Dernière lecture en date, trouvée sur les stands des amis du Diable pendant le dernier Salon du Livre : la Petite cuisine du diable de Poppy Z. Brite ! Après avoir découvert les Contes de la fée verte, je me suis laissé dire qu’il fallait que je lise absolument ce qu’elle avait produit depuis, prenant un virage à presque 180° par rapport à ses productions précédentes. Moins de fantastique, moins de glauque, plus de cuisine mais toujours autant d’imaginaire.
Voilà donc la sauce qui accompagne ce recueil de nouvelles, sorte de préface à la trilogie culinaire en cours d’écriture et dont les premiers tomes sont déjà parus. 14 nouvelles au total, certaines mettant en scène des protagonistes récurrents, à commencer par le fameux coroner de la Nouvelle Orléans, le Dr. Brite ! Une amoureuse de la bonne chère qui se retrouve dans des situations un peu incongrues… Je vous laisse lire, c’est assez jouissif à chaque fois et c’est qui plus est très bien traduit par Mélanie Fazi.
En clair, Poppy Z. Brite revisite sa ville, la Nouvelle Orléans, et s’affranchit des clichés qui vont avec ! Elle l’explique d’ailleurs dans une préface très claire et tranchée, remettant presque complètement en cause son travail produit jusqu’alors car justement assez proche de certains clichés que cette ville particulière véhicule avec elle.
On commence par « le Diable par la queue », une nouvelle amusante et quelque peu poétique sur le Carnaval. Et puis c’est « Ô Camarde, où est ta spatule ? », première nouvelle mettant en scène le coroner Brite, confronté au décès malencontreux du chef du restaurant qu’elle affectionne (c’est quelque peu barré, Poppy Z. Brite, c’est ça qui est bon).
Puis « le Marais aux lanternes », une belle nouvelle sur l’âme des marais et leur puissance. « Rien de lui ne s’étiole » est un constat à la fois amer et délicieux sur l’amour et ses atermoiements, sur la haine qui pointe parfois, sur les moments sublimes et sur le voyage. Une des mes favorites. Tout comme « L’Océan » sur ce groupe de musique en pleine déliquescence, une drôle de mise en abîme de la célébrité et des dérives qu’elle peut engendrer. Avec une fin assez jouissive.
Les quatre nouvelles suivantes sont autant de variations sur le milieu culinaire, un petit régal qui se révèle ensuite dans la délicatesse des trois dernières nouvelles, simplement interrompues par un « Gel système » fort amusant. A chaque page, on se régale, on savoure les tournures de phrases, on goûte cette petite cuisine du diable que Poppy Z. Brite a composé avec bonheur.
En clair, même si les nouvelles ne sont pas toutes au même niveau, on rit beaucoup en lisant ce livre et surtout on s’y laisse absorber tandis que la Nouvelle Orléans révèle quelques-unes de ses facettes plus intimes, à la fois ordinaires et extraordinaires. Vous me remettrez la même chose, merci.