Les Perhentian donc. Arrivés en bus à Kuala Besut, nous avons gentiment pris notre speedboat après avoir récupéré le voucher auprès de notre logeur, à savoir l’hôtel New Cocohut Chalets (oui ça vend du rêve). Le trajet est rapide et se déroule sous un franc soleil. La mer est calme, bleu turquoise, on s’approche de Kecil par l’ouest, c’est l’occasion d’avoir un premier aperçu du paradis qu’est la côte ouest de cette île dans laquelle il faudra que je vienne un jour !
On dépose quelques passagers, les yeux sont globalement écarquillés, on sent venir la semaine très (très très) agréable. Le tour de Kecil est fait et on s’engage dans la passe entre les deux îles. Nouvel arrêt, cette fois dans le seul « vrai » village des deux îles, situé au sud-est de Kecil. Besar est quant à elle de l’autre côté et nous observe… Nouvelle traversée, il est temps pour nous de débarquer. Premier aperçu. Coucou.
On traîne la valise sur le sable, on trouve l’hôtel, sa terrasse restaurant, ses chalets au bord de l’eau, l’ombre de quelques palmiers et le calme qui règne dans le coin malgré la présence de riches singapouriens qui se sont vraisemblablement trompé d’île (Kecil = très active / festive sur la côte est – Besar étant globalement familiale et calme) et qui partiront le surlendemain, ouf. Je hais les gens qui ramènent un ghetto blaster sur une plage et ne tiennent pas l’alcool. Trêve de ronchonnerie, je savoure la quiétude globale du lieu. Définitivement, on sera bien, là. Soit dit en passant, le Cocohut nous a semblé, après avoir un peu regardé tous les autres hôtels, un parfait compromis entre prix / situation / calme. Sachez toutefois que le Tuna Bay, un poil plus cher, semble aussi sympathique mais moins familial en terme de relation avec ceux qui vous hébergent. Quoiqu’il en soit, le Cocohut dispose d’une toute petite plage privée et le restaurant le soir est tout simplement bon, avec un bbq de poissons frais qu’on choisit directement à tomber. Rien à redire, j’y retournerai volontiers.
Accessoirement, la terrasse du restaurant, sur pilotis, donne sur Kecil qui découpe alors le ciel tandis que le soleil se couche. Alors certes il est impossible de voir le soleil se coucher à Besar, mais on a droit à des ciels assez fantastiques malgré tout ! Au loin, très loin, la côte malaise tonne tous les soirs, éclairs. Cela m’a rappelé le spectacle vu depuis Pulau Tioman, trois ans auparavant. Nous avons aussi eu droit à quelques orages bien sentis sur Besar… Sensations fortes garanties mais cela part aussi vite que c’est venu…
Parlons maintenant du reste de l’île, du moins la partie explorée au cours de cette semaine. Il faut dire que l’intérieur de l’île est encore très sauvage avec seulement deux sentiers restant dans la zone ouest de l’île, le reste étant recouvert d’une jungle inextricable et dans laquelle il est donc facile de se perdre si l’on est pas du coin… De toute façon, on ne trouvera même pas l’accès au premier sentier, censé se trouver au niveau des escaliers marquant la fin de la zone « touristique » de la plage ouest ! Début de saison, la jungle a fait son effet et surtout la mousson a détruit l’un des escaliers y menant. Une vieille baraque abandonnée est censée marquer le lieu, je l’explore, tombe sur un iguane aussi gros que moi et me dis que bon… On va trouver autre chose à faire !
Passée cette zone d’ailleurs, on découvre une série d’habitations. Les pêcheurs et saisonniers vivent ici, ainsi que les campeurs qui bénéficient d’une zone dédiée. La zone est très généralement déserte et on peut observer quelques zones sympathiques pleines de coraux et poissons en toute tranquillité. Au bout de l’île, une plage déserte, un gros bloc de rochers, idéal pour moi qui aime faire la chèvre de montagne ! Point idéal pour avoir une belle vue sur cette petite plage déserte et sur le reste la côte. Paradis.
