Islande – les îles Vestmann et Reynisfjara

12 août. Après la belle fin de journée à Dyrhólaey, le temps a fortement viré à la flotte avec l’arrivée d’une tempête sur la pointe sud de l’Islande. Vík, réputée pour être la ville la plus pluvieuse tient toutes ses promesses et les îles Vestmann, ou Vestmannaeyjar en islandais, ne sont pas en reste ! Les îles Vestmann sont en effet réputées pour être les zones les plus venteuses d’Islande. J’ai donc pris la voiture malgré le temps et me suis rendu au rendez-vous du ferry, à Landeyjahöfn, où j’ai discuté au guichet pour avoir un maximum d’informations… Oui, le ferry allait bien partir. Oui, il y aurait sûrement un retour. En revanche, pas sûr qu’il revienne au même endroit. Fortement recommandé de prendre la voiture avec soi, oui. Hum. On y va ? Allez, on y va. Pourtant, on ne voit pas leur profil au large, au contraire de ces photos, prises le dernier jour du voyage.

Voiture bien calée dans les étages inférieurs du ferry, on se calfeutre dans la cabine alors que le ferry tangue et roule au milieu des vagues, dépassant quelques premiers ilots et leurs flopées d’oiseaux en tous genres. Il ne pleut pas vraiment mais le potentiel météorologique est là alors que la côte islandaise s’éloigne. Je commence à me demander si c’était vraiment une bonne idée, d’aller aux îles Vestmann tenter de voir des macareux un jour de tempête.

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Les flancs de l’île principale des Vestmann se profilent. Elle se nomme Heimaey et abrite même un aéroport. Un volcan aussi, actif en 1973 et nommé l’Eldfell ! La pluie fait son apparition, dense, drue. Les macareux sont désormais visibles en nuées, battant frénétiquement des ailes en haut des falaises et plongeant pour se nourrir dans la mer agitée. Quel spectacle dantesque ! Quelle bonne idée d’avoir pris la voiture !

Une fois débarqué, je me mets à espérer que la tempête n’arrive pas trop tôt. Que le ferry puisse repartir. Je serai resté quelques heures à peine sur l’île, de quoi me détremper convenablement les vêtements de pluie ! Pantalon de pluie, veste étanche, ciré aussi. Un vent à te foutre par terre, notamment au point le plus au sud de l’île, incroyable de sauvagerie. Quand tu vois des moutons en train d’en chier pour marcher en Islande, c’est que tu as intérêt à bien réfléchir au sens d’ouverture et de fermeture de la portière de ta voiture avant de te risque dehors ! N’empêche, fouetté copieusement par le vent et la pluie, on se sent revigoré et étrangement vivant. Je reviendrai, s’il fait beau. Ces îles méritent largement le détour.

Il ne faut pas non plus oublier d’aller jeter un œil au centre de Heimaey, dans les coulées de lave qui ont englouti de nombreuses maisons, les anciens réservoirs d’eau de l’île et ont même quasiment débordé sur l’anse qui marque l’accès à la mer du port de l’île ! On n’est pas passé loin d’avoir un lac intérieur sur cette petite île mais le volcan s’est finalement gentiment arrêté, ne faisant qu’une seule victime et marquant le paysage de manière durable avec une « ancienne » terre, verdoyante et une « nouvelle » terre, beaucoup plus acérée et noire. Le contraste est saisissant.

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Le volcan et le second sommet de l’île sont en tout cas étrangement absents du paysages, leur cime planquée dans les nuages et ne souhaitant visiblement pas l’en sortir ! Il paraît que la balade / randonnée au sommet est de toute beauté, ce sera là-aussi pour une prochaine fois !

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Dernière étape : les macareux ! C’est que je suis venu là pour les voir, moi. Problème, en cette saison, ils sont assez peu nombreux et se planquent sur les falaises, au nord de l’île. Il est assez délicat voire très dangereux de s’y rendre par ce temps, mais je m’accroche aux falaises surplombant le golfe de l’île pour remonter la pente, quasiment jusqu’au sommet. Folie un peu furieuse mais je voulais les voir, de près. Même les moutons se planquent alors que je suis en train de tenter de garder l’équilibre pour redescendre intact à la voiture qui m’attend en contrebas ! Clairement, je ne terminerai pas l’ascension pour aller voir la mer : bien trop dangereux d’être là-haut par ce temps.

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Retour, j’aurai vu des macareux. Le ferry est à l’heure et il part. Il reviendra finalement à son point de départ, la tempête dans la poupe mais pas au point de ne pouvoir négocier l’entrée de la rade, étroite et assez impressionnante quand la proue s’y engage. Cela passe, terre, terre ! Promis, je reviendrai aux îles Vestmann pour y loger au moins une nuit et aller saluer les macareux dans les cimes bleuies de soleil !

La journée étant loin d’être terminée et, vêtements de pluie en forme pour vêtements de pluie en forme, autant pousser le bouchon un peu plus loin. Pas à Vík car la promenade proposée par le Rother est décrite comme sillonnant le ras des falaises et le vent semble même perturber les cascades. On ne va donc pas tenter les falaises, non non.

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Je me rends donc à leur pied, à Reynisfjara, de l’autre côté de la lagune de Dyrhólaey. Les aiguilles de Vík sont visibles malgré tout et la mer se démonte au pied des orgues de lave de Reynisfjara. L’endroit se passe de plus de commentaires et se déguste en photos, toutes troublées par la pluie. La violence du temps, la violence de ces falaises et le noir de la roche. Si bien sûr j’aurais apprécié voir tout cela sous le soleil, cette journée m’a donné à réfléchir quant à la brutalité du climat qui forge l’Islande année après année.

C’est aussi une des leçons de cette journée, après des années à visiter des régions du monde dotées de températures plutôt clémentes et de climats également cléments à l’époque de ma visite. L’Islande, même en août, reste l’Islande. Prendre des seaux d’eau sur le crâne tout au long d’une journée n’est assurément pas la chose la plus excitante du monde quand il fait quelques degrés au dessus de zéro mais bien équipé et avec de l’entrain – voyager rester voyager pardi ! – c’est une autre manière de faire qui m’a convaincu d’aller fréquenter des coins du monde autres que ceux déjà visités, plus rudes, bruts, moins conformes à ma définition de voyage = soleil. Bon, après, s’il peut pleuvoir un peu moins que cette journée là, je reste preneur, cela va de soi.