Le Golfe de Gênes est divisé en deux côtes, fameuse l’une et l’autre : le Ponant d’un côté (San Remo, etc.), le Levant de l’autre (Portofino, etc.). Il a bien fallu choisir car le temps me manquait, aussi ai-je passé cette première journée de l’année 2012 à sillonner la côte du Levant, m’éloignant le cœur lourd des Cinque Terre. Le programme se voulait assez léger car je m’étais déjà aventuré aux frontières de la zone, à Levanto plus exactement, ville la plus à l’ouest du parc des merveilles. Levanto, ville sans intérêt et sans grand charme, balnéaire au possible et peuplée de familles bruyantes. Vite : s’en aller ailleurs.
Un peu plus loin, Sestri Levante, même combat. Enfin Rapallo, guère mieux. On nous aurait menti sur cette riviera, censée être délicate, jolie, belle, etc. Elle souffre violemment de la comparaison avec les Cinque Terre… Passé Santa Margherita Ligure, un peu plus avenante, on emprunte la route vers un bastion, intouchable car protégé depuis plus de soixante ans et par conséquent réservé à une élite ultra friquée : Portofino. Un nom qui sonne bien, que l’on connaît, qu’on a vu en pub un peu partout aussi chez nos amis fabricants de luxe.
La route en soi est un chemin de croix pour quiconque souhaite l’emprunter en voiture, à savoir moi. Il faut prendre son temps, rouler très lentement car des bus passent parfois par là et surtout de nombreux piétons l’empruntent. Cela tombe bien de toute façon, le spectacle est splendide. On découvre quelques villas sublimes planquées dans les hauteurs des falaises, au détour de tel ou tel virage au ras de l’eau. Portofino se dévoile peu à peu et son parking m’accueille. Au prix fort. Il faut vouloir se garer ici… et surtout pouvoir car la capacité est très limitée. Coup de bol ici, la Panda trouve un emplacement.
Allez, je le concède : Portofino est superbe, magnifique, protégée, colorée, délicieuse. Sauf que les boutiques de luxe et la clientèle gâchent tout. Les gens ultra friqués n’ont parfois pas de goût. Voire pas du tout. On en croise des caisses à Portofino, du riche italien du nord en passant par le bobo parisien et son équivalent greluche si typique : « ouaiiiiis mais tu voooaaasss » agrémenté de Louis Vuitton qui dégueule. Du coup on s’éloigne un peu, sur les hauteurs, du côté du château qui domine l’anse. Un peu de calme.
De là-haut, on aperçoit aussi les villas qui parsèment la forêt encore dans son état du début du siècle. Ah, si seulement les italiens avaient généralisé cette protection du littoral ! Portofino ne serait pas unique et ne concentrerait pas autant les bons et mauvais côtés de sa beauté.
Dernier regard sur le château et les splendides façades de la ville avant de filer vers l’ultime coup de cœur du voyage.
Ce coup de cœur a bien évidemment un nom : Camogli. Situé de l’autre côté du promontoire, plus abordable, plus vivant, plus séduisant finalement ! Cette « casa delle mogli », peuplée de femmes quand les pêcheurs étaient en mer, se distingue notamment par ses gigantesques façades en trompe-l’œil. Bluffant ! On se retrouve parfois à chercher ce qui est vrai et ce qui est faux tout en sirotant un petit verre de blanc en terrasse.
L’église et le château qui dominent les flots, surplombant une jetée creusée où viennent se fracasser les vagues sont le centre d’attraction de la ville, la coupant en deux. D’un côté, une belle promenade, vivante, peuplée, bruyante. De l’autre, un port extrêmement bien protégé cerné de bâtiments et couvant ses vieilles bâtisses dans le prolongement de l’église. Il faut voir les deux, les sentir, l’atmosphère n’est pas vraiment la même et pourtant, on est bien dans la même ville, à quelques mètres d’une frontière ou de l’autre.
J’ai bien envie de revenir à Camogli, y passer du temps, siroter du vin, déguster les douceurs de la Ligurie… Malgré un soleil absent, l’année 2012 a bien commencé, augurant un mois de janvier faste et de doux plaisirs par la suite. Espérons que ça se confirme car les dernières semaines me font quelque peu douter.