Chaque jour, on enchaîne ainsi les périodes de plongée avec celles de bronzette. La zone sud de l’île est intéressante mais il est clair que la zone faisant face au Tuna Bay est la meilleure pour nager et observer la faune. Le corail y est globalement en bon état, aussi faut-il faire très attention et éviter autant que possible les palmes si l’on ne sait pas s’en servir ! La plage, agréable, s’enfonce dans la mer et pendant quelques mètres, la zone est totalement sablonneuse. On s’approche ensuite du récif corallien, farouchement gardé par quelques poissons jardiniers qui n’hésiteront pas à venir vous pincer les jambes si vous rentrez dans leur zone de culture ! Surprenant, dira-t-on. Le corail étale ensuite sa beauté : anémones, coraux mous, durs, tortues, poissons divers et variés et tous les jours à la même heure : un ou deux requins, dont l’un faisant ma taille… C’est celui-là que mon accompagnatrice a vu lors de sa première journée de snorkeling que l’on peut résumer ainsi : essai, rencontre avec un poisson jardinier qui pince, première crise, replongée, tortue, magie, replongée en mode trop bien, requin, méga crise ! Intense, rempli d’émotions, un rude apprentissage mais beaucoup d’émerveillement.
Chaque jour, je plonge donc dans cette zone en croisant tout ce petit monde, m’amusant notamment à suivre les bancs d’alevins, eux mêmes chassés par des petits thons, chassés quant à eux par les requins… Posé sur les plateformes flottantes au soleil, j’attends la fin de journée et les eaux troubles pour plonger dès que je vois les alevins sauter à la surface. Rencontre garantie avec un petit pointes noires tout sauf agressif, timide même ! Il observe, tourne un peu, fuit la plupart du temps. Les tortues sont un peu moins farouches, mais il ne faut pas les toucher et les laisser tranquilles. Ah, tiens, il existe aussi des tours de l’île, excursions durant une demi-journée. A faire absolument non pas avec votre hôtel mais avec les propriétaires de la cahute / bar située à cinquante mètres au sud de la plage du Tuna Bay, pile avant la jetée ! Une barque, deux personnes plus le guide, on enchaîne alors les zones « d’intérêt ». La matinée commence à Shark Point qui porte en effet bien son nom. Je croise un pointes noires de quasiment 2 mètres. Il est à quelques brasses de moi, se cache derrière un rocher, disparaît. Timide lui aussi. J’en suis quitte pour une belle poussée d’adrénaline, ne l’ayant pas vu venir ! Si rapide… J’en repère quelques autres, les suit, ils ne se laissent pas approcher, les fourbes. Plus loin, Fish Point, à flanc de falaise ! De gigantesques platiers de corail en splendide état. Je me laisse dériver pendant de longues minutes, cet endroit est de loin le plus beau que j’aie vu aux Perhentian.
On continue ensuite avec Turtle Point, situé très logiquement au centre de la passe entre les deux îles. Le bateau stoppe d’un coup, le guide me faisant de signe de plonger tout de suite ! Je m’exécute et quelques mètres sous moi découvre un monstre. Une tortue de mer dont la carapace fait la taille de mon torse. Je crois rêver, je plonge pour m’approcher, m’assurer que je n’ai pas exagéré. Arrivée à son niveau, force m’est de constater qu’elle est énorme, paisible, paissant sur le fond, me laissant approcher tout en me surveillant d’un œil. Je ne l’importune pas et remonte tranquillement. La zone regorge de tortues, aussi je replonge mais je ne retrouverai pas cette grand-mère… Instants magiques en tout cas. Dans un autre registre, le dernier point, Coral Point, situé au niveau d’une plage déserte où l’on peut se faire déposer pour la journée, abrite de grands massifs coralliens de plusieurs mètres de haut. Le courant est fort et l’eau un peu trouble mais la zone vaut le détour quand soudain l’eau se clarifie et qu’on découvre les massifs. Rien que d’y repenser, je veux y retourner…
Les Perhentian sont donc encore un paradis pour peu qu’on y aille en début de saison et surtout pas l’été. J’ai envie d’y retourner, de découvrir Kecil et sa côte ouest très paisible et isolée, mais il y a encore tellement d’îles à voir… J’en garderai en tout cas un souvenir ému et la mémoire d’une semaine hors du temps à décompresser intégralement des petits malheurs de la vie quotidienne. C’est quand la prochaine fois ?