob, plus décontractées et accessible à tout le monde ». Vous avez donc jusqu’au 12 septembre pour aller vous rafraîchir les mirettes… après la Fondation Cartier laissera le champ libre à Jean Giraud « Moebius », une nouvelle exposition qui m’enthousiasme d’avance !