Vous aimez les églises et enclos paroissiaux ? Vous aimez le granit un peu rude également ? Il y a un petit coin du Finistère où vous vous sentirez heureux si tel est le cas : les Monts d’Arrée. Cette zone qu’on pourrait qualifier de montagneuse dans une région ou rien ne dépasse les quelques centaines de mètres de hauteur, se déploie au sud de Morlaix, depuis le joli village de Guerlesquin jusqu’à Brest.
Je n’irai bien sûr pas jusqu’à la capitale de la région, m’arrêtant pour cette fois dans la petite ville de Sizun, à l’enclos si imposant. Mais je vais d’abord vous parler de ma première étape, qui n’a strictement rien à voir avec les églises ou avec les enclos paroissiaux : Huelgoat.
Cet endroit est absolument fou et il est impossible de ne pas y aller, été comme hiver, pour des ambiances radicalement différentes. Sous le soleil, le site est resplendissant, mêlant forêts éclatantes de verts divers et variés et roches monumentales. Ces blocs de granit ont en réalité vu leur gangue de terre lessivée au fil des siècles par le climat tropical puis semi-glaciaire. Le résultat est ce Chaos dans lequel on se balade sur un petit circuit (ou un grand si on a le temps) aménagé qui réserve quelques surprises : Ménage de la Vierge, roche Tremblante ou encore splendide Chaos du Moulin à l’entrée. Magnifique de bout en bout !
Voilà. Si vous n’aimez pas les églises maintenant, vous pouvez passer votre chemin car à compter de Huelgoat, vous ne verrez quasiment plus que ça ! Bon, je plaisante mais uniquement à moitié car s’il y a bien sûr quelques jolis paysages, notamment depuis le sommet du Mont Saint-Michel (oui oui), l’intérêt des Monts d’Arrée réside tout de même grandement dans ses belles églises et enclos.
On commence donc à Locmaria-Berrien. Joli petit village qui m’a fait penser à Lambader, sauf que l’église était cette fois-ci fermée. Dommage, je me suis en tout cas contenté de sa belle silhouette et de ses arbres troués trônant à l’entrée de l’enclos.
Dans un tout autre style, un peu plus loin à l’ouest de Huelgoat, voici la presque cathédrale de Saint-Herbot, avec son énorme tour de 30 mètres de haut ressemblant fort à celles de Quimper. Le tour de l’église vaut son pesant de photographies, avec plusieurs entrées splendidement décorées, un calvaire à la limite de la caricature et pour finir, un intérieur splendide, notamment pour ce qui est de la clôture. C’est massif, beau, perdu au milieu de nulle part… mais bon, en ce temps-là, rien n’était vraiment trop beau pour la religion.
Je continue la route qui plonge vers Brest mais m’arrête une nouvelle fois, à Brasparts. Jolies collines, un mélange de cultures et pâturages et au sommet d’une butte, un bel enclos, un calvaire avec un crucifié plié en deux, un porche splendide avec un drôle d’être cornu doté de seins de femmes (Morgane ?) et une pietà splendide.
Les étapes se suivent et ne se ressemblent pas ! Après une petite chapelle, une semi-cathédrale et un bel enclos, voici une nouvelle chapelle, perchée sur un sommet tout à fait dégarni : le mont Saint-Michel. Vue magnifique sur les Monts d’Arrée et sur le réservoir de Nestavel.
Retour aux enclos… Me voici à Commana. L’église Saint-Derrien est monumentale derrière sa porte à lanternons. Deux calvaires trônent dans le cimetière et le porche est dénué d’apôtres, ceux-ci n’ayant pu être commandés faute de moyens. Ah, on aimait dépenser dans les églises à l’époque et cela se voit aussi du côté du retable de Sainte-Anne, commandé et réalisé en pénitence par les habitants du bourg ayant quasiment lynché leur curé, le croyant de mèche avec Louis XIV qui augmentait les impôts ! Bref : l’enclos de Commana est de toute beauté, il faut vous y arrêter !
Je continue, encore et encore du côté des enclos, cette fois-ci à Sizun, mon point le plus à l’ouest pour cette journée ! L’enclos de Commana était déjà impressionnant, celui de Sizun en rajoute une couche avec une porte encore plus monumentale, un ossuaire de toute beauté et quelques beautés ici et là, à l’intérieur comme à l’extérieur.
On continue ? On continue. Voici Lampaul-Guimiliau ! L’église date de 1553, c’est l’une des plus anciennes à dire vrai et sa décoration intérieure est superbe, à défaut d’avoir une belle flèche, l’originale ayant été abattue par la foudre en 1809. Une fois de plus, même si un certain sentiment de lassitude peut commencer à apparaître au fil d’une telle journée, force est de constater que les yeux ont leur content de merveilles dans les monts d’Arrée.
Je me décale un brin vers l’est, prenant mine de rien le chemin du retour vers Saint-Michel-en-Grève. Un village au nom quasi identique m’attend : Guimiliau. La porte est toujours aussi monumentale, la chapelle funéraire est délicate, le grand calvaire fort de plus de 200 personnages (!!!) est incroyable et l’intérieur, avec son baptistère splendide et ses orgues perchés sur pilotis sont à tomber. J’ai fait l’impasse pour cette fois sur Saint-Thégonnec mais je suis ravi d’avoir achevé mon tour des enclos paroissiaux par Guimiliau, quelle claque !
J’ai menti, ce n’était pas la dernière étape. La dernière est toujours religieuse mais il ne s’agit plus d’une chapelle, encore moins d’une église ou d’une cathédrale. C’est une abbaye, du moins ce qu’il reste de l’abbaye cistercienne du Relec, à quelques encâblures de Plounéour-Menez. Belle église romane, jolies fontaines, cadre bucolique à souhait propice à la balade.
Voici donc une belle journée dans les Monts d’Arrée, riche de fort nombreuses découvertes, forte d’un ébouriffant spectacle religieux et minéral car si je me souviens bien de ces multiples enclos paroissiaux et patrimoniaux, je n’en oublie pas moins ce terrible chaos de granit de Huelgoat, incroyable.
Je ne suis pas forcément sûr de revenir, je pense avoir eu mon content de bâti religieux mais j’avoue être curieux de voir l’enclos de Saint-Thégonnec, le plus connu et couru. Cela tombe bien en tout cas, il n’est pas bien loin de Saint-Pol-de-Léon, du fort du Taureau et du cairn de Barnérez. Autant de lieux qu’il me faut encore visiter dans la région ! Peut-être fin août, peut-être une autre année. Affaire à suivre.