L’Empire Invisible – Jérôme Noirez

Sympathique petit livre que celui-ci, une véritable plongée dans l’Amérique esclavagiste, dans le quotidien de ces hommes et femmes traités comme des animaux dans les champs de coton… L’histoire, très courte, permet de suivre Clara Walker dans la plantation où elle est en servage, ramassant du coton à longueur de journée sous un cagnard atroce, sans eau ou presque.

Le peu de confort qu’elle a dans cette vie, c’est la présence de son père, qui va lui être brutalement retirée. S’enchaînent ensuite une foule d’évènements qui maintiennent cette parfaite immersion que confère l’écriture de l’auteur, n’hésitant pas à user des mots qui nous choquent, ces « nègres, « négros », car on les sait prononcés pour discriminer, pour insulter, pour donner un statut de sous-humain à ceux sont pourtant des hommes comme les autres.

Les personnages qui peuplent le récit, entre Aaron, l’homme fou revenu d’entre les morts, le patron de l’exploitation, sa femme, ses leurs deux fils, l’un érudit, l’autre abruti et bien d’autres encore, dont d’ailleurs l’arnaqueur soit disant capable de spiritisme, dressent un panorama assez complet et complexe de la situation des états du Sud, ces futurs Confédérés qui perdront la guerre de l’esclavage.

Reste un défaut : c’est trop court, beaucoup trop court ! Plus long qu’une nouvelle, moins qu’un roman un peu étoffé, l’Empire Invisible nage entre deux eaux et son intensité aurait mérité soit d’être encore plus condensée, soit d’être étirée sur un peu plus de pages. Dommage.