Le Voyage de Haviland Tuf – George R.R. Martin

George R.R. Martin est l’un de mes auteurs cultes, je pense que vous l’aurez compris si vous me connaissez ou me suivez un peu depuis que j’ai découvert le Trône de Fer (Zeus que ce titre est moche en français… A Song of Ice and Fire, c’est nettement mieux non ?). Chacun de ses livres est, de la même manière qu’un livre de Frank Herbert autre que Dune, à la fois un plaisir et une appréhension : va-t-on retrouver la qualité de l’oeuvre phare, le fleuve des mots qui a ravi notre cerveau de sa musique ?

Pour Herbert, je vous dirai que tel n’est pas le cas. Mais pour Martin, force est de constater que la quasi-intégralité de son oeuvre est magistrale et brille à chaque fois dans le domaine particulier de la SF, du fantastique ou de la fantasy que l’auteur a choisi. Pour ce livre, c’est la SF et plus particulièrement le space-opera qui est mis en valeur avec les aventures d’un brave bonhomme : Haviland Tuf ! Bigre.

Bigre. Voilà le mot qui rythmera la lecture, expression favorite de ce modeste marchant un peu retors et doté d’un sens logique à toute épreuve. Embauché par un petit groupe d’individus pas très recommandables, il va se retrouver embringué dans une chasse au trésor. Pas n’importe quel trésor : le dernier vaisseau à germes de l’Univers humain. Une sorte de colosse spatial de 40 km de long doté d’un arsenal capable de cloner, libérer, muter, créer un nombre incommensurable d’espèces d’animaux et de végétaux à partir des données de sa banque cellulaire. Une arme de guerre d’une valeur inestimable.

Et de chapitre en chapitre, chacun correspondant à une phase bien particulière de l’ascension de Haviland Tuf et de ses chats, on se prend à aimer cet aventurier hors-normes à la physionomie bonhomme, ses petites manies, ses lubies et son sens logique proprement hallucinant. George R.R. Martin arrive à introduire une dose d’humour savoureuse dans un space-opera plutôt barré et pas piqué des vers, comme on dit dans mon coin ! Cela se lit le sourire aux lèvres, cela se déguste tant les univers planétaires décrits sont remarquables, cela se dévore donc sans prétention mais avec un plaisir non dissimulé et, délicatement, tranquillement, on se permet même de remettre en cause la définition d’un dieu. A lire, pour se détendre.