La côte Nord de Madère est probablement l’endroit qui m’a le plus retourné la rétine à chaque fois que je m’y suis promené pendant ma semaine sur l’île. Les sentiers et parcours de randonnée y sont effectivement nombreux et il est donc inévitable d’y aller. Je dirais même qu’il est indispensable d’y aller tant la luxuriance de cette côte tranche avec sa sœur du sud. La côte nord, de Porto da Cruz à Porto Moniz, est nettement plus arrosée et baignée par les nuages à longueur d’année. Sa végétation et sa coloration sont donc nettement plus tirées sur le vert sombre, coupant avec le bleu du ciel, la violence du bleu gris des flots et la noirceur abrupte des falaises volcaniques.
Il est possible d’emprunter l’intégralité de la côte, d’est en ouest et en prenant son temps. Depuis Ribeiro Frio (préférence pour cette route bien que plus étroite et longue) ou depuis Funchal puis Machico (plus facile et rapide), les deux routes se rejoignent à Faial, avec pour la seconde une première escale à Porto da Cruz. Le village, que je n’ai pas visité, abrite la dernière sucrerie en activité de l’île et est dominé par un gigantesque roc bouchant d’ailleurs la vue sur Faial, de l’autre côté. Il faut se perdre dans les rues hautes qui surplombent la ville pour atteindre un belvédère, au fond d’une impasse. La vue, d’un côté ou de l’autre, est splendide.
Après quelques kilomètres de lacets et un ou deux tunnels, on débouche donc sur la route qui fait la jonction Ribeiro Frio – Faial. Les versants de la vallée sont verdoyants, verdoyants et encore verdoyants. Est-il possible de dire autre chose ? Je ne sais pas. Faial se montre, sur son nid d’aigle, tranquille et paisible, un bien joli village d’ailleurs je trouve !
La suite, c’est justement la montée sur les hauteurs de Faial, en direction de Santana mais en faisant attention à bien emprunter la route côtière ! Sinon, on ira de tunnel en tunnel, sans rien voir, et ce serait bien dommage…
On arrive alors sur la section de route que je préfère dans le coin. Les vallées de São Jorge et Arco do São Jorge s’enchaînent, offrant autant de virages, de versants et de vues sur la mer, l’enfoncement brutal dans les terres et l’aspect absolument abrupt et puissant de l’île. C’est de toute beauté et les belvédères sont légion. Au pire, on pourra toujours trouver à s’arrêter en n’omettant pas le fait que des bus circulent aussi sur ces routes ! Gare à vous, donc.
La route devient alors très étroite et se dirige vers Ponta Delgada. Une section de route, notamment, à la sortie du tunnel, est impressionnante ! Il faut rester très prudent tout du long et ne pas se prendre pour un pilote de rallye, quand bien même l’envie est grande je l’avoue ! Croiser un bus ici relève de la malchance mais cela arrive. Il vous faudra dans ce cas serrer les fesses comme on dit, ou bien faire marche arrière jusqu’à l’un des rares abris permettant justement ce genre de manœuvres en toute tranquillité.
Cette première moitié de la côte nord m’aura profondément marqué, donnant à voir des paysages, des falaises et couleurs dignes de Isla Nublar ! On s’attendrait presque à voir surgir des explorateurs ou des dinosaures de certains recoins et vallées, perdus depuis de nombreuses années. Si la côte sud concentre une bonne partie de l’activité de l’île, la côte nord est de son côté tout ce qui représente et définit Madère : une nature brute, des paysages et reliefs abrupts et une végétation toujours à la frontière de la domestication et de la jungle.