Crète – randonnée dans les gorges d’Aradena

Si le nom de Samaria est forcément lié à la Crète, il existe de nombreuses autres gorges sur la côte sud de l’île et certaines sont, à défaut d’être aussi accessibles et connues, au moins aussi belles, si ce n’est plus impressionnantes encore ! Les gorges d’Aradena, situées à quelques kilomètres de Skafia et de Anopoli en sont un parfait exemple.

Pour cette seconde journée autour de Anopoli, j’ai donc choisi d’aller dans ce bout du monde qu’est le village d’Aradena, pour arpenter le sentier n°25 du Rother, dans un sens différent toutefois puisque j’ai garé ma voiture au dessus du village abandonné pour d’abord descendre jusqu’aux flots méditerranéens puis remonter les fameuses gorges.

La route entre Anopoli et Aradena est magnifique, offrant de superbes points de vue sur ce plateau agricole quelque peu désolé et dépeuplé, avant d’arriver encore plus loin sur cette route en cul de sac, au pied des coteaux sud des Montagnes Blanches. La vue du parking sur le village, la gorge et au loin le plateau et les montagnes, est de toute beauté et annonce une bien belle journée.

Le sentier de randonnée utilise tout d’abord la petite route menant à Livaniana sur le bout du plateau avant de bifurquer à la descente sur les flancs montagneux via une piste d’âne, cahoteuse, parfois pentue et rocailleuse mais toujours bien tracée. Quelques tronçons sont un peu délicats et demandent d’être insensible à la pente voisine qui déboule vers les flots. Pas de risque de se faire bien mal toutefois mais cela peut impressionner.

On admire alors tout du long de la descente jusqu’au charmant petit village de Livaniana un autre pan de la côte sud, un petit peu plus à l’ouest que lors de la descente depuis Anopoli. Le spectacle reste somme toute semblable puisque Loutro est visible de temps à autre mais on domine en réalité la baie voisine, avec les hameaux de Finix et Lykos.

C’est en arrivant à Livaniana qu’on redécouvre en tout cas la partie basse de la gorge d’Aradena, gigantesque coupure dans les montagnes que l’on longe avant de repartir plein est en direction de la mer.

On continue de descendre, doucement mais sûrement. La météo étant particulièrement clémente, je n’ai pas pu m’empêcher de pousser un peu plus loin que prévu, sur le promontoire de Loutro. J’aurais pu simplement ne pas y aller du fait de mon choix de tracé en boucle depuis Aradena mais j’avais envie de voir le village du dessus, depuis les ruines du fort vénitien qui trônait sur le petit cap.

Les hameaux de Finix et Lykos sont là également, petits coins de paradis. De jolies plages et criques, quelques maisons, un ou deux hôtels / restaurants au format très familial. Je pourrais revenir ici pour quelques jours pour me couper de tout. Quel endroit remarquable, plus encore que Loutro.

La seconde partie de la randonnée commence, plutôt courte, le long du chemin côtier qui fait la liaison entre Lykos et la plage de Marmara, qui est aussi le débouché des gorges d’Aradena. Beaucoup de monde à cet endroit d’ailleurs, un bateau faisant la liaison plusieurs fois par jour avec Skafia et Loutro.

Le sentier en tout cas est vraiment intéressant à parcourir, montant et descendant souvent, offrant de belles vues sur la côte, plus ou moins surplombantes ; au même titre que celui entre Loutro et Skafia parcouru lors de la randonnée précédente. Allez, il est temps de remonter les gorges, maintenant !

Le parcours commente sur un lit de pierres draguées par les flots qui descendent les gorges l’hiver et lors de grands orages. La gorge est large et profonde, en permanence, largement verdie et fleurie par les lauriers roses. Des chèvres se baladent sur les parois l’air de rien. Des cadavres de chèvres apparaissent ici et là aussi, au fond de la gorge… comme quoi…

La gorge d’Aradena semble fonctionner par plateaux. Après une première section bien large et massive, on doit franchir en crapahutant un premier éboulement rocheux qui nous amène à un paysage sensiblement différent. Les parois sont moins hautes, plus vertes aussi, jusqu’à un nouveau palier qui nous fait une nouvelle fois changer de paysage.

Ce nouveau paysage est plus rude, rocailleux, brutal. Les falaises semblent vouloir se déliter pour rejoindre le fond de la gorge, les arbres peinent à se développer et seuls quelques beaux spécimens survivent sur les flancs rocheux. On aborde là la toute dernière section de la gorge d’Aradena.

Au loin, des échelles apparaissent, franchissant un ultime éboulement, une ultime barrière avant le village. Je les pensais en bois et songeait à dire vrai à utiliser le sentier de contournement qui a été tracé il y a peu. Mais non, les échelles sont métalliques et si l’on n’est pas sensible au vertige, elles sont un bel obstacle ludique, avec les quelques cordes également placées au dessus afin de sécuriser l’ascension.

Le pont de la gorge d’Aradena fait alors son apparition, perché bien au dessus de nos têtes (138 m !). Le bout de la randonnée est là mais il n’y a pas de chemin direct à cet endroit très escarpé ! On poursuit donc, jusqu’à rejoindre l’ancien sentier muletier qui faisait la liaison entre Anopoli et Aredana. Il est temps de remonter et d’en finir avec ces superbes gorges qui n’ont pas grand chose à envier à Samaria.

Passée la remontée, il ne reste plus qu’à aller admirer la superbe petite église du XIIIème siècle, arpenter les ruelles émouvantes entre les maisons en ruine et boire un petit verre à la buvette du côté Aradena du pont ! L’auto attend, bien chauffée par le soleil. Un dernier regard sur les montagnes… quelle vue, quel endroit merveilleux !

Une dernière baignade dans la petite baie de Ilingas et la journée est terminée… vivement demain !

La carte de cette journée :