Sardaigne – Nuraghe di Noddule et Losa, Fonte Sacra Su Tempiesu et Monte Ortobene

Pour cette dernière journée en Sardaigne, j’ai rendez-vous à l’aéroport, forcément… mais en fin d’après-midi. En attendant, il y a largement le temps d’égrener quelques visites intéressantes et prendre une dernière dose de Sardaigne et de culture nuragique ! J’ai repéré à proximité de Cala Gonone et de Nuoro quelques sites qui semblent splendides : Fonte Sacra Su Tempiesu, le complexe nuragique de Noddule et le Nuraghe Losa, quand à lui plus loin sur la route. Entre les deux, je me suis dit que je ferais bien une escale sur le sommet voisin de Nuoro, le Monte Ortobene.

A quelques kilomètres de Orune et de sa belle église (la chapelle Sixtine de Barbagia, rien que ça !), le site archéologique Su Tempiesu vaut vraiment la visite, même s’il nécessite un peu de marche pour ce faire. Le temple et sa source sont en effet situé bien en contrebas de la route et un joli sentier botanique a été aménagé pour y mener, recensant à la descente de nombreuses plantes que l’on retrouve dans le centre de la Sardaigne. A la remontée, ce sera un petit échantillon de la faune qui sera représenté ! Mais en attendant, voici donc le temple, superbement conservé, que l’on découvre au détour d’un ultime virage.

Sa partie supérieure est encore en bon état, même s’il faut imaginer un étage supplémentaire et un toit. La petite antichambre est toujours et l’eau coule encore depuis la cavité de la source, de forme si particulière. Des bancs de pierre sont également encore là, tandis que la pierre, volcanique, a été amenée de loin pour bâtir le temple. On notera encore un second petit bassin qui est lui-même capable de se déverser en contrebas dans un plus grand bassin, destiné à stocker l’eau pour d’autres usages. La petite feuille explicative qui vous sera donnée à l’accueil, adorable, du site, explique tout cela et bien plus encore. Fait incroyable, l’eau coule encore et le système hydraulique fonctionne donc encore, plusieurs millénaires après sa mise en place.

Le site suivant, le complexe nuragique de Noddule, est quant à lui ouvert depuis quelques années à peine et doit encore être largement fouillé. Plusieurs éléments ont d’ores et déjà été mis à jour et peuvent être admirés. Il y a deux cercles mégalithiques, pas forcément le plus impressionnant mais ça commence bien, au milieu des asphodèles. Quelques cabanes romaines sont aussi visibles, rattachées au complexe nuragique à proprement parler, avec un nuraghe à quatre tours partiellement effondrées. Cette partie n’est pas encore visible car il reste beaucoup d’excavations et études à réaliser ! On file donc observer la grande cabane circulaire qui a été elle excavée, impressionnante. Il faut bien imaginer que les murs ne devraient pas avoir de terre à l’extérieur, voici qui donne une idée du dépôt de matière organique au fil des millénaires.

Le clou du spectacle reste le sanctuaire du culte de l’eau, une autre Fonte Sacra, celle de Noddule donc. On découvre un petit temple, avec ses bancs et son petit enclos. Au fond se trouve la source, partiellement inondée par les pluies des jours précédents. Un petit miroir et une lampe sont posés là et servent à refléter le « plafond » du petit sanctuaire, unique. De forme circulaire, il utilise des roches de couleurs différentes, avec en son centre ce qui peut être considéré comme un oeil, ou plus vraisemblablement un sexe féminin, souvent associé à l’eau et… à la vie, évidemment. La manipulation du miroir et de la lampe gagneraient à être améliorées, surtout quand il y a pas mal d’eau, mais cela fait partie de l’exercice de découverte et quand on le réussit, la récompense n’en est que plus grande.

Après ces émotions, direction Nuoro, ou plutôt son sommet voisin, le Monte Ortobene. A quelques kilomètres du centre, facilement accessible en voiture, c’est un peu le poumon vert de la ville et une belle réserve naturelle dans laquelle il fait bon flâner en profitant des belvédères superbes sur le Supramonte voisin. Au sommet, on trouvera également une statue massive du Christ Rédempteur, érigée en compagnie de 18 autres à l’initiative du pape Léon XIII pour célébrer les 19 siècles de la chrétienté. C’était en 1901 et depuis, la statue domine les environs et profite de la vue, on la comprend.

L’ultime étape est en quelque sorte un passe-temps… Soit on s’y arrête puisque c’est l’occasion et je ne suis pas certain de repasser dans le coin un jour. Soit je vais le pari de revenir un jour mais je vais attendre bien longtemps à l’aéroport… ! Le premier choix reste le plus logique et j’en suis ravi car Nuraghe Losa, situé à quelques centaines de mètres à peine de l’autoroute, est absolument massif et impressionnant. Le site abrite notamment un immense nuraghe, construction cyclopéenne datant de quelques 1400 av. J-C, visible de loin. Ce n’est pas tout car il y a autour un immense enclos que l’on peut franchir par sa porte fortifiée, massive.

On s’approche ensuite du gigantesque trapèze de pierres qu’est le Nuraghe Losa, sorte de proue de navire dominant les alentours et apparaissant comme étant de plus en plus massif alors qu’on s’en rapproche. Il faut dire que la structure culmine à une quinzaine de mètres au dessus du sol, largement au dessus des restes de la fortification incomplète et de ses bastions, avec une toute petite cour intérieure. Un autre bâtiment présente à l’extérieur deux portes d’accès, une grande ouverte sur l’extérieur et une, restreinte, vers le bastion.

On pénètre enfin dans le Nuraghe Losa, où il fait une fraîcheur bienvenue. Les salles ont été restaurées et illuminées, combattant la sensation d’espace clos qui pourrait se refermer sur soi ! L’épaisseur des murs est stupéfiante et la rampe d’accès au sommet du nuraghe est encore parfaitement utilisable, même s’il ne faut pas s’aventurer au delà des barrières au sommet car les risques de chute ne sont pas inexistants. La vue, depuis le faite du monument, vaut le coup d’oeil et on s’imagine là, projeté trois millénaires dans le passé, au milieu d’une communauté prospère. Une superbe façon de conclure le voyage que cette belle visite. Vivement le prochain car c’est certain, la Sardaigne n’a pas fini de m’émerveiller.

La carte de cette journée entre Su Tempiesu, Noddule, Monte Ortobene et Nuraghe Losa :